Santé

Bertrand, 43 ans : « Elle savait que je ne voulais pas d’un troisième enfant, malgré tout, elle a décidé de le faire »

« Avant de rencontrer ma femme, je ne croyais pas du tout au coup de foudre, confie Bertrand*. Pour moi, ces choses-là n’arrivaient qu’au cinéma, dans les films à l’eau de rose. Et pourtant, dès que j’ai vu Caroline, j’ai su que c’était elle. Je ne pourrais pas expliquer pourquoi j’ai eu immédiatement cette intuition – peut-être parce qu’elle était tout simplement belle, sexy et intelligente ? -, mais j’étais sûr et certain d’avoir envie de passer le restant de ma vie avec cette femme-là ».

Dix-huit mois après leur premier baiser, l’architecte et la professeure de français se marient, à la mairie du XVIIe arrondissement de Paris. À peine deux ans plus tard, la famille s’agrandit avec l’arrivée de Lou-Rose, suivie, dans la foulée, de Thalie. « Au milieu de mes trois femmes, je me sentais comblé, se souvient le père de famille. J’étais toujours aussi amoureux de Caroline. Je trouvais que la maternité l’avait rendue encore plus sublime, plus désirable. Quant à nos deux filles – mes princesses -, elles étaient le prolongement et la concrétisation de notre amour. J’étais fou d’elles ».

Les premiers temps de la vie à quatre avaient été intenses, surtout après la naissance de la cadette du couple. « Pendant près de deux ans, Thalie, qui avait des reflux gastro-oesophagien, a pleuré en continu, raconte Bertrand. Le soir, Caroline et moi, on se relayait toutes les trente minutes pour aller la bercer et la consoler. Notre aînée, qui dormait jusqu’alors comme un loir, a du coup, elle aussi, été perturbée dans son sommeil. Elle se réveillait plusieurs fois dans la nuit et restait souvent éveillée plusieurs heures d’affilée dans sa chambre, la lumière allumée. Il lui arrivait aussi parfois de refuser d’aller se coucher, ce qui n’arrivait auparavant jamais. Bref, cette période n’a pas été de tout repos, au propre, comme au figuré ».

Elle a commencé à me parler d’un petit troisième

Ce mauvais moment passé, Bertrand se dit qu’ils vont pouvoir enfin souffler et profiter de la vie de famille dans la joie et la bonne humeur. « Nous avions honnêtement tout – une belle maison et suffisamment d’argent – pour être heureux, glisse le quadragénaire. Depuis que les filles avaient grandi, je trouvais que notre quotidien était franchement formidable – on était soudés et on faisait plein de choses ensemble – et, moi qui suis fils unique, je trouvais qu’être quatre, c’était vraiment idéal. Je me sentais au complet et ne me voyais pas un instant modifier cet équilibre. Je pensais sincèrement que Caroline voyait les choses du même oeil que moi… Jusqu’à ce jour où, sans doute titillée par son horloge biologique interne, elle a commencé à me parler d’un petit troisième. Elle y pensait déjà depuis un moment, m’a-t-elle avoué, sans avoir osé abordé le sujet avec moi ».

La paternité ? C’est terminé (ou pas)

Bertrand, qui avait déjà eu, par le passé, des discussions avec son épouse concernant les familles nombreuses, est alors très clair : il adore être père, mais il ne veut plus l’être. « Il n’y avait pas que le souvenir des nuits blanches qui me freinait, explique-t-il. Les couches, les biberons, les crises de larmes… je n’avais plus envie de ça non plus. Je ne me sentais plus capable de donner de mon énergie et de mon temps à un autre enfant. En mon for intérieur, je savais même que c’était la dernière chose que je souhaitais ».

J’avais le sentiment désagréable qu’elle s’était servi de moi

Après cette mise au point, Bertrand se sent plus léger. Pour lui, le « dossier » est définitivement classé. D’autant que Caroline, bien que clairement déçue, semble avoir entendu et compris ses arguments. Elle le remercie même de son honnêteté. Las, c’était sans compter sur son puissant désir d’être une nouvelle fois mère. « Lorsque, quelque huit semaines plus tard, je l’ai vu s’asseoir au bord de notre lit, l’air embarrassé, j’ai tout de suite compris, lâche Bertrand. Elle m’a montré son test de grossesse et moi, bonne pâte, je l’ai aussitôt prise dans mes bras, en lui disant que tout allait bien se passer et qu’on allait y arriver. À ce moment précis, je n’avais pas le cœur à lui faire des reproches ».

Il n’empêche : plus le ventre de Caroline s’arrondit et plus Bertrand se sent trahi. « J’avais le sentiment désagréable qu’elle s’était servi de moi, qu’elle m’avait manipulé explique-t-il. Elle savait que je ne voulais pas d’autre enfant. Ce genre de projet ne se décide pas de manière unilatérale. Je n’arrivais pas à accepter l’idée qu’elle ait pu passer en force et me faire un bébé dans le dos ». Très présent lors des deux premières grossesses de son épouse, le père de famille peine, cette fois, à s’investir, préférant concentrer toute son énergie sur ces filles. « Je ne l’ai pas accompagnée une seule fois aux échographies, avoue-t-il, avec un soupçon de remords dans la voix. Sans le vouloir, j’étais même souvent agressif avec elle. Et comme elle était fatiguée, ça n’arrangeait rien. On s’est beaucoup écharpés pendant ces neuf mois  ».

Auguste est né il y a tout juste un an.  « C’est un adorable petit garçon qui se marre tout le temps, confie Bertrand. Je l’aime depuis qu’il est arrivé au monde. Autant que ses grandes sœurs. Nous avons doucement pris nos repères à cinq, même si les journées sont, on ne va pas se mentir, souvent rock’n roll ». Et Caroline ? « Elle reste la femme de ma vie, assure Bertrand. Pour autant, je sais que cet événement, dont on évite soigneusement de parler, a bel et bien créé une fissure dans notre couple ».

* L’identité a été modifiée.

 

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