Santé

Solène, 38 ans : « Je voulais voir si mon profil inspirerait encore des hommes sur Tinder »

« Au départ, je voulais juste vivre des sensations fortes que je n’avais pas ressenties depuis longtemps, explique Solène. J’étais globalement satisfaite de ma relation avec Antoine (on s’aimait et on était extrêmement attaché l’un à l’autre, au sens le plus noble du terme) mais, après dix ans de vie commune, je trouvais que notre couple, comme beaucoup de « vieux » couples sûrement, commençait à ronronner. La routine s’était insidieusement installée et, hormis s’occuper de nos deux adorables petits garçons qui, même si on les avait ardemment voulus et si on les adorait, nous pompaient une énergie incroyable, on ne faisait plus grand-chose ensemble. En tout cas, rien de très stimulant. Depuis trois ou quatre ans, la fréquence de nos ébats s’était même sérieusement émoussée ».

Simple divertissement

Un soir, alors qu’Antoine, affalé dans le canapé du salon, regarde une série sur Netflix, cette cheffe de pub d’une grosse agence de la région parisienne, réactive son compte Tinder. Comme ça, pour voir. C’était il y a deux ans. « Je ne cherchais pas à rencontrer d’autres hommes pour coucher avec eux, se défend aussitôt la trentenaire. Je voulais juste me distraire et me prouver que je pouvais encore séduire. Ce qui m’intéressait avant tout, c’était de savoir si ma photo et ma bio inspireraient et si on m’aborderait ».

Bingo. Le jour-même, Solène discute avec plusieurs hommes. « J’avais oublié à quel point tout était facile et immédiat », reconnaît la mère de famille qui glisse avoir été autrefois (bien avant sa rencontre avec celui qui allait devenir son mari) un poil accro aux applis de rencontre, avant de les désinstaller. Passer ses soirées à répondre aux mêmes questions, pour aller de déception en déception, était beaucoup trop chronophage et ne présentait aucun intérêt particulier.

Je me suis laissée très vite prendre au jeu

« Je n’imaginais pas une seconde me reconnecter un jour sur ces sites, jure la jeune femme. L’idée ne m’avait même pas traversé l’esprit pendant la période du confinement, alors que je n’avais jamais été aussi désœuvrée, c’est dire. Il n’empêche : ce soir-là, je me suis laissée à nouveau très vite prendre au jeu ».

Pendant deux semaines, Solène échange avec, en tout et pour tout, trois types avec lesquels elle a particulièrement bien accroché, après avoir quand même écarté une poignée de lourdauds, dont deux, sans doute fascinés par leur appareil génital, lui avaient même balancé tout de go des selfies d’eux nus.

Je leur ai dit que j’avais un emploi du temps de ministre, pour justifier le fait de ne pas les voir

« Je recevais chaque jour au minimum un message de l’un de mes prétendants, raconte la trentenaire. Ça mettait du piment dans ma vie de femme mariée, rangée (et un poil frustrée), sans me donner mauvaise conscience. Je trouvais même que c’était bénéfique pour mon couple. Tandis que je retrouvais sourire et joie de vivre, Antoine, lui, retrouvait, le désir. À aucun moment, je n’avais le sentiment de faire quelque chose de mal, de répréhensible, puisque je bavardais, certes, avec des inconnus, mais que je ne nourrissais pas l’intention de les rencontrer. Je dois néanmoins avouer que je n’étais pas tout à fait claire sur ce point avec eux. Ils me taquinaient, me complimentaient, me draguaient (plus ou moins directement), et ça flattait tellement mon ego que je préférais leur laisser croire que la porte restait grande ouverte, tout en leur expliquant que j’avais un emploi du temps de ministre, pour justifier ma difficulté à trouver un moment pour les voir.

Je ne suis pas très fière de le dire, mais je crois même avoir osé quelques émojis à connotation sexuelle, histoire d’être sûre de pouvoir faire durer la séduction, le flirt, sans qu’ils se lassent et se disent « next ». En mon for intérieur, je n’avais pas du tout, mais alors vraiment pas du tout, envie que ces discussions « olé olé », cessent. Or, je savais que c’est ce qu’il se serait immédiatement passé si je leur avais d’emblée dit que je ne cherchais qu’une relation fantasmée et que ces blablas se limiteraient donc à de simples échanges virtuels ».

L’envie d’aller plus loin (ou pas)

Contre toute attente, après quelques semaines de chat, Solène accepte de prendre un verre avec Boris, son « chouchou ».  « Je le trouvais drôle et très cultivé, raconte la trentenaire, comme pour se justifier. J’avais aussi parcouru son profil des heures et des heures et regardé ses photos, aussi bien sur Facebook que sur Instagram, des centaines de fois et, honnêtement, il avait un petit quelque chose – je ne saurais dire si c’était son sourire ou son regard (ou les deux) – d’absolument craquant ».

J’ai englouti mon Mojito aussi vite que j’ai pu, et j’ai pris congé

La rencontre a lieu, en fin de journée, dans un petit café hyper branché du quartier de la Bastille, que Solène mourait d’envie d’essayer. « Dès que j’ai vu Boris, j’ai su que je ne passerais jamais à l’acte, lâche la jeune femme. Ce n’était pas qu’il me déplaisait (bien qu’il fût quand même nettement mieux en photo qu’en vrai), mais j’avais subitement honte d’être là, dans ce café, avec lui. En le voyant, j’ai pris conscience que je n’avais en réalité aucune envie de foutre en l’air tout ce que j’avais construit avec Antoine en cédant à une vulgaire tentation. J’ai englouti mon Mojito aussi vite que j’ai pu, et j’ai pris congé en lui disant que c’était impossible pour moi de poursuivre cette conversation. En rentrant à la maison, j’ai immédiatement (et définitivement) désinstallé Tinder ».

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