Santé

Thérapie de couple : Anne-Sophie et Guillaume, 42 ans, « J’ai amené mon conjoint à une thérapie de couple sans qu’il le sache »

Anne-Sophie et Guillaume ont tous les deux 42 ans. Ils sont en couple depuis presque 20 ans et se sont rencontrés pendant leurs études au sein d’une association étudiante. Depuis, le couple ne s’est jamais quitté. Ils vivent ensemble dans un grand appartement lumineux à Toulouse et n’ont jamais eu d’enfant ensemble. Il y a cinq ans, Anne-Sophie et Guillaume ont partagé une thérapie de couple. 

Un premier soutient

Anne-Sophie n’a jamais ressenti, pour sa part, le besoin de faire une thérapie de couple : « Ce n’est pas quelque chose que j’avais envisagé et, pour moi, nous n’avions aucun problème qui ne pouvait pas se résoudre avec quelques minutes de discussion posée dans notre canapé. Mais il y a cinq ans, Guillaume a commencé à être nerveux au quotidien. Je sentais bien que sa situation le stressait, avec ses parents qui déclinaient, plus de responsabilité au travail et un problème qu’on appelle maintenant la perte de sens. 

Il était aussi en train de démarrer une petite crise de la quarantaine et, avec quelques amis, il organisait régulièrement des week-ends dont il rentrait dans un état lamentable. J’ai fini par ressentir une certaine forme de détresse chez lui et, contrairement à d’habitude, il refusait d’en parler avec moi. Je lui ai parlé de thérapie, il s’est fâché. Je n’ai jamais recommencé. 

Mais quelques mois plus tard, je suis revenue à la charge avec une autre idée. Puisqu’il ne voulait pas faire de thérapie tout seul, j’allais lui mettre le pied à l’étrier en la commençant avec lui. »

Une demande incomprise

Anne-Sophie en parle à ses amies qui ne réagissent pas toutes comme elle l’espérait : « Pour certaines, c’était de l’infantilisation. Pour d’autres, c’était de la charge mentale. Aucune ne m’a soutenue dans ma démarche. Je pense aussi qu’aucune ne vivait ce que je vivais au quotidien avec Guillaume. J’étais épuisée de le voir comme ça. Et inquiète aussi. Il avait besoin d’aide et je ne voulais pas le laisser souffrir comme ça.  J’ai été un peu touchée de ne pas être soutenue, mais je me suis tenue à mon plan. J’ai pris un rendez-vous et j’ai dit à Guillaume que j’avais besoin, moi, d’une thérapie de couple. Cela faisait plusieurs mois que c’était un peu tendu entre nous, puisqu’il ne me parlait pas, ça ne paraissait pas totalement incohérent. » 

J’ai accepté pour faire plaisir à Anne-So

Anne-Sophie décide de ne prévenir ni le thérapeute ni son compagnon : « Je me suis dit qu’on allait parler et que le psy allait se rendre compte tout seul que Guillaume avait besoin d’aide. Ou même que Guillaume allait s’ouvrir tout seul et se mettre à parler. Je me suis fait tous les scénarios possibles et imaginables dans ma tête. »

Le jour du rendez-vous, Guillaume appréhende : « J’ai accepté pour faire plaisir à Anne-So mais j’ai toujours pensé que notre couple était plus fort que les moments de conflits et que ça finirait par se tasser comme tout le reste. Quand elle a proposé la thérapie de couple, j’ai été étonné, mais je me suis dit qu’elle devait vraiment se sentir mal pour en arriver là. C’est pour ça que j’ai accepté d’y aller. Pour elle. 

Je n’ai jamais été fan du principe de thérapie avant, chez moi ce n’est pas quelque chose qui se fait. Je pense même que j’ai toujours eu un peu peur de ce qu’un psy pouvait découvrir, comme s’il y avait des secrets dont je n’avais pas conscience et qui se seraient révélé en thérapie. Une peur de gamin, vraiment, probablement inculquée par mes parents. »

Quand le masque tombe 

Au deuxième rendez-vous, Anne-Sophie craque : « On parlait comme on avait commencé à le faire en première séance, de comment on se sentait et de ce qui s’était passé dans nos vies depuis deux semaines. J’étais très calme, c’était un moment pas désagréable, un peu comme quand on se donne des nouvelles avec un ami qu’on n’a pas vu depuis longtemps. 

Le psy qu’elle avait choisi était très chaleureux et je me souviens m’être senti tout de suite bien avec lui. Et puis, en plein milieu d’une phrase ou presque, Anne-So s’est mise à pleurer. Elle a expliqué qu’elle avait un peu manipulé tout le monde, qu’on n’était pas là pour notre couple, mais parce qu’elle pensait que j’avais besoin d’aide. Que j’avais refusé de voir quelqu’un tout seul et qu’elle avait trouvé la thérapie de couple un peu comme une solution de la dernière chance. »

Trois-quatre semaines plus tard, j’ai pris rendez-vous pour moi tout seul

Guillaume change alors complètement de point de vue sur la thérapie : « Je me souviens l’avoir d’abord consolée même si j’étais un peu furieux de ce qu’elle venait de dire. Et puis, quand elle s’est calmée, je m’attendais à ce que le psy se tourne vers moi et me demande ce qui n’allait pas et ce n’est pas du tout ce qu’il a fait. Il a commencé par demander à Anne-So de s’expliquer sur son geste, sur pourquoi elle pensait que c’était à elle de résoudre mes problèmes, sur sa perception de ce qui était un problème ou pas. 

Ce n’était pas agressif, elle ne se faisait pas engueuler. Mais on sentait qu’il essayait de comprendre et de lui faire comprendre pourquoi ce qu’elle a fait n’était pas acceptable. D’elle-même, elle s’est excusée auprès de lui et auprès de moi. C’est à la fin de la séance qu’il m’a tendu une carte d’un collègue « au cas où ». J’ai trouvé le geste classe et j’ai gardé la carte.

Parler aide toujours

Je n’ai pas appelé tout de suite parce que je ne voulais pas qu’Anne-So ait le sentiment d’avoir eu raison. C’est quelque chose qu’on a discuté dans la suite dans notre thérapie de couple qui a duré six bons mois. Mais trois-quatre semaines plus tard, j’ai pris rendez-vous pour moi tout seul. C’était nécessaire, mais j’avais besoin de temps pour le réaliser. 

Finalement, les deux thérapies, en couple et en solo, nous ont fait beaucoup de bien. Je reste convaincu qu’il y a des périodes difficiles dont il faut juste attendre qu’elles passent d’elles-mêmes. Mais parler aide toujours. Et si un jour, on a un blocage comme ça a été le cas cette fois-là, c’est moi qui serai le premier à prendre le rendez-vous. »

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