Santé

Ma famille, mes proches et moi : Frédérique, 54 ans, « Je n’ai pas décidé d’avoir mes petits-enfants, je n’ai pas à culpabiliser d’être égoïste »

« Je suis tout, sauf une grand-mamie poule et je l’assume, prévient d’emblée Frédérique, sans aucun complexe. J’adore mes deux petits-fils, qui sont âgés de 5 et de 2 ans, mais il est hors de question que je les garde tout le temps et que je devienne leur esclave. »

Un rôle bien défini

Lorsque sa fille a accouché de l’aîné, cette professeure de français de la région lyonnaise a donc rapidement mis les points sur les i.

« J’ai expliqué à Marion que j’étais très heureuse de devenir grand-mère et que je ferais évidemment tout mon possible pour la dépanner les jours où elle serait dans la panade, raconte la quinquagénaire. Mais j’ai aussi très vite ajouté que je ne voulais pas passer mon temps à courir partout – crèche, école, centre de loisirs… – pour récupérer mon petit-fils. Ou même le garder systématiquement le mercredi et pendant les vacances scolaires, sous prétexte que je suis sa mamina (je déteste le petit nom de mamie !), que je travaille dans l’éducation nationale et que je dispose donc d’un peu plus de temps libre que la moyenne des salariés. Je préférais être cash avec elle dès le départ, plutôt que de me sentir obligée de trouver des excuses plus ou moins crédibles à chaque demande de sa part. »

La liberté n’a pas d’âge

Pour Frédérique, garder ses petits-enfants régulièrement revenait à lui faire endosser illico le costume de la grand-mère traditionnelle, celle qui porte un chignon gris cendré et prépare affectueusement des confitures à la mûre pour sa tribu. Or, elle n’avait pas du tout ce profil-là.

Fraîchement divorcée, et accessoirement libérée des contraintes de la parentalité – ses trois filles avaient toutes pris, l’une après l’autre, leur envol -, l’enseignante comptait bien profiter à fond de sa nouvelle vie de célibataire.

J’ai besoin de m’occuper de moi avant d’être trop vieille

« J’ai voulu mes enfants, j’ai adoré les élever, et je m’en suis beaucoup occupée, je crois, tout en travaillant et en gérant l’organisation de la maison, mais maintenant, j’ai besoin de souffler, de sortir au restaurant, au cinéma, au théâtre, de voyager, de prendre des cours du soir, de faire du sport…, lâche-t-elle. Bref, de m’occuper de moi… avant d’être trop vieille, et plus suffisamment en forme, pour le faire. »

Être grand-mère à sa manière

Pour autant, Frédérique ne se dit absolument pas désinvestie de son rôle de grand-mère. « Je veux juste choisir quand et comment je veux m’occuper de mes petits-enfants, rectifie-t-elle. Et non qu’on m’assigne des jours, sans que je puisse avoir mon mot à dire. Les liens familiaux ne doivent pas se résumer à des contraintes et à des obligations. »

Frédérique n’appelle pas sa fille chaque matin pour savoir si Gabriel et Arthur ont bien dormi, ni chaque soir pour qu’ils lui racontent leur journée en long, en large et en travers (s’il se passe vraiment quelque chose d’important, elle sait bien que Marion l’appellera immédiatement).

Tout comme elle a toujours détesté l’idée d’infliger à ses amis les moindres areuh, areuh.., ou autres exploits, de ses petits-fils et de leur coller sous le nez des photos d’eux, toutes plus ou moins semblables (car, franchement, qu’est-ce qui ressemble le plus à un bébé qu’un autre bébé ?), sans qu’ils n’aient rien demandé.

Dans la joie et dans la bonne humeur

Mais lorsqu’elle est avec Gabriel et Arthur, mamina s’investit pleinement et vit de jolies heures en leur compagnie. « C’est moi qui provoque presque toujours nos rencontres, précise-t-elle. Parfois, ça me prend d’un coup. L’avantage de décider est que je me sens toujours disponible et de bonne humeur quand on se voit. »

Je ne suis pas grand-mère comme j’ai été mère

Ce qu’elle aime le plus, c’est être leur confidente. « Ils savent qu’ils peuvent tout me dire et que je n’irai pas répéter leurs propos, raconte-t-elle. Ils aiment aussi faire avec moi des choses qu’ils n’ont pas l’habitude de faire, voire qu’ils n’ont pas le droit de faire, comme manger du Nutella à la cuillère en regardant un dessin animé à la télévision, même si j’essaie toujours de respecter les grandes lignes de l’éducation que leur inculquent leurs parents ».

« Je ne suis pas grand-mère comme j’ai été mère, glisse-t-elle. Avec mes filles, j’avais constamment peur de mal faire. Avec Gabriel et Arthur, je suis beaucoup plus détendue. Je leur fais confiance et je me fais confiance. C’est ce qui fait vraiment la différence. »

* Les noms sont modifiés

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