Santé

Perte d’apprentissage scolaire durant l’été : comment y faire face à l’approche de la rentrée ?

Bouchons sur la route du retour de vacances, achats de fournitures scolaires… la rentrée scolaire approche à grands pas. Une période à la fois excitante et anxiogène pour bon nombre d’enfants et de parents. En cette fin de mois d’août, certains élèves ressentent déjà les effets du « summer slide », ou « glissement estival », en français.

Selon une étude récente menée par la plateforme de soutien scolaire GoStudent, 20% des enfants seraient stressés à l’idée d’oublier ce qu’ils ont appris à l’école, durant l’été. Un phénomène qui touche également les parents : 25% d’entre eux appréhendent le fait que leur enfant perde en connaissances scolaires pendant les vacances. En réalité, les résultats des élèves diminuent à hauteur d’un mois d’apprentissage en moyenne, au cours de la pause estivale, selon une étude américaine réalisée en 2017. Alors, comment y faire face et apaiser les troupes ? 

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Doser l’utilisation des écrans, encourager son enfant… 

Certains facteurs, tels que l’absence de stimulation cognitive et d’activités de réflexion, augmenteraient le risque de « glissement estival ». « Un cerveau anesthésié par les écrans durant tout l’été peut être un facteur aggravant. Cela ne veut pas dire qu’il faut bannir les tablettes et les ordinateurs, mais c’est une question de dosage », indique Caroline Savary, psychologue de l’Éducation nationale.  

« L’écran peut être un bon vecteur, à condition qu’il y ait une activité réflexive »  

Certaines morales ou leçons de vies tirées de films, de séries ou de dessins animés, peuvent d’ailleurs être intéressantes. « L’écran peut être un bon vecteur, à condition qu’il y ait une activité réflexive », ajoute l’experte.  

Sur le long terme, les modalités d’apprentissage tout au long de l’année jouent également sur la mémorisation. « Si les leçons n’ont pas été uniquement apprises par cœur pour le contrôle, mais qu’elles ont été régulièrement révisées, comprises, mises en sens et travaillées, elles seront moins vite oubliées. » Ainsi, Caroline Savary conseille de faire des fiches de révision, ou des petites cartes mentales, à la main ou grâce à un logiciel Le support le plus approprié dépendra évidemment de l’âge, du niveau d’études, des matières et des leçons.  

Enfin, le rapport à la scolarité entre dans la donne. « Si l’élève est encouragé, soutenu et aidé, la sensation d’oubli et l’anxiété que cela peut générer seront moins importantes, précise l’experte. À l’inverse, un élève rabaissé à la moindre erreur pourrait faire face à un niveau d’anxiété pathologique. » D’autant plus que, selon l’approche sociocognitive de l’apprentissage développée par le psychologue canadien et professeur de psychologie à l’université de Stanford, en 1986, « les facteurs d’ordre motivationnel (estime de soi, perception de ses compétences, sentiment d’auto-efficacité) ont une influence déterminante sur les processus d’apprentissage des élèves », rapporte l’enseignante chercheuse Martine Alcorta dans « Le journal des psychologues »

Se replonger dans les leçons pour se rassurer 

La sensation d’oubli des connaissances peut affecter la santé mentale des enfants et adolescents. « Si le summer slide est amplifié, notamment par l’inquiétude de l’entourage, cela peut générer de l’anxiété, des doutes sur soi-même, entraînant un impact sur l’estime de soi », explique la psychologue de l’Éducation nationale.  

« Ce qui a été appris revient facilement » 

Ainsi, elle invite les parents à « redonner confiance et rassurer » leur progéniture. D’autant plus que, souvent, « ce qui a été appris revient facilement. Si l’on est vraiment inquiet, il suffit de se replonger dans une poésie ou une table de multiplication, pour se rendre compte que les notions reviennent rapidement. Cela rassure tout de suite, et il est important de ne pas transmettre sa propre anxiété à l’enfant ». 

Jeux de société, activités sportives… 

L’environnement dans lequel évolue l’élève joue-t-il, lui aussi, un rôle dans le phénomène du « summer slide » ? Sur ce point-là, les chercheurs sont partagés. La perte d’apprentissage serait plus marquée chez les élèves issus de milieux défavorisés, les élèves allophones, celles et ceux en difficulté d’apprentissage, et les enfants « n’ayant pas accès aux ressources ni expériences informelles qui leur permettraient de maintenir leurs acquis », tels que les livres, les bibliothèques, les activités culturelles, rapporte le Réseau réussite Montréal (RRM). Une étude publiée en 2007 par la Beginning School Study révèle en effet une perte d’apprentissage inégale durant l’été, entre les personnes à revenus faibles et les personnes à revenus moyens, à l’école primaire. Des résultats contredits par d’autres travaux américains, réalisés juste avant la pandémie de Covid-19. Selon les chercheurs Paul T. von Hippel et Caitlin Hamrock, les écarts entre les élèves fréquentant des écoles à faible et à haut niveaux de pauvreté ne se sont pas creusés de manière significative au cours de l’été.

« Il est important de booster la curiosité des enfants et des adolescents » 

Quoi qu’il en soit, la stimulation du cerveau passe par différentes activités, accessibles à une large partie de la population. « Il est important de booster la curiosité des enfants et des adolescents, grâce à des musées, des expositions gratuites, des promenades en forêt, des jeux de société tels que le Memory, que l’on peut fabriquer soi-même ou trouver dans des ludothèques, des jeux de logique, des quiz, qui permettent de travailler l’attention et la mémorisation », insiste Caroline Savary.

D’autres activités ludiques, plus coûteuses, stimulent la partie abstraite de la réflexion et les fonctions visuo-spatiales. C’est le cas des escape games, de l’accrobranche ou encore des sorties à l’aquarium, par exemple. « C’est l’occasion de partager des moments en famille », poursuit l’experte, qui recommande aussi le sport et le yoga, « pour se recentrer sur soi-même, et entraîner le cerveau à focaliser son attention sur quelque chose, pour être au taquet à la rentrée ! »

Quant aux petits retardataires, pas de panique ! L’horloge tourne, mais il n’est jamais trop tard pour une révision ou une réactualisation. « Ce petit stress avant la rentrée peut être positif, et se transformer en remobilisation, tempère Caroline Savary. C’est l’occasion de reprendre ses fiches de révision ou se remettre à lire un livre. » Certaines ressources en ligne peuvent également être salutaires, telles que la plateforme Lumi pour un accès à la culture, au savoir et à la connaissance, ou encore des chaînes YouTube de professeurs, auxquelles s’abonner. « Inutile d’y passer des heures tous les jours. Le plus important est de privilégier les temps d’échange ! »

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