Santé

Et si le prochain antibiotique créé provenait de notre nez ?

Epifadine. Ce mot ne vous dit sans doute rien, pourtant il pourrait bientôt entrer dans notre quotidien. Il s’agit en effet d’un potentiel nouvel antibiotique, du moins si l’on en croit les résultats d’une nouvelle étude, parue ce 18 décembre 2023 dans la revue Nature Microbiology (source 1).

Une équipe de recherche rapporte en effet avoir isolé pour la première fois le principe actif épifadine, une molécule produite par des bactéries présentes dans le microbiote du nez et dont l’effet antibiotique intéresse la communauté médicale.

Un effet intéressant contre le staphylocoque doré

Dans le détail, cette molécule est produite à partir de souches spécifiques de l’espèce bactérienne Staphylococcus epidermidis, présente sur la muqueuse de la paroi interne du nez. Car notre intestin n’est pas le seul organe à détenir son propre écosystème, son propre microbiote (ou flore). La peau, le nez, la bouche… D’autres parties du corps ont leur propre communauté microbienne, qui sert entre autres de défense contre différents pathogènes.

Ainsi, la substance épifadine produite par Staphylococcus epidermidis agirait non seulement contre les bactéries en compétition avec ce staphylocoque, mais aussi contre les pathogènes provenant d’autres habitats. Elle serait particulièrement efficace contre le célèbre staphylocoque doré, ou Staphylococcus aureus, bactérie redoutée de par sa résistance croissante aux antibiotiques usuels.

Lors des expériences menées pour cette étude, l’épifadine a tué “de manière fiable” le pathogène Staphyloccocus aureus, détruisant ces bactéries en endommageant leur membrane cellulaire. Le hic, si l’on peut dire, c’est que l’épifadine est extrêmement instable et donc difficile à manipuler. La substance n’est active que quelques heures, et a donc un effet principalement local. L’avantage de cela, c’est que cette substance pourrait aboutir à un antibiotique ciblé, sans risque de dommages collatéraux comme c’est le cas pour les antibiotiques à large spectre d’action.

De l’urgence de trouver de nouveaux antibiotiques

Les données du laboratoire étaient extrêmement intéressantes, mais difficiles à interpréter en raison de leur instabilité. Malgré les difficultés, j’ai pensé qu’il valait la peine de poursuivre les recherches dans ce domaine. La ténacité et une grande tolérance à la frustration ont finalement conduit au succès”, a résumé à propos de cette démarche Bernhard Krismer, premier auteur de l’étude et chercheur à l’Université de Tübingen (Allemagne), dans un communiqué (source 2).

Le développement de nouveaux antibiotiques stagne depuis des décennies. Mais nous en avons plus que jamais besoin, car ces dernières années, nous avons enregistré une augmentation rapide du nombre de microbes multirésistants dans le monde”, a ajouté Andreas Peschel, qui a dirigé l’étude. “Il est difficile de contrôler ces infections et nos antibiotiques de réserve n’ont plus un effet aussi puissant. Nous avons un besoin urgent de nouvelles substances actives et de nouvelles méthodes de traitement”, a-t-il souligné.

Reste aux chercheurs d’approfondir leurs travaux sur cette molécule afin de valider son potentiel thérapeutique et de mettre au point une formulation efficace et stable. Parmi les pistes envisagées : l’usage de médicaments probiotiques par voie nasale pour enrichir le microbiote du nez en Staphylococcus epidermidis producteur de cette épifadine, ou d’une substance semblable, créée artificiellement pour une plus grande stabilité, en guise d’antibiotique contre le staphylocoque doré.

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