Santé

Disparition d’Émile : « ça aurait pu être ma fille », pour les parents, comment faire face à l’angoisse ?

La France entière retient son souffle depuis que le petit Émile a disparu. Le garçonnet de deux ans et demi, qui jouait dans la maison de vacances de ses grands-parents, dans le hameau du Haut-Vernet (Alpes-de-Haute-Provence), a échappé à leur surveillance samedi 8 juillet. Un instant d’inattention aura suffi pour que la petite tête blonde aux yeux marron se volatilise. Deux témoins l’auraient aperçu en train de déambuler, sur une dizaine de mètres de la rue descendante. Mais après deux jours de battues, et 48 heures de « ratissage judiciaire », les recherches ont pris fin mercredi 12 juillet dans la soirée, et le bambin reste introuvable. 

Dans la région, ainsi qu’à des milliers de kilomètres du village, l’angoisse monte et de nombreux parents se projettent. « Je suis tellement mal, ça aurait pu arriver mille fois à mon fils », « l’affaire d’Émile me glace le sang, je ne cesse de me dire que ça aurait pu arriver à mon petit frère », lit-on sur Twitter. Une réaction naturelle, souligne Catherine Verdier, psychologue-thérapeute-analyste pour enfants et adolescent·es. « C’est un événement traumatique collectif, dans le sens où il n’y a pas d’explication. Et sans explication, tous les scénarios sont possibles et l’imagination peut vite s’emballer », explique l’experte. « Tout adulte ayant des enfants peut se projeter dans cette situation-là, en se disant qu’il pourrait lui arriver la même chose. »   

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« Il faut que tout le monde se fasse confiance »    

Si l’intensité peut varier en fonction de la proximité géographique avec le lieu de la disparition, les conséquences émotionnelles sont multiples. « Certains parents peuvent craindre de laisser leurs enfants seuls, en les surprotégeant parfois. Des cauchemars peuvent également survenir, et cette frayeur peut devenir insupportable à vivre pour les adultes », observe Catherine Verdier. Alors, comment prendre du recul ? Comment apaiser ce stress parfois insoutenable ? « Il faut garder en tête que cet événement est tout à fait particulier, et extraordinaire, c’est-à-dire hors de l’ordinaire, indique la psychothérapeute. Une des rares choses que l’on puisse faire, c’est s’occuper de soi pour essayer de mettre à distance. »   

 « Depuis la disparition d’Émile, ma maman est totalement paniquée »

Si ce type d’événement traumatique est rare, les chiffres peuvent sembler vertigineux. En France, la disparition d’un enfant est signalée toutes les 12 minutes, selon un rapport de 116 000 Enfants Disparus, le numéro d’urgence géré par la fondation Droit d’Enfance. Plus de 40 000 mineurs ont été portés disparus en France en 2022. Aussi, la disparition du petit Émile résonne dans l’histoire de certaines familles. Il y a quelques années, la fille de Jeanne*, alors âgée de deux ans et demi, a échappé à la surveillance de ses grands-parents, en quittant le jardin de la maison familiale à vélo. « Mes parents l’ont cherchée partout, et l’ont retrouvée dans le champ d’à côté », raconte la jeune maman. « Quand j’ai appris la disparition du petit Émile, je me suis dit qu’il aurait pu arriver la même chose à ma fille. » Et cette angoisse touche aussi les grands-parents. « Depuis la disparition d’Émile, ma maman est totalement paniquée », confie Marianne*, mère de deux enfants, respectivement âgés de 3 ans et 4 mois.

Catherine Verdier tient à rassurer les familles : « Il faut que tout le monde se fasse confiance, et faire attention à ne pas surprotéger les enfants. Que ce soient les parents ou un tiers, personne ne peut avoir une vigilance de tous les instants. L’enfant ne peut pas rester en permanence sous leurs yeux », souligne-t-elle. En ce sens, l’experte recommande de faire garder ses enfants en petits groupes, pour gagner en vigilance, quand cela est possible. « Ça permet aux enfants de se surveiller entre eux, de voir ce qu’il se passe, et d’alerter quelqu’un si besoin. »  

« Protéger les enfants, physiquement et émotionnellement » 

Par ailleurs, Catherine Verdier appelle les adultes à ne pas transmettre leurs émotions aux plus petits. « Il faut essayer au maximum de ne pas paniquer, même si c’est difficile, car les enfants ressentent la panique des parents. Éviter de partir dans des scénarios catastrophes, protéger les plus jeunes physiquement mais aussi émotionnellement, pour qu’ils se sentent en sécurité avec des adultes. »

Pour autant, faut-il mettre en garde les enfants ? Comment leur parler pour éviter qu’un malheureux événement se produise ? « Ce sont toujours les mêmes recommandations et précautions d’usage : on attend toujours l’adulte qui nous garde, on lui obéit, et on l’informe toujours de là où on est et de ce qu’on veut faire. Bien rappeler aux enfants de ne jamais monter dans la voiture d’un inconnu, et de ne pas accepter les bonbons. » Enfin, si les enfants paraissent inquiets dans ce contexte anxiogène, « on peut leur demander de dessiner ce qu’ils pensent ou ce qu’ils ressentent, pour répondre exactement à leurs questions, sans surinterpréter leurs émotions. »  

(*) Les prénoms ont été modifiés.

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