Petite typologie du baiser en 2024
La pelle à un(e) ami(e)
Attention, danger ! Sur le papier, ce baiser a l’air absolument inoffensif, ambiance « c’est un long roman d’amitié qui commence entre nous deux, magique adolescence où tout est un jeu… » comme le chantait Elsa… en 1988 ! Date depuis laquelle vous connaissez votre fidèle camarade : aucune ambiguïté et une belle complicité. Et puis, un soir d’été un peu allumé à l’espresso martini, vous basculez sans savoir vraiment pourquoi. Mais pourquoi pas ?! Trois options. Soit c’est une révélation, il est votre Harry et vous êtes sa Sally, et, malgré les étrangetés du début (« oh, t’es comme ça tout nu ? »), vous passerez le reste de votre existence à ses côtés. Soit vous perdez un ami : vous avez beau lui dire que vous ne vous souvenez de rien, lui se souvient très bien. Il en profite d’ailleurs pour vous avouer qu’il est amoureux de vous depuis le premier jour. La galère… Dernière possibilité ? Tout le monde fait comme si de rien n’était, bouche cousue et copains pour toujours.
La pelle de phare
Retomber dans les bras de votre ex, qui, depuis quelque temps, vous envoie des signaux dans la nuit, c’est la galoche la plus facile… et la plus fourbe ! Si les vieux dossiers sont assez évidents à rouvrir, ce sont aussi les plus dommageables. Pour l’estime de soi. Pensez à ces engueulades et à ces coups de fil désespérés passés au beau milieu de la nuit quand il vous a quittée… Même effet ! Donc, avant de tomber dans le panneau de ses lèvres que vous connaissez par cœur, rappelez-vous qu’embrasser cette personne avec qui vous avez rompu, c’est un peu comme réchauffer un plat trop lourd : vous vous réveillerez avec un abominable mal au cœur. Le problème ? Tout le monde le sait et tout le monde le fait. Le cas échéant, ne soyez pas trop sévère avec vous. La chair est faible, un instant de honte est vite passé… Dès le lendemain, attaquez-vous à un nouveau prospect plus rafraîchissant.
La pelle du large
Rien à voir avec ce jour, à Tulum, il y a des années, où vous avez flirté avec un beau pêcheur mexicain, vous imaginant déjà changer de vie. Là, on vous propose de prendre la mer avec un baiser plus contemporain, en tout cas toujours intéressant : embrasser quelqu’un du sexe qui ne vous attire pas habituellement. L’idée ? On ouvre le champ des possibles… Soit vous n’êtes pas convaincue par l’expérience, mais vous avez au moins été traversée par un frisson singulier et vous pourrez vous vanter d’avoir essayé. Du genre : « Moi aussi, je suis pansexuelle ! » Soit ce bouche- à-bouche vous ouvre des perspectives folles : « C’était bon, et dire que, potentiellement, je peux recommencer avec une nouvelle moitié de l’humanité ! » Il n’est jamais trop tard pour s’en rendre compte : embrassez qui vous voudrez.
La pelle au secours
« Mais qu’est-ce qui m’a pris ? » s’ex- clame-t-on lorsqu’on reprend ses esprits après avoir bisouté un type injouable. C’était dans la pénombre au Play Boy l’été dernier, on ne se souvient plus de grand-chose, à tel point que l’on serait bien incapable de le reconnaître. Ou alors c’était à un séminaire d’entreprise, et, allez savoir pourquoi, après une chenille endiablée au Normandy, à Deauville, vous avez sauté sur le DRH habituellement à mourir d’ennui. Rien de grave, docteur… On ne va pas jouer les censeurs. Mais, si jamais l’accident se représente trop régulièrement, dites-vous qu’il est peut-être temps de cesser de vous dévaloriser. Vous êtes une fée et tout le monde le sait. Alors, on arrête la braderie ?
La pelle du 18 juin
Rien à voir avec le général, sur lequel on n’a d’ailleurs jamais vraiment fantasmé. On la désigne ainsi car il s’agit d’une pratique qui peut arriver une fois par an… au max ! Sinon, c’est quand même mauvais signe. Concrètement, tout roule avec votre moitié qui partage votre vie depuis la nuit des temps. Mais, à l’occasion, sans forcément poser le mot fatidique d’adultère, il est bon de se rappeler que tout est encore possible. Autrement dit, rouler n’est pas tromper. La méthode ? Un soir de folie, en déplacement à l’étranger ou lors d’un week-end entre copines (dans les deux cas, il y a omerta), choisissez au pif un individu séduisant et, en l’embrassant, profitez-en pour faire un petit bilan. Au pire, vous plaquez tout et vous auriez dû le faire avant, au mieux, vous rentrez persuadée que vous vivez au bon endroit.
La pelle de la forêt
Quèsaco ? Une blague ? Pas du tout. C’est tout à fait sérieux et ce bisou s’inscrit dans un concept plus large qui s’appelle l’éco-sexe. C’est la tendance du moment, une sexualité en connexion avec la terre, féministe, holistique et très joyeuse. Et qui permet de se faire du bien avec les éléments. Sans aller jusqu’à Paco Rabanne, qui avait pour habitude de fertiliser son lopin, ni Robin- son Crusoé, dans « Vendredi ou la vie sauvage », de Michel Tournier, qui frayait avec la nature, ou encore Thimothée Chalamet qui jouissait avec une pêche dans « Call Me by Your Name », on peut juste embrasser un arbre. Et ainsi respirer tendrement un cyprès, retrouver la confiance avec un chêne, panser ses plaies avec un olivier… Beaucoup moins toxique que le garçon répondant au même prénom !
La pelle de fond
Embrasser « avec la langue », comme on le disait jadis, ça rapporte gros. C’est un investissement. C’est le starter qui fait chauffer le moteur et qui fait naître « l’envie d’avoir envie ». Vous aurez remarqué qu’en évoquant une pièce de voiture qui n’existe plus, puis en citant Johnny Hallyday, cela date mes propos (et ma personne) au carbone 14. On n’a plus 20 ans, n’est-ce pas ? Mais justement, avec le temps qui passe ou avec le couple qui dure, on oublie parfois de pratiquer et combien s’embrasser à pleine bouche est efficace. Si c’est avec un nouveau flirt, rouler une pelle permet d’évaluer votre compatibilité érotique sans forcément aller plus loin. Si c’est avec votre historique, cela peut relancer le désir… en un coup de pelle !
