Santé

« L’été est devenu une saison qui m’inquiète » : Désormais, vacances riment avec éco-anxiété

Canicule exceptionnelle, chaleurs extrêmes, incendies gigantesques… D’ores et déjà, cet été 2023 aura été celui de tous les records. Températures de 45 °C en Espagne, en Grèce ou en Italie ; pics de 50 °C aux États-Unis, en Chine, en Algérie ou en Tunisie ; 30 000 touristes évacués à Rhodes, méga-feux  au Canada et dans tout le bassin méditerranéen, océans en surchauffe (record en Floride avec une eau à 38,4 °C !). Comme si l’hémisphère Nord était devenu une fournaise, réalisant les pires prédictions des climatologues, lesquels y voient les conséquences du réchauffement planétaire. Cette aggravation effrayante de la situation climatique a choqué les esprits et éprouvé les corps. Et va aussi, sans doute, changer notre vision du soleil, de l’été, des vacances, et la façon dont nous allons voyager dans le futur.

Ainsi Charlotte, une Française de 22 ans, a-t-elle passé trois semaines à Athènes en juillet, pour son école de cinéma : « Chaque jour, il faisait un peu plus chaud que la veille, jusqu’à atteindre 43, 4°C. C’était pénible à vivre et inquiétant. Dans ces conditions, le soleil devient une menace et n’est plus bénéfique. Tu sens ses rayons peser très fort sur toi. Tu étouffes, tu ne peux plus sortir, tu es en nage. Dans les rues, il n’y avait personne entre 13 heures et 18 heures. Moi qui suis rousse, avec une peau pâle, je pense qu’à l’avenir j’irai en vacances dans des régions plus fraîches. »

Le soleil est de plus en plus considéré par nos contemporains comme un danger

Même son de cloche du côté de Louise, 16 ans, qui s’est retrouvée dans une Sicile aux allures de Cocotte-Minute : « Avec des pointes à 43 °C, il faisait trop chaud pour aller à la plage. Et le pire, c’est que le soir, le thermomètre affichait encore 35 °C au restaurant à 21 h. C’était difficile à supporter. De la route, nous voyions des incendies dans les montagnes au loin. Pas très rassurant. » Quant à Maryse, une retraitée qui habite près de Vico, en Corse, celle-ci a vécu de son propre aveu « l’été le plus chaud. Tout le monde souffrait au village. On devait rester à l’intérieur, les volets fermés. Il faisait entre 38 et 39 °C sur la terrasse. C’était la première fois que l’on connaissait cela ».

Va-t-on assister à l’émergence d’une nouvelle catégorie de personnes : les traumatisés du soleil ? Les commotionnés de la chaleur ? « Il y a clairement un changement d’imaginaire qui s’opère, explique Pierre-Éric Sutter, psychologue, coauteur de “Bien vivre son éco-anxiété“ (éd. Gereso). Le soleil est de plus en plus considéré par nos contemporains comme un danger, alors qu’il était synonyme de vie, de plaisir, de bienfaits. C’est un vrai bouleversement culturel. On est en train de sortir de décennies où la société de consommation nous proposait les destinations ensoleillées comme une ultime promesse. Suite à ces chaleurs cuisantes, on va assister à une hausse des cas d’éco-anxiété et à une prise de conscience écologique accrue, comme à chaque canicule. »

Une saison appréhendée 

Pour Léa, 42 ans, mère de deux enfants, la messe est déjà dite. Ce mois de juillet d’anthologie n’a fait que la confirmer dans ses convictions. « Depuis quelques années, je  me méfie du soleil, et l’été est devenu une saison qui m’inquiète. Avant, je pouvais passer des heures à la plage. Aujourd’hui, trop de chaleur et de soleil me stresse et je célèbre les jours de pluie ! J’ai décidé de ne plus aller en vacances en Grèce ou en Italie. Je préfère la Bretagne. » Tous les professionnels du tourisme prédisent que les vacanciers se tourneront, dans les prochaines années, vers des destination plus fraîches, plus ventées. La côte atlantique, la  Bretagne, la Normandie ou le Nord attirent les Français. De  ce fait, le Pas-de-Calais a le vent en poupe.

Le nombre de  locations estivales a augmenté de 30 % ! « Le Pas-de-Calais va devenir la nouvelle Riviera !, affirme, sans rire, Pierre-Éric Sutter. Et les gens vont se détourner de l’été et chercher à partir au printemps, à l’automne ou en hiver. Ce n’est pas une  question de mode, mais de survie ! Et ce n’est qu’un début. Les  foules de touristes qui vont remonter vers le nord préfigurent hélas, les migrations massives de populations qui vont avoir lieu du sud au nord… » Mais tout le monde ne voit pas les choses de façon aussi tranchée.

Ainsi la blogeuse voyage Marie Faure-Ambroise, créatrice du site de conseils pour les familles My Travel Dreams, nuance le tableau : « J’ai l’impression que la majorité des vacanciers cherchent encore à aller au chaud et que le soleil est toujours synonyme de vacances et de relâche. Même en hiver, on me demande : “Où aller au soleil sans voyager trop loin ? “Je pense que le changement va prendre du temps. Rares sont les gens qui ont envie de mettre des polaires dans leurs valises. » Nos habitudes ne seront peut-être pas si faciles à modifier que ça.

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