La maladie d’Alzheimer bientôt détectée pendant votre sommeil ?

La maladie d’Alzheimer pourrait-elle bientôt être diagnostiquée précocement en dormant ? C’est en tout cas ce qu’espèrent les chercheurs de l’Université du Colorado  et de l’Université Washington à St. Louis (États-Unis) qui ont développé une méthode innovante pour détecter des marqueurs d’Alzheimer.

L’étude, publiée dans la revue Alzheimer’s & Dementia le 23 août 2023 a été menée auprès de 205 septagénaires en bonne santé (source 1). Leur activité cérébrale, en particulier « les ondes liées au processus de mémorisation », explique la Dre Marion Lévy, responsable études et recherche à la Fondation Vaincre Alzheimer, a été mesurée pendant 2 ans grâce à un bandeau porté sur la tête. Au réveil, les données de l’appareil étaient récoltées, et il était donc possible de voir si l’EEG (électroencéphalogramme) était normal ou non.

Ces informations étaient ensuite comparées à des marqueurs cette fois biologiques de la maladie d’Alzheimer, comme les taux des protéines ß-amyloïde et tau, en excès chez les personnes qui souffrent de cette maladie neurodégénérative. « Ce que nous avons découvert, c’est que ces niveaux anormaux de protéines sont liés à des réactivations de la mémoire pendant le sommeil que nous avons pu identifier dans les schémas d’ondes cérébrales des personnes », a déclaré le Dr Brice McConnell, auteur de l’étude (source 2).

Ces résultats sont particulièrement importants qu’ils ont été découverts chez les personnes étudiées « avant qu’elles ne présentent des symptômes. L’identification de ces biomarqueurs précoces de la maladie d’Alzheimer chez les adultes asymptomatiques peut aider les patients à développer des stratégies de prévention ou d’atténuation avant que la maladie ne progresse », continue le professeur de neurologie à l’Université de Colorado. Le Dr McConnell estime même que le dispositif pourrait être « un moyen possible de mesurer la santé du cerveau au fil du temps et qu’il pourrait être utilisé pour indiquer si une personne est à risque de développer une maladie neurologique ».

Les études sont évidemment à un stade précoce, d’autres analyses seront nécessaires pour confirmer ces résultats. « Nos prochaines étapes consisteront à perfectionner le processus », a expliqué le Dr McConnell. Le bandeau, si sa capacité de diagnostic est confirmée, ne sera pas disponible avant de nombreuses années. Pour autant, cette étude donne de l’espoir : « Nous ne faisons qu’effleurer la surface avec ce travail, qui ouvre la voie à des dispositifs abordables et faciles à utiliser pour surveiller la santé du cerveau », conclut le scientifique.

« En cas de doutes, notamment de troubles mnésiques, des premiers tests de mémoire vont être réalisés », explique la Dre Marion Lévy. En fonction des résultats, « les troubles mnésiques vont être confirmés avec une IRM ou un PET-scan. On peut ensuite également faire une ponction lombaire pour détecter la présence des protéines ß-amyloïde et tau dans le liquide céphalo-rachidien. Ces trois étapes permettent de dire si un patient souffre de la maladie d’Alzheimer », précise la responsable études et recherche de la Fondation Vaincre Alzheimer.

La maladie d’Alzheimer est malheureusement diagnostiquée tardivement, « quand elle est déjà installée », selon la Dre Lévy. Les symptômes mettent en effet 15 à 20 ans à se développer. L’enjeu est donc de diagnostiquer la maladie plus tôt. Car s’il n’y a aujourd’hui aucun traitement curatif, des médicaments (certains encore en étude) ont montré une réduction notable des symptômes cognitifs chez les patients, surtout au stade précoce de la maladie. Chaque année en France, 225 000 nouveaux cas sont diagnostiqués (source 3).