Santé

Punaises de lit : les conseils du Dr Aga pour ne pas céder à la psychose

Les punaises de lit ? C’est le sujet qui hystérise la France en ce moment. Le ministère de la Santé nous a invités à ne pas paniquer, avec le succès que l’on constate : tandis que cinémas et salles de spectacle se vident, dans les transports en commun, les voyageurs collent le flash de leur téléphone dans tous les coins avant de s’asseoir. Sur Internet, la recherche « punaises de lit » totalise près de 38 millions de demandes à l’instant où j’écris ces lignes. Il reste autant de nettoyeurs vapeur ou de lampes frontales à vendre qu’il y avait de masques FFP2 dans les pharmacies au printemps 2020. Comment ne pas sombrer dans la parano et continuer à avoir une vie sociale normale ? Six stratégies d’évitement astucieuses.

LA SCIENCE

Dès que l’on creuse vraiment un sujet, il fait moins peur. Travailler sur la punaise de lit, sa vie, son œuvre, est donc de nature à nous rassurer. Dans les faits, c’est un insecte pas plus gros qu’un pépin de pomme et qui peut rester deux ans sans manger, tout mignon, dans la couture d’un matelas. Ensuite, ses enfants s’appellent des nymphes, quel joli nom. Alors, bien sûr, la femelle pond jusqu’à sept oeufs par jour qui éclosent en moins de deux semaines, ça fait vite des jolies familles – niveau allocs, ça doit y aller.

Le mâle, lui, est un adepte de ce qu’on nomme une « insémination génitale traumatique », c’est-à-dire qu’il peut – jusqu’à 200 fois par jour, sacré gaillard – percer l’exosquelette de congénères des deux sexes (il est bi) avec son pénis acéré comme une aiguille. Il est même capable de féconder une femelle en pleine tête, trop fort ! Seul petit problème, l’accouplement est tellement traumatique pour les dames qu’elles ont tendance à se cacher ailleurs, et donc se répandre un peu partout dans le logement. En tout cas, on comprend pourquoi papa et maman punaises ont besoin de « repas de sang » (sic) réguliers, ces sacrés bosseurs. Voilà, j’espère que vous êtes rassérénée.

LE RELATIVISME

On aurait tort de se focaliser sur les punaises de lit, alors que niveau insectes, il y a mille fois pire, et en ce moment même. Prenez le moustique, animal le plus dangereux au monde. Conséquence du réchauffement, même en octobre, il est partout, avec son joyeux cortège de dengue, chikungunya, Zika, et même d’encéphalite japonaise. Sans oublier la tique, présente jusque dans nos jardins publics urbains, coucou la maladie de Lyme ! Et le petit pou, alors ? Si celui de tête (regardez le crâne de vos enfants si vous ne savez pas à quoi ça ressemble) se contente de déclencher des démangeaisons, celui du corps peut transmettre le typhus.

Citons enfin le cafard, une valeur sûre qui peut refiler aux humains la salmonellose, le choléra, la dysenterie bacillaire, la fièvre typhoïde et, devinez quoi… la peste bubonique ! Autant de désagréments que ne se permettrait jamais l’inoffensive punaise de lit : avec elle, vous ne risquez rien d’autre que de vous gratter jusqu’aux os.

L’ÉTIQUETTE

En réfléchissant, j’ai trouvé un super moyen d’éviter l’infestation de nos logements : les bonnes manières. Si on ne jette pas son manteau sur le lit de la personne qui vous invite à dîner, si on ne pose pas sa valise sur le couvre-lit (pas chic du tout, pour de vrai), on limite le risque. Si on évite de laisser nos vêtements traîner partout (les punaises sont comme nous, elles adorent les fringues), pareil. Si on est tout le temps vachement propre, c’est bien aussi, car la pupu déteste passer au lave et surtout au sèche-linge. Si on ne se rue pas sur les gens pour leur faire de grosses accolades comme des supporters avinés en fin de match, elles ne pourront pas passer d’un col ou d’un ourlet à l’autre, car elles ne volent pas.

En revanche, elles grimpent super bien aux murs et sont capables de se déplacer d’un appart’ à l’autre, via les prises électriques dit-on. Donc, si vous en avez chez vous et que vous aimez bien vos voisins, soyez polie, prévenez-les. En revanche, s’ils passent leur temps à faire bruyamment l’amour ou à faire frire des sardines, avertissez le syndic que vous les avez vus se gratter dans l’escalier. Les bonnes manières, facilitatrices du vivre-ensemble.

L’ADOPTION

« Ce que tu ne peux contrôler, accepte-le », disait à peu près un sage, je ne sais plus trop qui. Si, par mégarde, vous constatez que les punaises sont bien là, essayez de changer de focale sur cet événement. Au lieu de vous sentir victime, découvrezvous… élue. Elles vous ont choisie et vous allez passer, au minimum, quatre à six mois avec elles, alors, faites leur connaissance, étudiez leur lifestyle, donnez-leur des prénoms, que sais-je ? Si vous n’êtes pas une féroce amie des animaux, envisagez les choses sous un autre angle : grâce à elles, les désinfecteurs vont peut-être vous inviter à quitter votre logement au moins trois semaines, l’occasion de voir d’autres horizons, ou de redécouvrir combien c’est sympa de vivre chez sa mère, avec deux enfants en bas âge. Enfin, il est probable qu’on vous conseillera de jeter vos meubles, à commencer par votre lit. La perspective d’un décor neuf, pour un nouveau départ, c’est pas « glop », ça ?

LE COMPLOTISME

Quand tout le monde panique, le complotisme présente plein d’avantages : impression d’être plus malin que les autres, sensation d’appartenance à une minorité de courageux lanceurs d’alerte, possibilité de rencontres sympas sur les réseaux avec des gars qui s’appellent « Jean-Mich prenez-moi pas pour un con ». Ce qu’on ne dit pas assez souvent, c’est que de pique-niques entre Terre-platistes en karaokés avec des chasseurs d’Illuminati, le conspirationniste s’éclate. Or, sur le dossier qui agite tout le monde en ce moment, je crois que les choses sont claires : les punaises de lit n’existent pas, elles sont une invention du lobby des désinfecteurs, appuyé par un gouvernement qui veut que les citoyens détournent leur attention des vrais sujets (GPS dans les vaccins, entre autres). Le ministre de la Santé Aurélien Rousseau nous dit de ne pas paniquer ? Comme par hasard. Pendant ce temps, les Rothschild peuvent continuer de contrôler la finance internationale, peinards.

L’HUMOUR

Rire avec la punaise de lit n’est pas toujours évident. Mais rire de la punaise de lit est possible, et peut contribuer à détendre l’atmosphère. Par exemple, si vous invitez des amis chez vous, et qu’ils semblent insecto-paranos comme 90 % des gens actuellement, vous pouvez, au moment où ils vont s’asseoir, hurler « attention aux punaises ! » et en fait vous aurez collé des punaises – mini-clous à tête large – sur leurs sièges, une blague qui fait toujours son petit effet !! Sans ça, comme truc vraiment drôle, il y a le fait de secouer ses vêtements dans tous les sens quand on arrive quelque part en disant « je sais pas ce que j’ai, y a plein de petits trucs marron sur mes fringues depuis une semaine ». Ou, blague préférée de mon mari en ce moment – mais ai-je déjà eu l’occasion de vous parler de Didier, cet astre ? –, attraper une fourchette et la passer longuement dans son dos en disant « ça fait du bien ! » avant de la tendre obligeamment aux gens. Après l’amour au temps du choléra, la rigolade au temps de la punaise de lit, bon moyen de réenchanter l’époque.

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