Santé

Mes pires souvenirs de vacances entre potes

Ces complices à la vie à la mort, avec qui vous passez les meilleures soirées, refaites le monde des nuits entières, à qui vous confiez tout, qui savent tout de vous, trop de vous. Ces êtres élus, que vous chérissez plus que votre propre famille, emmenez-les en vacances avec vous, et ils peuvent devenir votre pire cauchemar. Ce n’est pas une question de sentiments, mais de territoire. Partager un toit, un frigo et un fuseau horaire réveille souvent des divergences irréconciliables. 

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CAUCHEMAR EN CUISINE 

« Les repas étaient un calvaire quotidien, pendant trois semaines, se souvient Angélique, 45 ans. Démission de tous les adultes, gosses difficiles et pas deux avec des goûts identiques, la certitude de la soupe à la grimace quand je posais les plats sur la table… Et au resto pas mieux. On était en Espagne, dans un coin pas très touristique de la côte Atlantique, j’étais la seule à parler couramment la langue, je passais chaque sortie à traduire la carte encore et encore, et à centraliser les commandes. Je n’ai retenu que ça de ces vacances et je me suis dit : plus jamais. Ni avec eux ni avec d’autres, plus question de prendre ce risque. »

Et quand ce n’est pas la composition des repas qui coince, c’est le montant du caddie. « J’étais partie avec les potes de mon mec, la moitié était blindée, l’autre non, l’enfer pour les courses, raconte Morgane, 37 ans. En plus certains estimaient que c’était aux nanas de faire le ménage, les lits, la bouffe, et n’hésitaient pas à lâcher des remarques désobligeantes. Ça s’est soldé par une rupture. Mais au final tant mieux, ça m’a fait réaliser la facette beauf de mon ex. » 

BASIC INSTINCT

Nos plus bas instincts ressurgissent-ils donc en vacances, cette parenthèse régénératrice où l’on voudrait être déchargé de tout ? Lise, 33 ans, se le demande encore. « On était partis à trois couples, six adultes, six enfants. Chaque famille devait assurer un dîner. Le soir où nous devions passer aux fourneaux, j’ai eu une migraine, de celle qui vous cloue au lit, dans le noir. Mon mec a cuisiné pour douze, apéro-entrée-plat-dessert, bœuf et foie gras poêlé, avec deux enfants en bas âge dans les pattes. Il a tout géré seul, sans aide, parce que vous comprenez, c’était notre tour. On en a reparlé, on n’a jamais compris ce manque d’empathie. Et depuis, on ne se voit plus. » 

Aussi piètre cordon-bleu qu’elle est maniaque assumée, Anne-Sophie, 41 ans, voit arriver chaque colocation estivale avec un brin d’anxiété. « Franchement si je peux esquiver les courses pour huit et la cuisine, je ne me prive pas. Je ne suis pas la pote idéale avec qui partir, clairement ! Mais surtout, les gamins des autres couchés à pas d’heure, scotchés sur écran et qui sèment leur bordel partout, je l’ai supporté une fois et je me suis promis de ne jamais le revivre. Je rangeais derrière eux pour ne pas étouffer, et devais constamment négocier avec mes propres fils pour qu’ils ne prennent pas, eux aussi, de mauvaises habitudes. On n’a jamais abordé le sujet, ni sur place ni en rentrant, et continué de se voir tout autant. Mais chacun chez soi. La cohabitation sous le même toit, c’est terminé. »

NO KIDS, NO PROBLEM ?

Sans enfants, libre comme l’air, c’est mieux ? Elise, 39 ans, en garde un souvenir cuisant. « C’était il y a huit ans, j’étais la célibataire avec quatre couples, deux nanas qui annoncent leur grossesse au premier apéro, et moi qui dors dans le bureau sur un matelas au sol, alors que tout le monde a une chambre. Ou comment se sentir seule au milieu des autres. » 

Quelle que soit la force des liens, être au diapason du groupe n’est jamais une évidence. « On était parties en Croatie entre copines, vivant loin les unes des autres, c’était l’occasion de se retrouver, témoigne Lorraine, 39 ans. En plus, on était toutes les trois célibataires. Deux décidées à profiter de ce moment entre nous et la troisième… en chasse. On a passé la semaine à devoir commenter ses discussions Tinder, à aller dans les pires boîtes pour suivre sa conquête du jour, elle nous a même conviées à un rencard, avec la consigne d’arriver un peu plus tard qu’elle. Tout était orchestré. Bizarrement, on n’est jamais reparties en vacances ensemble. » 

CREVER L’ABCÈS

Et quand ce n’est pas un nouvel amour qui vient parasiter le farniente entre amis, c’est la crise de couple. Margot, 36 ans, ne l’avait pas vue venir. « On avait passé dix jours idylliques avec nos copains à Mallorca, alors l’année suivante, on a booké trois semaines ensemble, sans se poser de questions. » Mais le climat avait changé du tout au tout. « Mon amie avait besoin de faire le point pour digérer plein de choses : des tensions avec son homme, des problèmes entre expats, et clairement, on était dans ses pattes. Quand on partait sans elle, elle faisait la gueule. Quand on était avec elle, elle faisait la gueule. Le jour où elle s’est énervée sans raison contre les enfants, on a fait nos valises pour finir le séjour à l’hôtel, avec un goût amer. J’ai mis du temps à le digérer, ça a été une grosse blessure de mon côté. Mais on a pu crever l’abcès et passer à autre chose. L’amitié, c’est vivant ! D’ailleurs cette année, on y retourne, mais une semaine seulement, et à l’hôtel d’à côté pour que chacun ait son espace. Eux, ils se séparent, le dénouement de ces tensions auxquelles on a participé malgré nous, mais on a l’espoir que la magie entre copains opère à nouveau, comme la première fois. » 

Bénédicte, 35 ans, ne fait pour sa part plus de plans sur la comète. « J’ai vécu l’un des moments les plus angoissants de ma vie pendant un week-end à Francfort. On était répartis dans différents Airbnb et mon « coloc » a laissé s’échapper le chien de l’appartement. J’ai cru qu’on n’allait jamais le retrouver. Ça m’a confortée dans l’idée qu’un groupe, c’était trop de contraintes, surtout pour moi, fille unique, sans cousins, mise en colo pendant toute sa scolarité et qui depuis, est allergique à la vie en collectivité. Si je pars avec des copains, c’est rare et toujours avec du temps pour moi. Et le mieux, c’est encore d’éviter les voyages ensemble. Les vacances, c’est aussi un moment sans les amis, et le plaisir de les retrouver à la rentrée, non ? »

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