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Pourquoi je me compare sans cesse à l’ex de mon mec ?

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« J’avoue que je regarde souvent le profil Instagram de son ex… Sauf les stories bien sûr, parce que ça, ça peut se savoir », confie Roxanne, 29 ans, qui maîtrise les rouages des réseaux sociaux. La jeune femme est en couple depuis cinq mois avec Pierre. Selon elle, si elle observe l’ex de son compagnon, c’est par peur de ne pas être à la hauteur mais aussi par désir de répondre aux supposées attentes de son partenaire, comme s’il n’existait qu’une seule façon d’être en couple avec lui. Ainsi, un mécanisme de comparaison se met en place, que nous sommes nombreuses à expérimenter et qui, malheureusement, nous mène souvent à des conclusions négatives – l’ex est mieux que nous, plus belle, plus drôle, plus fun, notre partenaire pense forcément (et encore) à elle – et à un sentiment de jalousie parfois difficile à gérer, prompt à gâcher notre douce idylle. Bien sûr, si les photos que nous propose Google Images laissent place à mille interprétations possibles, le partenaire demeure lui aussi une source d’informations selon ce qu’il raconte (ou ne raconte pas d’ailleurs), et les liens qu’il entretient avec son passé. De toute évidence, son ex existe, mais pourquoi existe-t-elle autant chez nous, en nous ? Que cherchons-nous à découvrir, quelle jouissance à l’espionner et quelles solutions pour se détacher d’un passé qui, en réalité, n’a pas grand-chose à nous apprendre ?

D’où vient la comparaison aux autres ?

Qui ne s’est jamais comparé à quiconque ? « Nous avons conscience, en tant qu’humain, d’être séparé des autres, d’être seul à vivre et à mourir. Mais nous sommes aussi des êtres sociaux et, dès la naissance, le lien à l’autre nous est vital. La comparaison parle ainsi de deux grandes angoisses fondamentales : l’angoisse d’isolement et l’angoisse de dépendance. C’est notre tiraillement entre deux besoins essentiels qui semblent opposés : le besoin d’être reconnu dans notre singularité et le besoin d’attachement et d’appartenance à une société de semblables », introduit Cécile Guéret, psychopraticienne et auteur de « L’amour c’est prendre le risque de la surprise » (éd. Albin Michel). En effet et d’autres mots, se comparer permet alors de se sentir à la fois unique et à la fois comme les autres. C’est un moyen de se situer et donc de se rassurer quant à ce que l’on vaut. Dans une autre mesure, c’est aussi un moyen de s’inspirer : je peux me comparer à une personne que j’admire pour évoluer.

Cependant, si la comparaison est normale et parfois intéressante, elle possède un versant plus sombre qui se prénomme la jalousie. « Lorsque l’on se compare, on ne tombe pas forcément dans la jalousie, mais il faut savoir que la jalousie se nourrit de tout », poursuit la psy. En résumé, dès lors que l’on se compare, on s’expose à la jalousie. Si au départ, lorsque nous nous renseignons sur son ex, nous cherchons à nous rassurer quant à notre valeur, notre capacité à vivre cette histoire mais aussi les besoins de notre partenaire, nous tombons généralement dans le piège d’une estime de soi un peu bancale qui retiendra tout ce qui peut nous démolir. Nous verrons alors que l’ex court le marathon et profite d’un séjour en Sicile tandis qu’on s’empiffre de raclette sous un ciel pluvieux. « L’ex pourrait avoir tous les défauts du monde, une part de nous resterait néanmoins impossible à rassurer », constate l’experte. Ainsi, même si nous découvrons que l’ex vient de perdre son job et trois dents, on se dira que bon, elle assure en yoga et n’a pas un cheveu blanc, elle est quand même géniale. En ça, aucune information ne peut réellement nous combler, nous aiguiller ou nous rassurer, si bien que nous y retournons encore et encore dans l’espoir de découvrir que l’ex est nulle. Malheureusement, elle ne l’est jamais vraiment.

Pourquoi sommes-nous obsédées par le passé de notre ex ?

Si l’ex devient un objet d’étude, c’est aussi parce que l’enquête relève du défi. Pire : elle est irréalisable. Nous n’obtiendrons jamais de réelles informations sur le passé de notre partenaire car l’intimité reste, par définition, impalpable. Même si nous apprenons un tas de choses – comment était l’ex quand elle était à notre place, comment tous les deux faisaient l’amour ou un gâteau – nous faisons face à de fausses conclusions basées uniquement sur les apparences, nos projections, notre imagination et notre interprétation. C’est donc totalement vain, et c’est parce que nous sommes frustrées de ne pas recueillir d’informations utiles que nous devenons accros à notre job de détective, décidées à percer un mystère qui ne se perce pas. « La réalité d’un couple est insaisissable », note Cécile Guéret.

En parallèle, d’autres motivations sont à l’origine d’une ex que l’on scrute à l’infini. Selon Cécile Guéret, l’idée reçue selon laquelle la jalousie est synonyme de passion nous entraine parfois à questionner notre partenaire ou à fouiller les réseaux sociaux. Comme si, sans un minimum de jalousie, notre histoire d’amour n’en était pas vraiment une. A cette idée reçue, une autre s’emmêle : nous pensons que l’amour est synonyme de transparence, que nous devons tout savoir de notre partenaire (et donc de son passé) pour l’aimer « pour de vrai » et en entier. Or, c’est faux. Lui-même ne se connait pas parfaitement.

Notons aussi que la jalousie est un sentiment qui parfois nous convient. Nous la provoquons alors en espionnant l’ex ou en pensant tout simplement à elle. Tout ça reste inconscient et a pour objectif de nous protéger : si je pars du principe que son ex est super et que mon mec n’a rien à faire avec moi, je me prépare à la chute. J’atterrirai alors avec légèreté, le front et le cœur même pas égratignés. Cécile Guéret propose de se poser la question suivante : que serait ma relation si je n’étais pas dans la comparaison et la jalousie ? La réponse est souvent « parfaite ». Et c’est justement cette perfection qui nous effraie. « La jalousie peut aussi permettre de ne pas être pleinement dans la relation. On ne laisse pas à cette dernière la possibilité de se déployer dans sa singularité car on ne s’autorise pas à vivre une belle histoire, on préfère anticiper le pire ». Tordu mais fréquent.

Le piège des réseaux sociaux

Dans un monde aussi connecté que le nôtre, les écueils du mécanisme de comparaison sont d’autant plus pernicieux. Bénédicte Flye Marie, journaliste, publie « Les 7 péchés capitaux des réseaux sociaux » (éd. Michalon), ouvrage dans lequel elle étudie en détail et avec talent le phénomène de comparaison induit par Instagram et ses copains. Car c’est vrai : sans les réseaux sociaux, comment scruter l’ex ? Comment l’espionner ? Il se pourrait même que sans eux et sans cette photo que notre mec a oublié de supprimer sur son profil personnel, nous n’ayons jamais entendu parler de cette fille. Mais là, évidemment, l’information nous tend les bras. C’est trop tentant… et peu utile. « Dans le contexte des réseaux sociaux, la comparaison est d’autant plus vouée à l’échec puisque l’on se regarde soi-même tel que nous sommes mais que, a contrario, nous percevons les autres comme ils souhaitent que nous les voyons », explique Bénédicte Flye Sainte Marie. Ainsi, l’ex n’expose que la partie la plus « cool » de sa vie, et nous avons beau savoir qu’elle s’arrange avec la réalité, nous tombons dans le filet. Nous sommes victimes de ce que l’auteur désigne comme l’effet de halo, le fait même de penser que ce qui est beau est bien.

Mais l’aspect négatif des réseaux sociaux ne s’arrête pas là : lorsque nous les consultons, nous activons notre circuit de la récompense. En d’autres mots, nous prenons un plaisir immédiat, si bien que nous ressentons le besoin de recommencer, en manque de notre dose. « On est certain qu’on se sentira mieux après avoir consulté le profil de l’ex. On anticipe un état émotionnel amélioré. Mais on se leurre ! C’est ce que l’on appelle une erreur de prédiction – ou de prévision – affective », explique Bénédicte Flye Sainte Marie. Ou comment, finalement, les réseaux sociaux viennent d’autant plus nourrir notre addiction.

Se concentrer sur sa relation

Oublier son ex, ce n’est pas simple, mais c’est à croire que l’ex de notre partenaire est encore plus difficile à gommer. Alors comment aller de l’avant et ne plus questionner le passé en espérant deviner le futur ? Comment vivre sa propre histoire en estimant, vraiment, que l’ancienne relation de notre mec n’a rien à nous apporter ? L’important, pour commencer, est de se rappeler que chaque histoire d’amour est pleinement unique. L’histoire que nous créons tous les deux est forcément inédite donc peu importe ce que l’on entend, découvre ou imagine sur l’ex, rien de tout ça ne pourra éclairer notre présent et nos projets.

A côté de ça, et pour avancer, prenons le pli de ne pas questionner à tout-va notre partenaire, et ce dès le premier rencard. Il ne s’agit pas d’un conseil de bonne forme pour réussir le premier rendez-vous mais plutôt d’un rappel sur l’importance de ne pas ancrer l’autre dans un état ou un comportement. Autrement dit, il s’agit « de ne pas clore sa liberté d’être avec nos certitudes, de poser sur lui un regard neuf et déshabillé de jugement », explique la psy. En clair, oui, laissons à notre partenaire la chance d’être lui-même, de se présenter à nous sous le jour qui lui conviendra, selon ses désirs et son évolution. Il serait dommage de le mettre dans une case du type « il est resté dix ans avec son ex, donc il a plutôt besoin de s’amuser que de construire avec moi » ou « tous les deux voyageaient beaucoup, ça ne marchera jamais avec moi, je suis trop casanière ». Enfin, pour prendre ses distances avec les réseaux sociaux, rappelons-nous pour la énième fois qu’Instagram nous ment. Bénédicte Flye Sainte Marie cite le scientifique Seth Stephens-Davidowitz qui a écrit, dans un texte pour le « New York Times », que « les Américains passent six fois plus de temps à manier l’éponge dans l’évier que le club sur le green. Pourtant, il y a deux fois plus de tweets ayant trait au golf qu’à la vaisselle ». Ça aide, non ?

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