Ma famille, mes proches et moi : Aurore, 43 ans : « Ma vie de couple ressemble plus à une cohabitation qu’à une histoire d’amour »

« Mon mari est l’homme le plus gentil, le plus patient, le plus compréhensif que j’ai jamais rencontré, lâche Aurore*, non sans quelques étincelles dans les yeux. Après quinze ans de vie commune, nous sommes toujours aussi en phase qu’au début de notre relation. Nous avons toujours les mêmes avis, les mêmes envies, que ce soit pour mener nos vies personnelles, professionnelles, que pour élever nos deux garçons, âgés respectivement de 13 et de 11 ans. Avec lui, je n’ai jamais eu le sentiment de devoir faire des concessions et des compromis dans mon quotidien.

Notre vie est agréable, facile, fluide et les disputes sont rares, même si le travail nous accapare énormément (nous sommes tous les deux associés à la tête d’un cabinet d’expertise comptable en région parisienne) et que nous ne prenons pas, à mon goût, suffisamment de congés et de temps pour nous. Xavier est un mari et un père formidable. À tel point que je me dis parfois que, si – comble du malheur -, il lui arrivait un jour quelque chose, il me serait difficile, voire quasiment impossible, de trouver un autre homme avec lequel je m’entendrais aussi bien ».

Quelque chose qui cloche

Tout irait donc pour le mieux dans le meilleur des mondes pour cette quadragénaire, si elle n’avait tout de même pas pris conscience, il y a maintenant quelques années, que sa vie de couple ressemblait plus à une colocation sympathique qu’à une histoire d’amants éperdus d’amour.

« Depuis que j’ai rencontré Xavier, j’ai l’impression d’avoir trouvé mon double, mon alter ego pour la vie, et de former une équipe avec lui, explique la jeune femme. Dis comme ça, je conçois que ça peut paraître exceptionnel, voire carrément idyllique. Dans notre entourage, je sais que notre couple fait d’ailleurs beaucoup d’envieux. Mais plus le temps passe et plus, j’ai le sentiment qu’il manque tout de même un petit quelque chose dans notre relation qui pourrait un jour tout faire valser ».

Je considère mon mari davantage comme mon meilleur ami que comme mon amant

Aurore s’empresse de préciser que Xavier et elle ont toujours une vie intime. « Nos rapports se sont, certes, espacés au fil du temps, comme c’est le cas dans beaucoup de « vieux couples » (du moins, je l’imagine), mais nous continuons à faire l’amour, grosso modo une ou deux fois par mois, même si c’est, je l’avoue, plus souvent à son initiative qu’à la mienne, glisse-t-elle un poil pudique. Aussi étrange que cela puisse paraître, je ne vis pas mal cette situation et je ne me sens pas frustrée, car je considère mon mari davantage comme mon meilleur ami que comme mon amant.

J’aime cette relation, et même cette routine conjugale, que nous avons tacitement mise en place avec les années. Je me sens en sécurité dans mon couple. Xavier et moi, on se parle, on s’écoute et on se soutient un max. Dès que j’ai un doute ou qu’il m’arrive le moindre truc, même en apparence anodin, c’est toujours immédiatement à lui que j’ai envie de le raconter et de demander conseil (et vice versa) ».

Une complicité incommensurable

C’est aussi avec lui, affirme Aurore, qu’elle aime faire toutes les choses de la vie de tous les jours, comme regarder un film à la télé, planter des géraniums et des hortensias dans le jardin, ou aller se balader à vélo, le dimanche matin, le long des quais de la Marne.

« Xavier et moi, on peut discuter de tout pendant des heures et des heures, explique la jeune femme. Que ce soit de la guerre en Ukraine, de la vie des abeilles ou du prix du kilo de fraises. Il n’y a pas de sujet tabou, hormis, probablement, notre lien qui, de passionnel, est devenu peu à peu amical. Mais si on n’en parle pas… Peut-être ce n’est tout simplement pas un problème, non ? On se connaît tellement par cœur que l’un peut finir les phrases de l’autre et commander au restaurant pour lui.

Pour être honnête, tout cela me comble et me suffit amplement. S’il n’était pas de temps à autre demandeur d’intimité, je crois même que je me satisferais d’une relation platonique – je n’ai plus vraiment envie de lui – et notre échange de tendresse pourrait se résumer à quelques câlins ou baisers amicaux ».

Amitié romantique

Aller voir si l’herbe est plus verte ailleurs ? Aurore jure que l’idée ne l’a même jamais effleurée. « J’aime éperdument mon mari et je ne m’imagine pas du tout dans les bras d’un autre homme, affirme-t-elle, d’un ton plus que catégorique. Être bien avec quelqu’un est un luxe, que beaucoup de couples rêvent d’atteindre. Pourquoi irais-je gâcher ce bonheur qui est entre mes mains ? ».

Ma plus grosse inquiétude est, qu’un jour, l’un de nous ait envie d’autre chose

Si la quadragénaire martèle qu’elle est chanceuse et on ne peut plus heureuse en ménage, elle ne cache pas qu’il lui arrive quand même parfois de cogiter. « Est-ce que nous serons capables de vivre encore 10, 20 ou 30 ans, comme ça ? s’interroge-t-elle. La vie peut-elle vraiment, sur le long terme, se résumer à planifier les travaux dans la maison et les sorties avec les enfants ou les amis ? Ma plus grosse inquiétude est, qu’un jour, l’un de nous ait envie d’autre chose. Et, notamment, de retrouver, avec un autre partenaire, la tension érotique des débuts d’une relation ».

* Les noms sont modifiés