Santé

Pourquoi le rugbyman a les oreilles si abimées ?

Othématome : une pathologie du lutteur, du rugbyman et du judoka

Au niveau de la face antérieure du pavillon de l’oreille, la peau est étroitement adhérente au périchondre – à savoir la membrane de tissu conjonctif qui enveloppe le cartilage – du fait de l’absence de tissu sous-cutané. Ainsi, lors de traumatismes répétés liés aux contacts lors de la mêlée en particulier, la face antérieure est souvent soumise aux ruptures du périchondre. « Il s’agit d’une rupture vasculaire entre le périchondre et le cartilage, provoquant un saignement et la formation d’un hématome : on parle d’othématome » décrit le Dr Durand.
Cet othématome se caractérise par une tuméfaction, souvent douloureuse et violacée, au niveau de la face antérieure du pavillon.

L’othématome correspond à la phase aigüe de la pathologie et c’est à ce moment là que la prise en charge doit être faite pour éviter que les oreilles ne gardent cet aspect déformé en chou-fleur. Dr Nicolas Durand, médecin ORL

L’othématome n’est pas uniquement l’apanage des rugbymen, et peut concerner tous les sports de contact et de combat tels que le judo, le MMA, la lutte ou encore le kick-boxing.

Explications : Comment se forment les oreilles boursouflées dites « en chou-fleur » ?

L’othématome correspond donc à la phase aiguë de la déformation de l’oreille. « L’aspect en chou-fleur que l’on voit chez les anciens joueurs est la conséquence à long terme d’une succession d’othématomes insuffisamment évacués. Une brèche se forme dans le périchondre, permettant aux cellules qui fabriquent le cartilage de venir coloniser l’hématome, et provoquant à terme une nécrose et une déformation de la structure cartilagineuse du pavillon de l’oreille » détaille le spécialiste. 

Quelles sont les complications possibles ?

En phase aiguë d’othématome, les principales complications possibles sont l’inflammation du cartilage – chondrite – ou l’infection du périchondre – périchondritenécessitant des soins antiseptiques et une antibiothérapie prolongée. Cette infection nécessite d’être traitée rapidement au risque qu’elle n’évolue vers une nécrose voire une destruction du tissu cartilagineux.

Traitement : Comment évacuer l’hématome et soigner l’oreille en chou-fleur ?

La première chose à faire en cas d’othématome, est d’évacuer la collecte de sang dans le pavillon, pour éviter l’aspect cicatriciel. 
 « Les joueurs doivent être ponctionnés rapidement, dans les jours qui suivent le traumatisme » insiste le spécialiste. 
S’il existe plusieurs techniques, la plus simple et la moins invasive consiste à ponctionner l’hématome à l’aide d’une aiguille de bon calibre (18 Gauges), dans des conditions strictes d’asepsie et sous anesthésie locale.

« Si hématome est trop ancien ou récédivant, on préfèrera un drainage chirurgical au bloc, à l’aide d’une incision au niveau de l’hématome » précise le Dr Durand.

Quid de la chirurgie esthétique ?

Une fois que les lésions sont cicatricielles et que l’oreille a cet aspect de chou-fleur, il existe des gestes de chirurgie esthétiques qui peuvent être proposés pour tenter de redonner une forme normale à l’oreille. « Il s’agit d’une résection modelante durant laquelle le cartilage abimé est enlevé. Mais les résultats sont globalement peu satisfaisants et le risque d’infections est réel » tempère le chirurgien. Cette malformation n’a par ailleurs généralement aucun impact sur la santé.
 

La chirurgie réparatrice est quoiqu’il arrive rarement demandée par les joueurs, qui voient en ces oreilles en chou-fleur comme un signe d’appartenance à la grande famille du rugby professionnel et en retirent même parfois une certaine fierté.

A l’image de l’ancien joueur du XV de France, Marc de Rougemont, qui parle toujours avec plaisir de ses oreilles déformées. 

Comment protéger les oreilles au rugby ?

La prévalence des othématomes a beaucoup diminuée depuis le début des années 2000, suite à des adaptations des règles, en particulier concernant la mêlée. « La phase d’entrée en mêlée est notamment devenue moins brutale. Les joueurs doivent être placés avant de pousser, alors qu’auparavant, ils rentraient brutalement dans la mêlée » décrit le spécialiste. 

Les risques sont très variables en fonction des postes. « Les plus impactés par les blessures de l’oreilles sont sont qui jouent devant, sur les 3 premières lignes, à savoir les numéros 1 à 8 » souligne le Dr Durand.

Pour ces joueurs, la prévention passe principalement par le port de protections – bandeau ou casque – et l’application de vaseline, permettant que la peau glisse et limitant ainsi les risques de déchirement de la membrane du tissus conjonctif.

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