Santé

Comment gérer la reprise du travail après le congé maternité ?

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Vous êtes encore en congé maternité et vous apprêtez à reprendre le travail ? Soyons honnêtes, la période de transition n’est pas toujours simple à vivre sur le plan émotionnel et logistique. Mais il existe heureusement plusieurs options pour trouver du soutien et concilier au mieux votre maternité et votre vie professionnelle ! On fait le point avec Eliette Bruneau, sage-femme libérale et présidente de l’association nationale des sages-femmes libérales (ANSFL).

Rappel : combien de temps dure le congé maternité ?

Commençons par le commencement : le congé de maternité est un droit inscrit dans la loi française, dont toutes les femmes enceintes peuvent bénéficier. Il s’agit d’une période pendant laquelle les femmes concernées cessent temporairement leur activité professionnelle pour se reposer avant la naissance de leur bébé, puis pour se remettre de leur accouchement et partager les premières semaines de vie de leur nouveau-né.

On distingue donc la période prénatale, qui commence quelques semaines avant la date prévue de l’accouchement, et la période postnatale, qui s’étend plus ou moins longuement après l’accouchement. Leur durée légale respective varie selon le nombre d’enfants que vous attendez et le nombre d’enfants que vous avez déjà eus, rappelle Eliette Bruneau :

  • Pour une salariée du secteur privé qui attendrait son premier ou son deuxième enfant, le congé peut commencer six semaines avant la date du terme prévue et se poursuivre jusqu’à dix semaines après, soit seize semaines en tout.
  • Pour une salariée du secteur privé qui attendrait son troisième enfant, comptez huit semaines avant la date du terme prévue et dix-huit semaines après, soit vingt-six semaines au total.
  • Vous attendez des jumeaux ? Votre congé maternité pourra commencer douze semaines avant le terme et prendre fin vingt-deux semaines plus tard, soit trente-quatre semaines en tout.
  • Et s’il s’agit de triplés (voire de quadruplés ou plus), vous pourrez partir en congés vingt-quatre semaines avant et vingt-deux semaines après, soit quarante-six semaines en tout.

À noter : cette période est fixée par le Code du travail, mais les conventions collectives peuvent parfois offrir des conditions plus avantageuses (source 1). Par ailleurs, plusieurs raisons justifient un allongement du congé maternité, note la sage-femme.

Comment prolonger son congé maternité après l’accouchement (arrêt maladie, congé pathologique, congé parental d’éducation, etc.) ?

La première possibilité consiste simplement à décaler les semaines du congé prénatal : « Les femmes qui se sentent suffisamment en forme peuvent demander à travailler un peu plus longtemps avant l’accouchement et prolonger leur congé postnatal », explique Eliette Bruneau.

Un congé pathologique postnatal de quatre semaines maximum peut aussi être prescrit par un(e) médecin à la mère qui vient d’accoucher, en cas de pathologie résultant de l’accouchement (article L 1225-21 du Code du travail), prévient l’experte. Et d’insister : « Si vous êtes en proie à une dépression post-partum, n’hésitez pas à consulter votre médecin qui pourra éventuellement vous prescrire un arrêt maladie ».

Enfin, si vous souhaitez consacrer plus de temps à votre bébé, vous pouvez demander à bénéficier d’un congé parental d’éducation (non rémunéré par l’employeur), qui permet d’interrompre ou de réduire son activité professionnelle. Ce congé a une durée initiale d’un an au maximum et peut être prolongé deux fois, sans toutefois excéder la date du troisième anniversaire de l’enfant, précise le ministère du travail (source 2).

Bon à savoir : si vous justifiez bien d’un an d’ancienneté dans l’entreprise à la date de naissance de votre enfant, votre employeur ne peut vous refuser le congé parental d’éducation.

Quelles sont les peurs et les difficultés les plus courantes des jeunes mères face à la reprise du travail ?

Certaines femmes ont plus de mal que d’autres à reprendre leur activité professionnelle après la naissance de leur(s) enfant(s). Trouver un équilibre entre les exigences professionnelles et les responsabilités parentales peut être éprouvant et le sentiment de jongler entre les deux peut entraîner du stress et de l’épuisement – d’autant que les stéréotypes liés à la maternité au travail sont nombreux.

  • De nombreuses mères ressentent une culpabilité à l’idée de laisser leur enfant pour retourner au travail, ce qui peut impacter leur retour au travail et se répercuter sur leur motivation, leur concentration, voire leur efficacité…
  • Trouver un équilibre entre les responsabilités professionnelles et familiales peut être un défi. Les jeunes mères peuvent craindre de ne pas pouvoir consacrer suffisamment de temps à leur enfant tout en répondant aux exigences de leur emploi.
  • La coordination des soins de l’enfant, le choix du mode de garde, qu’il s’agisse de la crèche, d’une assistante maternelle ou d’un membre de la famille, et la mise en place d’une routine familiale peuvent aussi susciter du stress et des inquiétudes.
  • La gestion du stress lié à la conciliation travail-famille peut être épuisante et les femmes concernées peuvent craindre de ne pas pouvoir faire face à la pression et de compromettre leur bien-être mental et physique.
  • Certaines mères s’inquiètent aussi de maintenir un niveau de productivité suffisant au travail tout en répondant aux besoins de leur enfant. Elles peuvent craindre d’être jugées ou de ne pas être en mesure de gérer les deux rôles efficacement
  • La flexibilité des horaires de travail et la possibilité de disposer d’aménagements tels que le télétravail peuvent aussi être des préoccupations importantes. Lorsque cela est possible, ces arrangements permettent de concilier plus facilement travail et famille.
  • Il est aussi tout à fait normal d’avoir peur que la maternité affecte négativement la trajectoire professionnelle : certaines femmes craignent encore bel et bien que leurs enfants soient un obstacle dans leur carrière. D’autres ont peur d’accumuler les retards ou d’avoir perdu en compétence pendant leur congé maternité.
  • Sans compte que certaines femmes peuvent être confrontées à des préoccupations financières liées aux coûts de la garde d’enfants, aux dépenses courantes liées à la naissance, ou à une réduction éventuelle du temps de travail.

Pour toutes ces raisons, il est indispensable de soutenir les jeunes mères et de les aider à se confier ouvertement à leur famille, à leurs amis, ou même à leurs collègues, et surtout à leur partenaire, car le couple est parfois mis à rude épreuve par la naissance d’un enfant qui bouleverse la dynamique en place à de nombreux niveaux, note Eliette Bruneau.

Vous avez très envie de reprendre le travail après l’accouchement ? Ne culpabilisez pas !

Il est tout à fait normal que certaines femmes aient très envie de reprendre le travail après l’accouchement, soit par impératif financier, soit par désir d’indépendance, soit parce qu’elles sont très épanouies à leur poste et veulent se sentir utiles, soit parce qu’elles souhaitent reprendre une vie sociale, soit parce qu’elles briguent de grandes aspirations professionnelles et ont peur de manquer certaines occasions.

Les femmes doivent être libres de prendre des décisions en fonction de leurs valeurs, de leurs objectifs et de leurs besoins, sans être critiquée, jugées ou culpabilisées. Au risque d’enfoncer une porte ouverte, les jeunes mères peuvent être compétentes, attentionnées et aimantes tout en poursuivant leur carrière professionnelle, si tel est leur choix ! Eliette Bruneau, sage-femme libérale.

Comment gérer la reprise du travail après bébé (temps partiel, télétravail, etc.) ?

La clé d’une reprise réussie réside en grande partie dans la planification précoce. Avant de reprendre le travail, prenez le temps d’élaborer un plan d’action qui inclut les modalités de garde d’enfants, vos horaires de travail et les ajustements nécessaires éventuels. Pour que tout se passe au mieux, veillez aussi à instaurer une communication ouverte avec votre employeurconcernant vos besoins et vos préférences.

Préparez-vous émotionnellement :

Vous l’aurez deviné, la reprise du travail peut être émotionnellement chargée (anxiété, culpabilité, stress, etc.). Il est donc crucial de vous donner le temps nécessaire pour vous adapter à votre nouvelle réalité. Parler de vos préoccupations avec votre partenaire, vos amis ou même un(e) professionnel (le) de santé mentale peut s’avérer très bénéfique.

Choisissez une solution de garde adaptée :

La question de la garde d’enfants est cruciale lors de la reprise du travail. Explorez les options disponibles, qu’il s’agisse de crèches, de garderies ou d’une garde à domicile. Assurez-vous que la personne ou l’établissement choisi soit fiable et en accord avec vos valeurs éducatives. Une transition en douceur pour votre enfant facilitera également votre adaptation au travail.

Restez connectée avec votre entreprise :

Si le cœur vous en dit, avant la reprise officielle, entrez en contact avec votre employeur ou vos collègues. Cela vous permettra de vous familiariser avec les mises à jour professionnelles et les changements survenus pendant votre absence. Un retour progressif à la communication professionnelle peut permettre de réduire le choc de la reprise du travail et favoriser le dialogue avec votre employeur concernant vos besoins en termes d’horaires et d’aménagements de poste.

Recommencez progressivement le travail

Si possible, envisagez de reprendre le travail à temps partiel au début : cela peut faciliter la transition pour vous et votre bébé. Et si votre employeur le permet, discutez de la possibilité de télétravailler quelques jours par semaine pour concilier plus facilement les responsabilités professionnelles et familiales. Assurez-vous toutefois d’avoir l’espace et les équipements nécessaires pour travailler dans des bonnes conditions.

Créez un environnement de travail adapté

Que vous optiez pour le temps partiel ou le télétravail, assurez-vous de travailler dans un environnement propice à la concentration. Définissez un espace précis où vous installer, minimisez les distractions et envisagez des ajustements ergonomiques pour vous assurer un confort optimal (grand écran, chaise de bureau confortable, repose pieds, bureau assis-debout, etc.).

Organisez une routine solide et établissez des limites claires

Que vous travailliez à temps partiel ou à plein temps, à la maison ou non, établissez des limites claires entre le travail et la vie personnelle. Cela peut paraître évident, mais le fait de s’astreindre à une routine quotidienne qui inclut des plages horaires dédiées au travail, à la famille et à vous-même permet de réduire le stress.

Acceptez le soutien d’autrui et prenez soin de vous

Il est parfois difficile de demande l’aide, mais il faut pourtant bien accepter le soutien de votre réseau social. Votre famille, vos amis ou d’autres parents ont certainement partagé vos expériences et vous offriront un soutien émotionnel précieux. Si vous vous sentez seule ou dépassée, n’hésitez pas à faire appel à votre sage-femme, à votre médecin ou à la protection maternelle et infantile (PMI), insiste Eliette Bruneau. Par ailleurs, n’oubliez pas de penser à vous et assurez-vous de consacrer du temps à votre propre bien-être !

Envisager un changement de poste ou une reconversion

La naissance de votre enfant vous fait peut-être revoir vos ambitions professionnelles. Avant d’envisager une démission ou un changement total de métier, vous pourriez commencer par demander un changement de poste au sein de votre entreprise ? Le cas échéant, envisagez un bilan de compétence et une reconversion professionnelle en vous assurant d’avoir suffisamment de soutien logistique pour vous aider en cas de besoin.

Comment retrouver l’envie de reprendre le travail après un congé maternité ?

Vous manquez de motivation après votre congé maternité ? Ces quelques conseils pourront peut-être vous aider…

  • Accordez-vous le temps nécessaire pour vous adapter à cette nouvelle phase de votre vie, il est normal de ressentir une certaine appréhension.
  • Réfléchissez à ce qui est vraiment important pour vous à ce moment de votre vie. Identifiez vos priorités, que ce soit passer du temps de qualité avec votre enfant, maintenir un équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle, ou atteindre des objectifs professionnels spécifiques.
  • Fixez-vous des objectifs clairs et réalistes au travail. Cela favorisera peut-être un sentiment de direction et d’accomplissement !
  • Si vous avez pris un congé maternité prolongé, il peut être utile de mettre à jour vos compétences professionnelles. Suivez des formations, participez à des ateliers ou engagez-vous dans des activités qui vous permettent de rester à jour dans votre domaine et de raviver votre intérêt.
  • Au risque de nous répéter, discutez ouvertement de vos préoccupations, de vos besoins et de vos attentes concernant le retour au travail avec vos employeurs ou vos responsables RH.
  • Cherchez du soutien auprès de votre entourage, de collègues qui ont vécu une expérience similaire, ou rejoignez des groupes de soutien de parents. Partager vos préoccupations avec d’autres personnes peut vous aider à vous sentir comprise et soutenue.
  • Rappelez-vous de vos réussites professionnelles antérieures, cela peut renforcer votre confiance en vous et vous rappeler que vous avez la capacité de réussir dans votre carrière.

Quels sont les droits des jeunes mères qui reprennent le travail ?

Visite médicale de reprise, entretien professionnel, maintien du salaire, congés payés… Plusieurs garanties légales vous protègent lorsque vous réintégrez votre emploi à l’issue de votre congé de maternité :

  • Votre employeur doit organiser une visite médicale dans les 8 jours suivant le retour de la salariée. Elle a pour objectif d’évaluer la compatibilité du poste de travail avec la santé de la salariée, d’examiner les éventuelles propositions d’aménagement, et d’émettre, si nécessaire, un avis d’inaptitude. À noter : si cette visite ne peut avoir lieu pendant les heures de travail, le temps nécessaire est rémunéré comme du temps de travail effectif.
  • Lors de la reprise, l’employeur doit proposer un entretien dédié aux perspectives d’évolution professionnelle de la salariée, sans évaluation de son travail (article L. 6315-1 du Code du travail). Cet entretien inclut des informations sur la validation des acquis de l’expérience et le compte personnel de formation.
  • À la fin du congé de maternité, la salariée a le droit de retrouver son emploi ou un emploi similaire avec la même rémunération. Aucun changement de contrat ne peut être imposé, et en cas d’indisponibilité du poste précédent, l’employeur doit proposer un emploi équivalent.
  • Aucun licenciement n’est autorisé dans les 10 semaines suivant la fin du congé de maternité ou durant la période de congés payés posés immédiatement après le congé de maternité. Cependant, des exceptions existent en cas de faute grave ou d’impossibilité de maintenir le contrat pour des raisons non liées à la maternité.
  • La salariée, elle, peut démissionner à la fin du congé de maternité pour se consacrer à son enfant. Si elle souhaite ré-intégrer l’entreprise ultérieurement, elle bénéficiera d’une priorité de réembauche.
  • À son retour, la salariée bénéficie d’une rémunération majorée incluant les augmentations générales et individuelles perçues pendant son congé. L’augmentation prévue par la loi ne peut pas être remplacée par une prime exceptionnelle. Par ailleurs, les congés payés non pris sont bel et bien maintenus au retour de la salariée.
  • Enfin, la salariée a le droit d’allaiterpendant ses heures de travail. Pendant un an, elle bénéficie même d’une réduction du temps de travail d’une heure par jour (30 minutes le matin et 30 minutes l’après-midi). Toutefois, si un local dédié à l’allaitement est mis à disposition, cette période est réduite à 20 minutes.

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