Santé

Ma première fois (à 32 ans) : Anne, « J’ai compris que j’étais asexuelle »

« J’avais 32 ans, et aucune expérience sexuelle, et tout cela me semblait à la fois tout à fait banal, et anormal. Dans mon esprit et mon expérience, le fait de n’avoir jamais couché avec personne n’était pas un problème. Cela ne me manquait pas, et je n’avais pas spécialement envie de cet échange charnel. Mais en même temps, j’étais gênée de n’avoir jamais connu ça, ce n’était pas quelque chose que je criais sur tous les toits. Je pense que c’est parce que tout le monde autour de moi parle de sexe, d’amour, assez librement, et à l’époque, on attend de moi que j’en fasse autant sur mon expérience et mes histoires. Sauf que je n’en ai aucune… je ne me masturbe même pas !

Plus jeune, j’ai fait des rencontres, mais cela n’a débouché que sur quelques baisers sans intérêt. L’occasion d’aller plus loin ne s’est jamais présentée, sans que je comprenne trop pourquoi. Passés mes 25 ans, j’ai un peu cherché à forcer le destin, et je me suis mis en tête une “mission dépucelage “. Ça n’a jamais fonctionné. Je rencontre un mec dans un bar, mais nous n’avons nulle part où aller. Un pote de pote me drague en soirée, on s’embrasse, mais je n’ai aucun désir pour lui. Un Italien me séduit en voyage, mais je n’arrive pas à me résigner à le suivre dans sa chambre… Il y avait toujours quelque chose.

Une colocation pour tout comprendre

Vers 31 ans, je m’installe dans une nouvelle colocation, avec une vague connaissance. Le type est drôle, hyper accueillant et assez vite, on devient potes. Au fil des mois, notre relation est de plus en plus ambiguë. On ne se quitte que rarement, notre complicité étonne tout le monde, et mes ami·es se demandent derrière mon dos si je vais enfin me caser ! Nous, nous vivions juste une espèce d’amitié surpuissante, sans aucun désir l’un pour l’autre.

Finalement, probablement influencée par mon entourage et poussée par ma curiosité, je décide que ça sera lui, mon premier amant. Je n’ai pas spécialement envie de son corps contre le mien, mais plutôt de sa tendresse, de ses câlins. Peu importe : je me lance. Après un dîner en tête à tête, je lui reparle de ma non-sexualité, et je lui explique que c’est avec lui que je voudrais explorer cet aspect “manquant “de ma vie. Il est un peu surpris de cette révélation qui tombe comme un cheveu sur la soupe, mais très attentif et ouvert à l’idée. On discute longuement, et on finit par se rapprocher physiquement. D’abord des caresses très douces, sur les bras, le long des cuisses, dans la nuque. On s’embrasse délicatement, à la commissure des lèvres, en s’effleurant. Petit à petit, on se déshabille et je découvre pour la première fois le corps d’un homme nu. Il est beau et aussi un peu intimidant. Je me dis que si je ne le connaissais pas autant et n’étais pas si à l’aise avec lui, je partirais probablement en courant.

Je le trouve donc beau, mais je ne me sens pas excitée. Je veux quand même aller au bout de ce moment, et expérimenter pour de vrai. Je n’ai pas attendu tout ce temps pour m’arrêter là, ou bâcler le truc ! Je caresse son pénis en érection en ayant un peu envie de rire, ou d’observer tout ça avec un œil d’anthropologue style “Aaah tiens c’est comme ça ? Drôle dis donc ! “. Mais je reste focus, et essaie de me concentrer sur mes sensations. Il donne de sa personne, essayant de me détendre et de me faire plaisir. Caresses en tous genres, baisers langoureux sur mon sexe, léchouillage de tétons… j’ai beau me prêter au jeu, je ne décolle pas. Je lui demande de me pénétrer, en pensant que peut-être, cela allait ouvrir les portes de ma sexualité. Rien. Comme si je m’étais dédoublée et que je me regardais faire l’amour d’en haut, sans aucune conviction.

Asexuelle heureuse

Après ce moment d’intimité physique, nous avons partagé un moment autrement plus intime. Totalement transparente, je lui confie que je n’ai rien ressenti de particulier, et qu’en réalité, jamais de ma vie je n’ai eu de désir sexuel pour quelqu’un. Il évoque alors ma possible asexualité, et tout s’éclaire. Je n’en avais jamais vraiment entendu parler, mais d’un coup, tout fait sens. Les occasions “manquées “, mon désintérêt total pour le sexe, mes sensations physiques inexistantes. Moi qui pensais n’avoir pas fait les bonnes rencontres et être un peu la vieille fille de la bande, j’avais enfin un terme à mettre sur mon orientation sexuelle. En une soirée, je comprenais que, comme la plupart des gens, je pouvais tomber amoureuse, mais que, contrairement à la majorité des personnes qui m’entourait, je n’aurai jamais aucune attirance sexuelle pour quiconque.

Nous avons vécu une belle histoire d’amour, et nous avons couché ensemble quelques fois, quand j’en ai eu envie. Il ne s’agissait jamais d’un désir incandescent, mais plutôt d’instants pleins de tendresse et de complicité. Après lui, j’ai eu d’autres histoires d’amour avec des hommes et des femmes, mais il reste à ce jour mon seul partenaire sexuel. J’ai 43 ans, et je suis presque sûre que je ne coucherai plus jamais de ma vie avec quelqu’un ! Eh oui, j’en suis très heureuse, merci ! »

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