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Tout comprendre du sadomasochisme | Santé Magazine

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Définition, qu’est-ce que le masochisme (lien avec le bdsm…) ?

Le Larousse donne la définition suivante : « Perversion sexuelle qui associe des pulsions sadiques et masochistes ». Faut-il y voir un mal-être dans cette pratique ? « Le sadomasochisme et le masochisme ne sont pas nécessairement des troubles psychologiques ou sexuels, à moins qu’ils ne causent une détresse psychologique significative ou qu’ils ne portent atteinte ou préjudice au bien-être psychique et/ou physique de la personne ou des autres. »

On peut aussi noter qu’il existe différents degrés et formes de sadomasochisme pouvant passer par des jeux de rôle récréatifs légers impliquant parfois la domination/humiliation, et/ou la douleur consensuelle avec des personnes ayant une pratique ponctuelle qui s’intègre dans une palette de sexualité variée et non exclusive du sadomasochisme : drying humping,technique du genou… » indique Sébastien Garnero, sexologue et Dr en psychologie. On peut retrouver à l’opposé des pratiques plus extrêmes avec des personnes qui pratiquent exclusivement le BDSM (bondage…).

Le sadomasochisme : son origine et son évolution

Le masochisme est un concept complexe qui trouve son origine à la fois dans la psychologie (masochisme psychique, prendre un certain plaisir à souffrir…) et dans la sexualité humaine (plaisir sexuel dans la douleur…). On retrouve aussi les origines livresques (Leopold von Sacher-Masoch, le marquis de Sade …), mais aussi dans les débuts de la sexologie (Richard von Krafft-Ebing) et dans la naissance de la psychanalyse avec Freud (concept de masochisme, de sadisme, du développement de la psycho sexualité …) après l’apogée de l’hypnose.

Sado ou maso, quelle différence ?

Le psychiatre Krafft-Ebing considérait le masochisme comme une forme de perversion qu’il définit comme une recherche du plaisir dans la douleur. De même, le sadisme désigne pour lui une perversion sexuelle dans laquelle la satisfaction est liée à la souffrance ou à l’humiliation infligée à autrui.

Quelles sont les causes du masochisme ?

Les raisons du « sadomasochisme et du masochisme en général » sont plurielles, complexes avec une grande variabilité interindividuelle. « Pour les formes très légères, version soft des pratiques BDSM intégrant des jeux de rôles, l’exploration de nouvelles zones érogènes, l’utilisation légère de la douleur ; il s’agit essentiellement de personnes qui recherchent à explorer de nouvelles facettes de leur sexualité, sans qu’il n’y ait de causes particulières » détaille Sébastien Garnero, sexologue clinicien.

Dans le cadre du « sadomasochisme pathologique », également connu sous le nom de « sadomasochisme clinique ou paraphilie sadomasochiste », il en est tout autre. « Ces classifications s’inscrivaient antérieurement dans le champ des perversions, des déviances que l’on qualifie aujourd’hui sous le terme générique de paraphilie » précise Sébastien Garnero. Dans le cadre de la dernière version de la classification internationale des troubles mentaux (DSMV) (source 1), elle fait référence également un trouble paraphilique caractérisé par des comportements, et des fantasmes masochistes ou sadomasochiste qui amènent une détresse significative, qui vont interférer avec le fonctionnement quotidien de la personne ou causer des dommages à elle-même ou à d’autres. « À partir du moment, où le trouble est caractérisée, il va poser des problèmes sur le plan psychologique, social ou légal et nécessitera une prise en charge spécialisée par des professionnels de santé mentale et sexuelle (psychiatre, psychologue clinicien, sexologue, psychothérapeute…) connaissant bien ce type de trouble psycho sexuel » ajoute le sexologue, Sébastien Garnero.

Les causes du « sadomasochisme pathologique » ou trouble paraphilique » sont souvent complexes et poly factorielle. Pour en citer quelques unes :

  • Des facteurs cérébraux, troubles neurologiques, ayant comme conséquence dysfonctionnements psychologiques, de personnalités pathologiques, de troubles comportementaux et sexuels ;
  • Personne issue de troubles psychologiques préexistants : dépression, anxiété, névrose sévère, troubles de la personnalité, antécédents de traumatismes susceptibles d’influencer des scénarios où l’on passe de la victime, à l’agresseur par inversion pulsionnelle ;
  • Histoire personnelle surchargée de traumatismes et d’expériences traumatisantes,  de maltraitance familiale, de violences plurielles (physique, sexuelle, psychologique…);
  • Problématiques relationnelles diverses avec difficultés à tisser des relations avec les autres, inhibition forte, carences affectives/éducatives importantes ; 
  • Modèles parentaux destructeurs, ou absence de structure familiale, exposition à des aspects familiaux déviants, incestueux, antisociaux…;
  • Vécu d’humiliation, d’agression, de violence, fixation à une sexualité prégénitale, régressive solitaire peu épanouie plus jeune…

Comment expliquer le désir chez certaines personnes de la domination / soumission ?

Les personnes qui pratiquent le sadomasochisme peuvent trouver leur plaisir dans la perte de contrôle, la sensation de vulnérabilité, les jeux de pouvoir, ou au contraire, dans le contrôle, la domination, le plaisir d’infliger la douleur, et aussi dans l’exploration des limites personnelles et sexuelles de chacun, et bien entendu dans le consentement mutuel.

Mode d’emploi pour se lancer dans l’expérience sadomasochiste ? (règles préalables, sécurité, hygiène, limites…)

Pour aborder positivement cette nouvelle exploration de la sexualité à deux, afin d’éviter tout potentiel préjudice physique ou psychologique qui pourrait en résulter, voici quelques indications de base conseillées par le sexologue :

  • Avoir une communication claire, ouverte, respectueuse des envies, désirs et limites de chacun ; 
  • Évoquer les différents types de fantasmes, jeux de rôles qui nous animent mutuellement ; 
  • S’assurer d’être tous les deux sur la même longueur d’ondes, d’être libre de pouvoir mettre fin à l’expérience à n’importe quel moment où on le souhaite  : consentement mutuel 
  • S’assurer d’une bonne hygiène des lieux et personnelle ainsi que des garanties physiques de sécurité à prendre en compte. À titre d’exemple : n’utiliser que des objets accessoire propres et désinfectés, attention et vigilance sur les pratiques pouvant induire une certaine douleur, bien définir ses limites ; 
  • Établir des codes à l’aide d mots ou d’attitudes pour signifier l’arrêt du jeu ou une gêne afin d’éviter toute confusion dans des moments délicats de l’expérience ;
  • Se préparer mentalement à cette expérience peut être important pour certaines personnes. Faire éventuellement des recherches personnelles en lisant des articles, revues, ressources diverses traitant de ce sujet afin de se préparer mentalement, mais aussi de faire le point sur ses motivations à vouloir développer ce type de pratique sexuelle ; 
  • S’assurer d’un respect mutuel entre les partenaires quel que soit le rôle jouer par l’un ou l’autre, il ne s’agit que d’un jeu convenu « être dominé ou dominant » et cela ne reflète en rien la valeur ou le lien que l’on peut avoir dans la vie « réelle ». Seul le respect et la confiance et l’un et l’autre sont donc essentiels ; 
  • Prendre conseils auprès de professionnels de la sexualité pour savoir si l’on veut vivre ce type d’expérience ou bien d’autres approches de la sexualité, ou s’il s’agit essentiellement d’un fantasme qui peut être tout à fait être suffisant à lui-même et en rester là ; 
  • Pouvoir rediscuter de cette expérience au travers d’un feed-back mutuel dans une perspective épanouissante de la sexualité.

Une inversion des rôles entre dominant(e) et dominé(e) est-elle possible ?

Effectivement l’inversion des rôles entre le·a dominant·e et le·a dominé·e est tout à fait possible et souvent pratiquée dans les contextes BDSM sadomasochistes et masochistes. Sébastien Garnero, Dr en psychologie.

Cette pratique est parfois appelée “switching”, où les partenaires échangent les rôles de dominant et de soumis.

Toutefois, si les partenaires ressentent le désir d’explorer les deux facettes de la dynamique sado et maso, la plupart ont une tendance plus forte à l’un ou l’autre des rôles. Le sexologue précise : « L’inversion des rôles dans le cadre de cette pratique peut permettre une compréhension plus fine et plus profonde entre les partenaires, et à terme améliorer leur connexion de couple comme dans d’autres pratiques sexuelle hors BDSM d’ailleurs. »

En quoi le film « 50 nuances de Grey » a-t-il influencer la pratique sadomasochisme ? Est-ce un bon exemple à suivre ?

Le film culte « 50 nuances de Grey » réalisé par Sam Taylor-Johnson avec Jamie Dornan a eu plusieurs influences sur la pratique du sadomasochisme :

  • Ouverture des débats et discussions sur les pratiques BDSM jusqu’alors réservés à des cercles spécifiques ; 
  • Popularité et démocratisation, d’une pratique un peu comme le soft Porn, le soft BDSM…;
  • Débat sur la notion de consentement, de limites, de respect… dans le cadre de ce type de pratique ;
  • Briser certains tabous sur les pratiques sexuelles BDSM

Toutefois, le film reste une fiction et dont le succès et ressort n’est pas que le BDSM, mais aussi le fantasme de séduction, et de la rencontre amoureuse entre une jeune femme pas très riche et l’équivalent de son prince riche, beau, plus âgé, puissant mais pas charmant, obsédé par le sexe et le sadomasochisme en particulier. « Même si celui-ci ne l’attire pas complètement, elle va succomber dans son univers et accepter son emprise pour explorer cette facette inconnue de la sexualité… » relève le Dr en psychologie, Sébastien Garnero. « Ce n’est donc pas un hasard si cela est devenu un film culte, il parle. »

Vouloir s’inspirer de ce film pour sa vie personnelle, ou l’avoir comme modèle pour développer ce type d’expérience dans le cadre de sa sexualité ne serait tout de même pas très réaliste. « Il s’agira en effet et davantage de se centrer sur soi, ses propres désirs, envies, et de les partager si possibles avec son partenaire sexuel pour se lancer dans la voie du sadomasochisme, et de tenir compte de sa propre sensibilité » nuance le sexologue, Sébastien Garnero.

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