Santé

Ma famille, mes proches et moi : Olivia, 54 ans : « On s’aime mais on passe notre temps à s’accrocher pour des futilités »

D’humeur irascible

« Il trouve que je m’emporte trop facilement contre lui, confesse Olivia, pas très fière. C’est vrai que je manque souvent de patience et que je peux être un poil soupe au lait. Quelques minutes de retard sur l’horaire convenu, une paire de chaussettes qui traîne négligemment dans la salle de bains, une parole ou une attitude (à peine) de travers et, hop, je me sens agressée, et je pète illico les plombs. Par contre, ça ne dure pas. Je serai totalement incapable de faire la tête pendant plusieurs jours. »

Si elle reconnaît aisément ses défauts – qu’elle a hérités de sa mère et de sa grand-mère, dit-elle -, cette business manager dans une entreprise médicale du sud-ouest de la France n’épargne pas non plus son cher et tendre. « Il ne peut pas s’empêcher de critiquer tout ce que je fais, lâche-t-elle, avec un ton irrité. Je passe trop de temps sous la douche, mon gratin dauphinois manque toujours de sel (ou d’ail, ou de muscade) et, au volant, je ne passe jamais la bonne vitesse au bon moment (ou alors avec trop d’à-coups). Quand je lui fais remarquer que ses réflexions m’horripilent, il jure ses grands dieux qu’il ne cherche pas à être désagréable. Loin s’en faut. Il veut juste me prodiguer quelques conseils  « pour que je m’améliore ». C’est encore plus insupportable ! ».

L’amour presque parfait

Après vingt-huit ans de vie commune, Olivia et Dominique s’aiment comme au premier jour – ils en sont l’un et l’autre absolument sûrs et certains – et n’ont jamais pensé à se séparer, ou même à aller voir ailleurs, mais ils reconnaissent que les points de discordes ont toujours été nombreux et variés et que le ton est très souvent monté au sein de leur couple. « Il n’y a que l’argent qui ne nous a, bizarrement, jamais posé de problème, souligne Olivia, presque amusée. Il faut dire qu’on a toujours gagné peu ou prou la même chose. À part ça, je crois qu’on s’est disputés sur tous les sujets possibles et imaginables, mais on ne s’est jamais dit des mots qu’on aurait pu regretter. On aurait eu trop peur de faire du mal à l’autre, ou de se perdre. Je ne compte plus le nombre de fois où l’on s’est réconciliés sur l’oreiller ».

Au début de leur idylle, leurs prises de bec tournaient essentiellement autour de la répartition des tâches ménagères. Lui la trouvait trop maniaque : « À quoi bon faire le lit le matin, puisqu’il faudra le défaire le soir ? », « Et où est le problème si mon mug (sale) reste sur la table du salon toute la journée, puisque ni toi, ni moi ne serons là pour le voir ?, et patati et patata… », grommelait-il entre ses dents à chaque fois qu’elle le rappelait à l’ordre. Elle, de son côté, avait en effet l’impression qu’il la prenait pour sa bonniche. Sa mère, qui avait toujours tout fait et tout géré chez eux (tout en développant son entreprise d’aide à la personne), était une femme admirable, mais elle lui avait donné de mauvaises habitudes, dont il n’arrivait pas à se départir.

Il ne me croyait pas capable de m’occuper de ma fille

Plus tard, c’est l’éducation de leurs deux filles qui a beaucoup divisé (et fâché) le couple. « À la naissance de notre aînée, il avait un avis sur tout et, qui plus est, il fallait absolument qu’il le donne, se souvient la mère de famille, plus amusée aujourd’hui qu’autrefois par ce constat. Il m’expliquait comment je devais la coucher, l’habiller et, même, lui donner le sein : la tête redressée après la tétée pour faciliter le rot. Comme si j’avais besoin de lui pour le savoir. Je sais que ce n’était pas méchant de sa part – il essayait juste de s’impliquer – mais, la chute des hormones aidant, j’avais le sentiment qu’il ne me croyait pas capable de m’occuper d’elle. Ça me mettait hors de moi et la discussion tournait une fois sur deux au vinaigre. »

Disputes et longévité ? 

Quand Emma et Louise ont grandi, Dominique a commencé à se mettre en tête que leur mère être trop stricte avec elles. Et ne s’est évidemment pas gêné pour le lui dire. « Lui et moi, on ne voyait tout simplement pas les choses de la même façon, se défend Olivia. J’ai toujours pensé que les enfants avaient besoin d’un cadre pour se construire. Je voulais que mes filles se couchent tôt, qu’elles disent bonjour et merci et aussi qu’elles nous aident à mettre la table. La base de la base, non ? Lui, en revanche, leur laissait tout passer. Si je l’avais écouté, elles auraient mangé n’importe quoi, à n’importe quelle heure, bâclé (ou carrément zappé) leurs devoirs, et eu un scooter à 14 ans. »

Je suis convaincue que c’est le secret de la longévité de notre couple

Pour ne pas passer toujours pour la méchante (et lui pour le gentil), Olivia n’a eu de cesse, surtout à la période de l’adolescence, de demander à Dominique – le soir, entre quatre yeux – de faire preuve de davantage d’autorité avec sa progéniture. Ce qui a évidemment valu au couple quelques disputes mémorables. Emma et Louise sont devenues deux belles jeunes filles, qui font la fierté de leurs parents. Elles ont pris leur envol, voici bientôt trois ans, mais comme Olivia n’a pas manqué de le souligner, Dominique et elle continuent régulièrement à s’accrocher, la plupart du temps pour des futilités. « Aussi surprenant que cela puisse paraître, je suis convaincue que c’est le secret de la longévité de notre couple, soutient la quinquagénaire. Les non-dits sont plus destructeurs que des discussions, même animées. En dialoguant, nous avons tout simplement réussi à faire grandir notre relation. »

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