Santé

Roxane, 39 ans : « La relation que j’ai avec ma jumelle agace nos conjoints respectifs »

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« Mathilde et moi sommes de fausses jumelles, nées à neuf minutes d’intervalle, lâche d’emblée Roxane. Physiquement, on se ressemble énormément (il nous arrive même parfois nous-mêmes, sur certaines photos anciennes, de ne pas savoir qui est qui), mais surtout, on est très fusionnelles, même si on n’est pas hyper-tactiles. Les câlins et les bisous, ça n’a jamais été vraiment notre truc ».

Notre proximité amuse, mais énerve aussi souvent nos proches

Leur truc, c’est plutôt le smartphone. Les deux sœurs s’appellent plusieurs fois par jour, et ça peut même durer des heures… et des heures. Pour se dire quoi ? Tout et n’importe quoi. « Ça peut être des banalités, du style : « ce matin, mon bus m’est passé devant le nez », « j’avais mis des sandales qui me faisaient mal et, résultat, j’ai des ampoules aux pieds » ou « le pull beige que maman m’a offert à Noël dernier a rétréci au lavage », j’exagère franchement à peine, comme des choses bien plus sérieuses. Il nous arrive en effet de refaire le monde en une soirée ». Dès que Roxane doit prendre une décision – que ce soit changer de boulot ou inscrire l’un de ses trois enfants à une nouvelle activité sportive, c’est plus fort qu’elle, il faut qu’elle appelle sa jumelle, pour savoir ce que celle-ci en pense et ce qu’elle ferait si elle était à sa place. Et vice versa, puisque Mathilde, de son côté, ne fait rien sans consulter Roxane au préalable.

S’il lui arrivait quelque chose, ce serait comme si j’étais subitement amputée d’une moitié de moi-même

« Notre proximité amuse, mais énerve aussi souvent nos proches, glisse cette cadre commerciale dans l’industrie pharmaceutique. Et notamment nos conjoints respectifs. Ils ont l’impression de compter moins pour nous que l’une ne compte pour l’autre, ce qui est évidemment totalement ridicule. La relation que j’ai avec ma jumelle n’est ni plus ni moins forte que celle que j’ai avec Clément, mon mari, elle est juste différente. Nous avons, elle et moi, une connexion tellement particulière qu’il n’y a pas de mots pour la décrire ». Mathilde a beau vivre à près de 1000 kilomètres de chez Roxane (la première habite à Nice, la seconde à Paris), elle est en permanence dans sa tête. « Si je m’achète quelque chose, que ce soit un tee-shirt ou une paire de boucles d’oreille, je prends systématiquement le modèle en double exemplaire (au pire dans un autre coloris), afin de lui en offrir un lorsque je la verrai, raconte la trentenaire. Ce qui est pratique, c’est que je suis sûre de ne jamais me tromper dans mon choix ». Que Mathilde ne réponde pas à ses messages de la journée, et c’est la panique. « J’imagine aussitôt le pire, reconnaît la jeune femme. Je me dis qu’elle a été renversée par une voiture, voire qu’elle s’est peut-être noyée en perdant pied à la plage (Mathilde a toujours eu un tantinet peur de l’eau). S’il lui arrivait quelque chose, je crois que je ne le supporterais pas. Ce serait comme si j’étais subitement amputée d’une moitié de moi-même ». 

Les deux sœurs s’étaient d’ailleurs juré que quand l’une mourrait, l’autre s’arrangerait pour la suivre

À l’adolescence, les deux sœurs s’étaient d’ailleurs juré que quand l’une mourrait, l’autre s’arrangerait pour la suivre. « Depuis que nous sommes toutes les deux mamans, notre pacte a, évidemment, évolué, glisse la mère de famille. Il n’empêche : en cas de malheur, nous nous occuperions des enfants de l’autre, comme s’ils étaient les nôtres. C’est une évidence ». Si la relation de Mathilde et de Roxane semble en tous points idyllique, il n’en a pas toujours été ainsi.  Il leur est arrivé (et il leur arrive même encore) de se disputer. « Notre plus gros clash concernait un de ses ex, se souvient Roxane. Je trouvais qu’il lui parlait mal, qu ’il ne la respectait pas. Ça me rendait folle ». Entre les deux sœurs, n’y a jamais eu de dominant-dominé – c’était à tour de rôle – mais elles ont longtemps formé un couple. « Lorsqu’on était petites, notre mère (plus que notre père) a toujours fait attention à bien nous distinguer pour qu’on ait chacune notre propre identité, raconte la trentenaire. Elle ne nous coiffait pas et ne nous habillait pas de la même façon, nous faisait pratiquer des activités différentes et, surtout, nous appelait toujours, comme elle le faisait avec Valentine, notre sœur aînée, par nos prénoms, et jamais en disant « les filles ».

À l’école, c’était différent. Mathilde et moi, on était dans les mêmes établissements, et donc parfois dans les mêmes classes, mes parents n’ayant bizarrement jamais formulé de requêtes particulières pour qu’il en soit autrement. Du coup, on nous percevait souvent comme un tout. D’autant que, même si on allait facilement vers les autres (c’était d’ailleurs aussi le cas à la maison, avec Valentine, qui n’a jamais été exclue de nos jeux), on était presque toujours collées ensemble ». Mais grandir côte à côte signifie que l’on franchit, peu ou prou, toutes les étapes en même temps. Ce qui entraîne inévitablement des comparaisons. Comme s’il fallait absolument savoir laquelle des deux « est la plus grande », « la plus belle », « la plus intelligente ».« C’est le regard extérieur qui a, à une époque, a fait naître une petite rivalité entre nous qui, heureusement, n’a pas duré, relate Roxane. J’ai toujours eu plus de facilités dans les études que ma sœur. Lorsqu’elle a redoublé sa terminale (alors que j’avais décroché mon bac avec la mention Bien), Mathilde l’a mal vécu. Elle se sentait jugée, rabaissée et, pendant presque un an, elle était agressive avec moi. J’étais constamment obligée de marcher sur des œufs pour éviter les conflits. Du coup, notre relation s’était un peu distendue à l’époque. Je me souviens que ça m’avait rendue très malheureuse ».

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