Santé

Être la seule célibataire de son groupe d’amis : « Parfois, je les envie, mais j’aime aussi ma solitude »

Anna, Audrey et Naïla ont une chose en commun : ce sont les seules célibataires de leur groupe d’amis proches. Un cas loin d’être exceptionnel. Pourtant, n’être qu’entouré que d’amoureux et amoureuses éperdues, de mariés convaincus ou de jeunes parents, peut donner la (fausse) impression de faire tache.

« Je suis toujours le chiffre impair »

Restaurants, cinémas ou vacances, certains couples souffrent de passer une seconde sans leur moitié. À défaut d’agacer leurs amis. « Parfois, tu as juste envie de sortir boire un verre avec un ami et il te ramène son copain ou sa copine », souffle Audrey. « Par exemple, quand je veux voir mon cousin, il vient tout le temps son petit ami, raconte la jeune femme de 25 ans, qui est déjà, à son âge, l’une des rares célibataires de son entourage. Souvent, j’ai envie de ne voir que lui, afin de pouvoir lui parler de sujets familiaux, etc., mais ça devient rare qu’il vienne seul. »

Pour Naïla, 25 ans, c’est la même histoire, sans que ce ne soit un réel problème. Avec les copains de ses quatre bonnes copines, ils et elles sont tous proches. « On en rigole, mais je suis toujours le chiffre impair, explique-t-elle toutefois. Quand on va réserver un restaurant, on va réserver pour 9 et pas pour 10, on est 5 filles et 4 garçons. »

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La lourde pression sociale

Au-delà des taquineries et du rôle parfois lassant de la « chandelle », être célibataire, d’autant plus lorsque l’on est une femme, s’accompagne souvent d’une forte pression sociale. Selon le baromètre du site de rencontres Badoo, en partenariat avec Ipsos, sept célibataires sur dix ressentent une pression à se mettre en couple, dont 46 % à un niveau modéré à fort chez les femmes qui ont entre 25 et 34 ans.

« Récemment, à un mariage, mes tantes m’ont harcelée de questions pour savoir si j’avais un copain, quand est-ce que j’allais avoir des enfants… La pression familiale est lourde », raconte Audrey qui ne cesse de s’agacer des sous-entendus. « C’est comme si avant, quand je faisais mes études, j’avais une excuse, qui n’est plus valable maintenant », explique-t-elle en riant jaune. À seulement 25 ans, Audrey commence à voir se multiplier dans son entourage amical les mariages et même les enfants, de quoi alimenter les attentes de sa famille, et la pression sur ses épaules.

« Pendant le confinement, je m’étais dit que j’étais bien seule. Je n’avais pas envie de me recaser tout de suite, se souvient, Anna 31 ans. Ce n’est que récemment que j’ai compris que la vie de célibataire n’était peut-être pas faite pour moi. » Au début de la trentaine, la jeune femme se voyait « idéalement » mariée, avec des enfants. « J’ai quand même fait le choix de quitter mon copain à 30 ans, car je n’étais pas assez épanouie et heureuse », explique-t-elle.

Le célibat, un problème à régler ?

« Le célibat et l’absence d’enfant sont assimilés à une vie qui n’est pas vécue pleinement, en particulier quand il s’agit des femmes », explique Marie Kock dans une interview pour « Les Inrocks ». Interviewée à l’occasion de la parution de son livre « Vielle fille » en 2022, la journaliste et essayiste poursuit : « On a fait du couple et de la famille les critères d’une existence réussie, et on leur a donné beaucoup trop d’importance ».

Alors, pour éviter à tout prix ce statut mythologique de « vieille fille », les amis des célibataires usent de tous les stratagèmes. Donc celui que l’on craint toutes : les dates arrangés. « J’ai une amie qui me fait tout le temps ça et, franchement, une fois je me suis énervée, se souvient Audrey. Je trouve ça un peu humiliant. « Tu ne trouves pas de mec ? Eh bien, on va le trouver pour toi, parce que tu n’en es pas capable. » « C’est arrivé quelques fois, mais c’est plus ‘pour moi’, parce que je n’arrête pas de répéter que j’en ai marre d’être célibataire », explique de son côté Naïla.

« Je crois que le grand tabou, c’est d’imaginer qu’une femme peut avoir une vie heureuse et autonome sans le regard et l’amour de l’homme […] Faire sans, c’est ça qui est insupportable pour la société patriarcale dans laquelle nous vivons », explique Marie Kock dans son interview.

« Parfois j’envie mes amies, mais pas au point d’en être morte de jalousie, confie Audrey. J’aime bien, aussi, ma solitude. Ça fait longtemps que je suis célibataire, ce n’est pas pour rien non plus. J’aime bien mon espace personnel, j’aime bien le fait qu’il n’y a personne chez moi », poursuit-elle. Malgré tout, selon le baromètre de Badoo, 66 % des sondés estiment que le célibat permet de profiter davantage de sa vie.

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