« Pourquoi j’ai décidé de bouder ma famille pour fêter Noël entre amis », le témoignage de notre journaliste
Le titre de ce témoignage vous choque ? Je vais tout de suite mettre les choses au clair : d’abord, je m’entends très bien avec ma famille, et ensuite, j’adore Noël. Je ne suis pas un Grinch isolé qui refoule les fêtes de fin d’année, bien au contraire. Mais cette année, j’ai envie d’autre chose.
Ce n’est pas la première fois que je fais Noël sans ma famille. En 2021, alors que les frontières rouvraient après deux ans de Covid, j’embarquais le 24 décembre au soir à bord d’un avion direction Zanzibar pour dix jours de soleil avec des amis. Votre famille ne vous en voudra jamais de prendre des vacances au soleil au lieu de les voir. Facetime à l’aéroport, alors que les cousins s’apprêtent à passer à table. « Oh t’as de la chance, dans dix heures tu seras à la plage ! » Mais alors comment justifier qu’on reste chez soi à Noël ?
J’adore fêter Noël en famille. Rassembler tout ce petit monde, passer des heures en cuisine à préparer un bon festin, jouer ensemble à des jeux de société, ouvrir les cadeaux le 25 au matin. Mais j’ai aussi parfois la flemme de fêter Noël en famille. Réussir à rassembler tout ces gens qu’on ne voit finalement par injonction que ce jour-là. Passer des heures en cuisine pour satisfaire les envies de tous. S’engueuler autour d’un jeu de société. Trouver des cadeaux pour des enfants de 2 ans et ouvrir une énième boîte avec une sélection de thés que la cousine Lucie vous offre chaque année. Alors oui, il y a eu quelques engueulades l’année dernière, rien de bien exceptionnel, conséquemment, j’ai dit à la famille, sans fioritures : « Cette année je fête Noël avec des amis qui sont seuls. » Oui, je me suis quand même sentie obligée de justifier qu’ils étaient seuls, ce qui n’est pas vrai à 100%.
« Ma mère ne s’en remettrait jamais si je ne venais pas ! »
La vérité c’est que je comptais faire Noël seule, devant un bon film et avec du foie gras, ce qui peut paraître très triste pour certains, mais qui me convenait parfaitement. Des Noël, j’en ai fêté des dizaines, et je compte bien en fêter encore des dizaines. Mais en 2023, je n’avais pas envie de me mettre de pression. En plus, cette année, je n’ai pas pris de vacances de Noël, donc je décide d’en faire le moins possible. Ça me fera perdre moins d’énergie, et ça ne me coûtera rien. Même si, car je ne suis pas un monstre, j’ai quand même prévu d’acheminer quelques cadeaux pour les enfants sous le sapin familial.
Mais il y a quelques semaines, un ami m’a appelé pour me demander si j’étais à Paris pendant les vacances, pour savoir si j’étais disponible pour aller au théâtre. Il me dit qu’il a envie de ne pas fêter Noël en famille « pour une fois », et a convié un de ses copains, qui habite en Espagne, à venir le rejoindre à Paris. Retournement de situation, nous allons donc fêter Noël tous les trois. Le menu a été décidé en trois échanges Whatsapp. « Tout le monde aime le pâté en croûte ? Et les escargots ? Tu connais pas ? On va te faire goûter ! Evidemment du foie gras, et une volaille ? Vendu ! » Pas de cadeau, on ne s’embarrasse pas. On dîne, on se fait une partie de Code Names, et au lit ! Et cette perspective me réjouit. J’ai la chance d’avoir une famille qui ne m’en tiendra pas rigueur, parce qu’à chaque fois que je déroule mon programme pour les fêtes, je vois certains m’envier et me dire : « Ma mère ne s’en remettrait jamais si je ne venais pas ! » Je vous assure que si, votre mère s’en remettrait. Vous voulez essayer ?
