Santé

Wendy (42 ans) et Thomas (44 ans), « Mon conjoint tenait le premier rôle lors de mes cauchemars »

Wendy et Thomas ont respectivement 42 et 44 ans. Ils sont en couple depuis 18 ans. Au début de leur histoire, Thomas est envoyé un an aux Etats Unis par l’entreprise où il a commencé à travailler. Wendy reste à Paris mais le couple décide de se donner une chance et vit leur relation à distance. 

Un début trop rapide

Wendy ne garde pas un bon souvenir de cette expérience : « Ça a précipité les choses pour nous deux. Quelques mois après notre rencontre, Thomas partait pour un an. Donc on s’est vite organisé comme un couple beaucoup plus installé. On a fait se rencontrer nos parents et nos amis, on a essayé de se donner une chance que ça dure en s’appelant tous les jours. Pendant que d’autres vivent un peu de mystère et de séduction pendant les premiers mois de la relation, nous on parlait de comment on allait s’organiser pour vivre ensemble à son retour, on parlait de son travail. Il m’appelait quand il avait fini sa journée et moi je commençais à peine la mienne. C’était un rythme un peu particulier, une routine. J’étais heureuse de lui parler mais j’aurais voulu autre chose pour nous deux. J’ai pu aller le rejoindre pendant trois semaines en prenant un congé sans solde. Ça, c’est un bon souvenir. »

On était déjà un vieux couple alors que ça faisait juste un peu plus d’un an

Quand Thomas rentre à Paris, il s’installe tout de suite avec Wendy : « On avait prévu de s’installer ensemble dès son retour. Je me suis mise à chercher un appartement plus grand. Ensuite, ça a été la suite de la routine. On était déjà un vieux couple alors que ça faisait juste un peu plus d’un an. Je me souviens qu’à l’époque, ça me rendait un peu triste. Mais ça marchait bien entre nous et il y avait de l’amour. C’est ce qui nous a fait tenir. C’est quelques années plus tard que les choses se sont gâtées. »

Amour cauchemardesque 

Wendy commence à faire des cauchemars terrifiants toutes les nuits : « Je rêvais que Thomas me tuait, qu’il était debout à côté de moi quand je dormais et qu’il n’avait pas de visage. Je me réveillais en hurlant et je mettais des heures à me calmer. La nuit, je ne lui faisais pas confiance. Et il n’y avait rien dans son comportement qui justifiait ça. On parlait d’avoir un enfant, au quotidien on était bien. Mais la nuit, j’avais peur de lui. »

Je ne savais pas que ses cauchemars tournaient autour de moi

C’est parce qu’il a passé un an à San Francisco que Thomas propose la thérapie de couple : « Là-bas, mes collègues en parlaient librement et une partie ne cachait pas qu’il en avait fait une avec leur femme ou leur mec. Je m’étais dit que c’était très sain. C’est la première solution à laquelle j’ai pensé quand Wendy m’a parlé de la récurrence de ses cauchemars. Je l’entendais hurler et j’avais vu ses réactions, elle refusait en particulier que je la prenne dans mes bras quand elle avait eu peur, mais je ne savais pas que tout tournait autour de moi. J’ai voulu qu’on fasse une thérapie de couple parce que je me sentais concerné et que je voulais savoir pourquoi elle pensait ça. Je ne voulais pas qu’elle se retrouve à en parler seule avec un psy comme si je n’étais pas concerné. Si j’étais le problème, je voulais participer à la solution. »

Elle a donné mon visage et mon corps à ses pires angoisses

En quelques séances, la psychologue met le doigt sur le problème de Wendy : « Wendy mettait mon visage sur ses cauchemars et ses peurs parce que j’étais la personne référente dans sa vie. Elle n’avait pas vraiment peur de moi. Elle avait peur d’être quittée et de se retrouver toute seule, peur qu’on lui « fasse du mal » au sens plus psychologique que physique. Elle a donné mon visage et mon corps à ses pires angoisses. Ça a été dur à accepter mais on en a énormément parlé. Et, après avec la psy et en solo, elle a travaillé sur ses insécurités. Moi, je me suis senti rassuré. Je n’avais rien fait de mal, même malgré moi. Et je l’ai rassurée aussi sur le fait que je me sentais pas insulté ou attaqué par ses cauchemars, qui sont des choses qu’elle ne maitrise pas. Je pense que la pire réaction de ma part aurait été de me mettre en colère, mais ce n’est pas ce que j’ai ressenti quand on a démêlé tout ça. Je me suis senti triste qu’elle vive autant dans la peur de se faire abandonner. »

Du cauchemar au conte de fée

Une fois le problème des cauchemars réglé, le couple décide de faire un enfant : « Nous sommes les heureux parents d’un garçon qui est maintenant un ado dans toute sa splendeur. Wendy a eu quelques phases de cauchemars quand il était petit. À chaque fois, elle a été d’elle-même voir la psychologue et ça s’est résolu en parlant. On sait qu’elle fonctionne comme ça. Elle garde toutes ses angoisses au fond d’elle et ça devient des cauchemars qui la terrorisent. Je suis là pour l’accompagner là-dedans. J’aurais aimé pouvoir être un chevalier ou un prince dans ses cauchemars pour pouvoir la protéger et terrasser ses démons. Mais je peux quand même l’accompagner au quotidien, l’inciter à me parler et pouvoir la soutenir en la serrant dans mes bras quand elle a peur. Ça n’est plus arrivé depuis. Je pense que c’est parce qu’on parle beaucoup. Mais si ça arrive à nouveau, je serai là pour elle. »

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