Santé

Mon psy et moi : « Je cherchais une thérapie systémique, pour régler des problèmes familiaux »

ELLE. Comment avez-vous trouvé votre psy ?  

Johanna. En faisant mes propres recherches sur Internet.   

  

ELLE. Comment et pourquoi avez-vous pris la décision de prendre votre premier rendez-vous ?   

J. J’étais stressée, voire anxieuse, en permanence depuis quelques années, avec de grosses phases d’hypocondrie. En parallèle, j’avais des problèmes dans la relation avec ma mère. J’ai acté que suivre une thérapie ne pouvait me faire que du bien.  

    

ELLE. Comment l’avez-vous choisie et sur quels critères ? Quel type de thérapie avez-vous choisi ?  

J. Je m’étais d’abord renseignée sur les différents types de thérapie et je savais exactement ce que je voulais : une thérapie systémique (qui aborde les individus en tant que faisant partie d’un tout, donc en fonction de ses interactions familiales, amicales, amoureuses, professionnelles, etc.), car je voulais surtout aborder des problématiques relationnelles familiales. J’ai cherché en fonction des quartiers qui étaient pratiques pour moi en termes d’accès, puis en fonction des notes. Ensuite, c’est peut-être étrange, mais je me suis basée sur le site et la photo du psy en question. J’avais besoin de me dire « je me sentirais probablement à l’aise avec cette personne ».  

   

ELLE. A quelle fréquence voyiez-vous votre psy ? Pendant combien de temps ?  

J. Je la voyais d’abord une fois par semaine, puis, au bout de deux ans, une fois toutes les deux semaines. Ma thérapie a duré deux ans et demi.  

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ELLE. Combien coûtait une séance ? Etaient-elles remboursées ?  

J. Mes séances n’étaient pas remboursées. Je payais 60 euros pour trois quarts d’heure, en chèque ou en espèces.  

   

ELLE. A quoi ressemblait son cabinet ?  

J. Le cabinet était très simple et épuré. Un canapé avec des coussins sur lequel j’étais assise, un fauteuil, en face, sur lequel elle était assise. Entre nous, une table, sur laquelle était souvent posée sa tasse de thé et ses notes. Je ne me souviens plus vraiment du reste, je crois que j’étais vraiment concentrée sur la discussion, et rien ne sautait vraiment aux yeux.  

   

ELLE. Comment étiez-vous positionnée ? Dans un canapé ?  

J. J’étais assise sur un canapé, en face de la psychologue.  

   

ELLE. Comment votre psy s’adressait-elle à vous ?  

J. Elle me vouvoyait et m’appelait par mon prénom.  

   

ELLE. Comment commençait une séance ?  

J. Toujours de la même manière, en me demandant « Comment allez-vous ? ». Question que j’appréhendais souvent. Quand j’allais bien, je craignais de n’avoir rien à faire là et de lui faire perdre son temps. Quand j’allais mal, je pouvais m’effondrer devant elle dès cette question.  

   

ELLE. Comment terminait-elle la séance ?  

J. Je ne réfléchissais jamais à la façon dont je terminais mon propos car cela se faisait souvent naturellement. Elle était très ponctuelle, donc aux alentours de 45 minutes, elle arrivait toujours à clore la discussion, sans que ce ne soit jamais brutal.  

   

ELLE. Est-ce qu’elle parlait beaucoup ? Faisait-elle des relances ?  

J. Elle laissait rarement les silences s’installer très longtemps, mais suffisamment pour que je puisse prendre le temps de réfléchir. Donc elle me relançait, posait des questions. Je ne dirais pas qu’elle parlait beaucoup, mais elle me donnait parfois son avis, ou me guidait afin que je parvienne mieux à me forger le mien.  

   

ELLE. Y avait-il parfois des blancs? Etiez-vous à l’aise avec ?  

J. Oui, et je n’avais aucun problème avec les blancs. J’étais suffisamment à l’aise avec cette psy pour les laisser s’installer, et réfléchir à ce que l’on se disait.  

   

ELLE. Votre psy glissait-elle des éléments de sa vie pendant la séance ?  

J. Très peu, et quand c’était le cas, c’était rarement personnel. Elle me parlait parfois de films, de voyages, de livres qu’elle avait lus, etc.  

   

ELLE. Désiriez-vous que votre psy vous apprécie  ?    

J. D’une certaine manière, oui, j’avais envie qu’elle m’apprécie, qu’elle me trouve intéressante. Mais je n’ai jamais essayé de la « séduire », ni de lui cacher quoi que ce soit par peur de baisser dans son estime. Je me demandais parfois si elle avait de la peine pour moi, après des séances où j’avais ressenti beaucoup de tristesse, ou si, étant donné son métier, elle était imperméable à tout ce qui se passait dans son cabinet.  

   

ELLE. Parfois, vous demandiez-vous si elle vous écoutait ou si elle s’ennuyait ?  

J. Non, et même si ça avait été le cas, j’estimais que je payais suffisamment cher pour l’ennuyer pendant 45 minutes.  

   

ELLE. Est-ce que vous la voyiez en cabinet ? L’échange en face-à-face vous tenait-il à cœur ?  

J. J’ai fait quelques séances en visio en fin de thérapie car elle avait déménagé, et je n’ai pas du tout aimé. Je trouvais ça très perturbant d’évoquer ces sujets très intimes chez moi, avec elle. J’ai réalisé qu’être dans un espace neutre avait toute son importance. Je n’aurais pas pu continuer longtemps en visio.  

   

ELLE. Aviez-vous du mal à aborder certains sujets ?  

J. La sexualité, au départ, mais c’est quelque chose que j’ai déjà du mal à aborder dans la vie de tous les jours. Sinon, pas du tout, j’étais à l’aise, même par rapport à mon homosexualité, car j’ai senti dès le départ que cela ne serait jamais un sujet pour elle.  

   

ELLE. Quelle est la phrase de votre psy qui vous a le plus touchée ?  

J. Je ne saurais pas me souvenir d’une phrase, mais je me rappelle d’une séance particulièrement difficile, où je suis arrivée en vrac, et pendant laquelle j’ai senti qu’elle avait vraiment envie que je me sorte de cette histoire compliquée. Ça m’a beaucoup touchée, et je me suis sentie plus forte, et moins seule, à l’issue de la séance.  

   

ELLE. Alliez-vous la voir pour régler quelque chose ? Ou était-ce plutôt un moment à vous ?  

J. J’y suis allée pour régler des choses (stress, angoisses, relations difficiles), mais c’est aussi devenu, au fil du temps, un moment à moi, au même titre qu’une séance de sport ou qu’une bonne soirée devant une série télé.  

    

ELLE. Aviez-vous l’impression que certaines séances ne vous faisaient pas avancer ? Pourquoi ?  

J. Oui, bien sûr, je ressortais souvent en me disant : « ça ne sert à rien ». Mais une psychothérapie est à l’image de la vie, on n’avance pas de manière linéaire, chaque jour, chaque expérience ne peut jamais être aussi fructueuse qu’une autre. Cela fait partie du processus, et j’ai fini par l’accepter. Accepter que passer par des séances inutiles faisait partie du jeu.  

   

ELLE. Avez-vous déjà rompu avec votre psy ? Comment ? Redoutiez-vous ce moment ? 

J. Je n’ai pas vraiment rompu avec ma psy, car la fin de la thérapie est venue assez naturellement. J’allais mieux, je m’étais enfin sortie d’une relation toxique, on avait abordé tous les sujets. Elle m’a d’abord demandé si je voulais réduire la fréquence des séances, à un moment où je commençais à moins ressentir le besoin de la voir. Puis, un jour, elle m’a dit que si j’étais d’accord, la prochaine séance serait la dernière. Et j’étais d’accord, c’était le moment pour moi de voler de mes propres ailes. J’étais à la fois heureuse de terminer cette thérapie, vu le chemin parcouru, et très triste, car d’une certaine manière, les discussions avec elle allaient me manquer (et peut-être elle aussi ? C’est très étrange de se dire ça, mais je pense que c’est vrai !). Et en effet, les semaines qui ont suivi, j’ai ressenti un manque, mais ça n’a pas duré. Par ailleurs, je savais que si j’avais besoin, je pouvais toujours la recontacter, car elle me l’avait dit. Donc la transition a été facilitée.  

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