Santé

Thérapie de couple : Muriel (57 ans) et Daniel (59 ans) : « On a mis à plat des frustrations »

Muriel a 57 ans et son mari depuis 21 ans, Daniel, en a 59. Ils se sont rencontrés dans le cadre de leur travail et ont eu ensemble deux enfants. Ils mènent une vie qu’ils considèrent tous les deux comme « épanouissante », « faite de beaux moments partagés » pour Muriel et « de complicité parfaite » pour Daniel. Pourtant, il y a 2 ans, le couple a traversé une période difficile.

« C’est le thérapeute qui a proposé que je prenne rendez-vous avec Daniel », Muriel

Tout commence dans le bureau du thérapeute de Muriel : « Je suis suivie par quelqu’un depuis 10 ans maintenant. Je blague en disant que c’est la deuxième grande relation de ma vie. J’eus besoin de parler à quelqu’un à cause des difficultés au travail mais aussi d’une frustration dans mon rôle de mère. C’est Daniel qui a proposé que je trouve quelqu’un et je suis heureuse qu’il participe à cette décision. Mon thérapeute m’a fait beaucoup de bien mais il y a 2 ans, juste après le confinement, je bloquais complètement pendant nos rendez-vous. Je n’étais pas bien mais je n’étais pas capable d’exprimer ce qui n’allait pas. C’était comme si j’étais revenue en arrière. C’est le thérapeute qui a, cette fois, proposé que je prenne rendez-vous avec Daniel. Pour lui, il y avait des choses à discuter sur notre quotidien. Ça a déclenché une angoisse pas possible chez moi. Ça voulait dire qu’il y avait bien un truc qui posait problème. »

« Il m’a demandé d’avoir confiance en lui et en nous », Muriel

Muriel, qui a l’habitude de la thérapie en solitaire, en parle avec son mari malgré son appréhension paralysante : « J’ai eu un réflexe de fuite. J’en ai parlé avec Daniel parce qu’on parle de tout mais j’ai été à deux doigts de ne plus remettre les pieds dans le cabinet de mon thérapeute. Daniel a essayé de comprendre ce qui me terrorisait à ce point et pourquoi je nous faisais si peu confiance. Après des heures de discussion sur le sujet, j’ai enfin réussi à dire que j’avais peur de sortir des choses en thérapie qui auraient des conséquences négatives sur nous. Alors autant j’accepte de changer des choses en bien, autant je ne me faisais pas confiance pour ne pas blesser l’homme que j’aime. C’était aussi simple que ça. J’avais peur de dire je ne sais même pas quoi mais que ce soit trop « sans filtre ». Il a proposé que je fasse un petit effort et m’a demandé d’avoir confiance en lui et en nous. Ça a bien pris deux mois pour que je saute le pas mais on a fini par prendre un rendez-vous ensemble. De mon côté, ma thérapie était au point mort. Il fallait faire quelque chose. »

« Le scénario catastrophe ne s’est jamais concrétisé », Muriel

En thérapie de couple, Muriel découvre qu’elle apprécie de faire un travail d’équipe : « On n’a pas parlé de choses problématiques. Il n’y avait pas de rancœur ou de colère cachée. Mais on a mis à plat des frustrations dont je n’arrive pas à parler au quotidien. Je n’en parle pas et puis un jour ça finit par me peser et je porte la double culpabilité d’être frustrée et de ne rien faire pour changer les choses. J’ai un problème avec le silence mais c’est très personnel. J’ai aimé que Daniel fasse le geste de venir en thérapie avec moi, pour notre couple mais aussi pour le bien de ma propre thérapie. Je me suis sentie en confiance avec lui et mon thérapeute. Le scénario catastrophe ne s’est jamais concrétisé. Je n’ai jamais rien dit que j’aurais pu regretter. Au contraire, je me suis rendue compte d’à quel point j’étais fragile au quotidien et d’à quel point je retenais les choses à l’intérieur. Ce moment qu’on a passé tous les trois dans le bureau de mon thérapeute, ça a été un moment qui a nous a rendu plus forts avec Daniel. »

« Faire le choix d’une thérapie de couple, c’était une façon de lui dire que je l’aime », Daniel

Daniel, pour sa part, a été heureux que Muriel lui partage son univers : « C’est son thérapeute, le cabinet où ils se retrouvent toutes les deux semaines depuis 10 ans. Ce n’était pas évident que j’ai une place dans tout ça. Mais quand Muriel a recommencé à aller mal, malgré son aide, je n’ai pas hésité à faire ma part. Je sais que la vie est plus dure pour elle que pour moi. Nous n’avons pas la même histoire et elle n’a pas le même genre de pression en tant que femme qui travaille et en tant que mère. Je n’ai pas vécu le quart de ce qu’elle a vécu ces dernières années et je lui dis régulièrement qu’elle m’impressionne. Mais elle doute beaucoup. Faire le choix de partager une courte thérapie de couple ensemble, c’était aussi une façon de lui dire que je l’aime. »

« Un couple, ça se travaille »

Le quinquagénaire n’imagine pas laisser sa femme gérer seule ses difficultés : « Je sais qu’elle est capable de gérer tout ça toute seule mais je me dis que l’aider et partager sa peine c’est nous faire gagner du temps au présent et pour la suite. J’avais envie qu’on reprenne sur des bases plus saines et qu’on en fasse une construction à deux. On va passer le reste de notre vie ensemble donc c’est logique qu’on travaille à rendre ça le mieux possible, ensemble. Il y a des tas de bouleversements devant nous. Des bouleversements hormonaux, la retraite un jour, les garçons qui quittent la maison. Ce temps qu’on a passé ensemble, c’est un investissement. Et s’il fallait qu’on y retourne, je n’aurais pas besoin d’y réfléchir longtemps. J’ai confiance en son thérapeute qui est un peu devenu le nôtre aussi. J’ai toute confiance en elle. Et je crois qu’un couple, ça se travaille. Peut-être que ça ne porte pas toujours ses fruits mais si je peux faire quoi que ce soit pour que ma femme soit plus heureuse et plus détendue, j’y vais. »

Depuis, Muriel a repris sa thérapie là où elle l’avait laissée : « C’était une parenthèse dont j’avais besoin. Mon thérapeute me connaît bien. J’avais besoin de me sentir bien entourée et accompagnée. Et c’est exactement ce que je suis donc ça tombe bien. »

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