Santé

Nicolas (45 ans) et Malena (46 ans) : « Souffrir d’anorgasmie posait problème dans mon couple »

Nicolas a 45 ans et travaille à la promotion d’artistes. Malena, sa compagne depuis plus de 10 ans, a 46 ans. Ils ont ensemble un petit garçon dont l’énergie les épuise parfois. Mais le couple tient bon malgré les épreuves, qu’elles soient professionnelles ou personnelles. Pourtant, juste avant la conception de leur fils, le couple a choisi de suivre une thérapie de couple. 

Des attentes différentes 

Nicolas s’est rendu compte, par hasard, que leur vie sexuelle n’était pas aussi satisfaisante pour sa compagne que pour lui : « On a fait une thérapie de couple parce qu’elle n’arrivait pas à avoir d’orgasme. Autant dire que ce n’est pas quelque chose dont on parle avec nos amis et nos familles. Il y a une sorte de secret autour de ça. Comme Malena a réussi à garder le secret pendant des années. Je m’en suis rendu compte parce qu’elle a arrêté de simuler. Et aussi parce qu’elle avait lu qu’on avait de meilleures chances de concevoir si elle arrivait à avoir un orgasme pendant le sexe. Le projet de bébé, on s’y est mis tard. Donc je comprends son angoisse. Pour elle, pas d’orgasme en plus de son âge, ça minimisait nos chances. Elle a fini par m’avouer qu’elle n’avait joui. Pas seulement avec moi mais avec personne avant. »

Nicolas, pragmatique, met automatiquement en place un système de prise en charge de son problème : « J’ai demandé à ce qu’elle aille voir son médecin généraliste, en qui elle a une absolue confiance. Et puis une sexologue. On a laissé passer un peu de temps, essayé des choses différentes sexuellement. Et j’ai eu besoin qu’on fasse une thérapie de couple parce que je me suis rendu compte que ça avait généré une crise de confiance chez moi. J’ai été très touché qu’elle me cache une chose aussi importance aussi longtemps. Je me suis dit que la thérapie de couple était le meilleur moyen pour qu’on trouve ensemble une solution et redémarrer notre couple sur des bases saines. C’est parler et la voir tout faire pour changer les choses qui a permis qu’on réussisse à dépasser ça. »

J’ai eu l’impression que ça allait nous empêcher d’avoir un enfant

Malena n’avait pas prévu de ne rien dire à son compagnon : « Au début, on ne dit rien parce qu’on se dit que ça va bien finir par venir. J’ai été très vite très amoureuse de lui donc je me disais que ça n’avait pas de sens de ne pas arriver à jouir comme ça. J’ai essayé beaucoup de choses sous couvert de mettre un peu de piment dans le sexe. Des lubrifiants, des jouets, des demandes très ciblées. J’arrive à être excitée et à ressentir du plaisir mais je n’arrive pas à jouir. C’est comme si ça montait sans réussir à dépasser un certain stade. Quand j’ai fini par me dire que j’étais bloquée et que ça n’allait pas s’arranger, je me suis sentie coupable. Nicolas est un bon amant. Je me suis dit que si je lui disais la vérité, il allait se sentir blessé. Ça a d’ailleurs été le cas. Je n’ai pas réussi gérer la pression quand on a essayé d’avoir un enfant. Là, ça ne regardait pas seulement moi et un peu de simulation. J’ai eu l’impression que ça allait nous empêcher d’avoir un enfant. Je n’ai pas réussi à supporter cette idée. »

Discuter pour mieux se retrouver

Malena a, depuis, compris qu’elle n’est pas seule à souffrir d’anorgasmie : « Les médecins et la thérapeute m’ont permis de relativiser. Je ne suis pas seule à ne pas avoir d’orgasme. En fait, ça concerne beaucoup plus de femmes qu’on ne le croit. Juste, elles n’en parlent pas. C’est un peu triste, je trouve. Je pense aussi qu’elles font comme moi, elles le cachent même à la personne qu’elles aiment. Je ne suis pas sûre qu’une relation vraiment équilibrée avec un secret et un mensonge pareil. Moi, je me suis rendue compte que je suis plus heureuse et que je partage plus avec Nicolas depuis qu’il est au courant. J’ai moins peur de lui dire non quand je n’ai pas envie. Alors qu’avant, je disais toujours oui puisqu’il suffisait juste que je me force un peu et que je gémisse un peu. Ça ne me paraissait pas cher payé pour qu’il soit heureux. J’ai réalisé depuis qu’il a aussi besoin que je sois heureuse et épanouie. »

On aurait pu craquer et se séparer

La quadragénaire pense que la thérapie de couple a totalement fait partie de son processus d’acceptation : « J’ai arrêté de chercher l’orgasme à tout prix et j’ai arrêté de mentir. J’ai appris à avoir du plaisir et à ce que ça me suffise. Je suis heureuse de faire l’amour avec l’homme de ma vie. Je pense que si nous n’avions pas fait de thérapie de couple, on n’aurait pas réussi à aller au-delà du mensonge. Parler ensemble devant une thérapeute, nous a permis de mieux comprendre ce que l’autre ressentait. Parce qu’avant, lui m’en voulait d’avoir menti et moi, je lui en voulais de m’en vouloir. On aurait pu craquer et se séparer. C’était une impasse. Nous mettre en situation de vulnérabilité et de construction à deux a tout changé. Je suis vraiment reconnaissante d’être avec un homme qui a voulu me comprendre et qui a été au delà de sa colère et de son sentiment de trahison. Je pense que tous les hommes ne le peuvent pas. J’en suis sortie plus amoureuse qu’avant et avec l’envie de faire encore plus ma vie avec lui. Il a eu geste très fort symboliquement. À la fin de notre thérapie, il m’a demandé en mariage. Ça n’a pas encore eu lieu à cause de la pandémie et de problèmes d’organisation mais je peux dire que je suis fiancée. C’est une belle preuve d’amour de faire ça alors que tout n’est pas parfait. »

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