Santé

Françoise (64 ans) et Vincent (57 ans) « Mon mari critiquait tous mes faits gestes »

Françoise et Vincent sont mariés depuis presque 30 ans. Ils ont vu leurs enfants grandir et quitter le nid. Ils ont partagé des joies et des peines. Et ont vu chacun s’épanouir dans son travail, ses amitiés, ses loisirs. Mais il y a 10 ans, le couple a connu une période difficile. 

Françoise a un souvenir très vivace de cette période de leur vie : « On n’est pas du genre à se disputer. Je pense que ça a dû arriver moins de 5 fois et toujours à cause des enfants. Mais on peut se faire la gueule ou des réflexions un peu piquantes. C’est le signe qu’il y a quelque chose qui ne va pas bien. Ça dure quelques jours d’habitude et puis on finit par en parler ou celui qui faisait la gueule se calme et ça se tasse tout seul. Mais cette fois-là, ça a duré des semaines et des semaines. Je me prenais des réflexions tout le temps. Comme s’il ne supportait plus de me voir vivre ou respirer à côté de lui. Il était vraiment exaspéré. Au début, je ne me suis pas formalisée. Et puis, ça a commencé à me blesser. Il m’attaquait sur tout. Ce que je lisais, ce que je regardais à la télé, les séries qui m’intéressaient, les sorties que je voulais faire. Rien n’était assez bien pour lui. Il ne m’a pas traité de débile mais c’était tout comme. »

Au bout de quatre mois, ne voyant pas son mari changer de position, Françoise propose qu’ils fassent une thérapie de couple : « Je dois avouer que j’ai proposé ça un peu parce que j’avais tellement vu ça à la télé que je pensais que ça pourrait être la solution miracle. J’espérais qu’en me voyant parler et partager à quel point je l’aimais, il allait finir par se calmer et réaliser que je n’avais pas changé du tout. Parce que c’est ça aussi qui a fini par me blesser. Je n’ai pas changé. J’ai toujours aimé les mêmes choses. Les romans à l’eau de rose ou qui finissent bien, les séries policières, les films au cinéma qui nous font nous sentir bien. J’ai un travail très prenant, je travaille dans la santé. Quand je suis à la maison et avec mes proches, j’ai besoin de me vider la tête. Et je suis aussi comme ça. Je suis quelqu’un d’heureux qui n’aime pas se prendre la tête. Cela ne veut pas dire que je ne suis pas capable d’avoir des discussions profondes mais je ne passe pas mon temps à lire des classiques et à rêver d’aller au théâtre. C’est aussi comme ça qu’il m’a connu et aimé. »

La thérapie, ça a débloqué tout ça. Je pense que tous les couples qui sont longtemps ensemble devraient en faire une

Vincent avoue avoir eu une longue phase d’exaspération qu’il ne s’explique pas : « Même en thérapie, on n’a pas trouvé tout à fait pourquoi j’avais fini par la trouver agaçante. Peut-être une crise du milieu de vie avec un peu d’avance, peut-être l’influence de fréquentations. Peut-être aussi le temps qui passe dans la relation. J’ai eu envie d’autre chose. Pas d’une autre femme mais d’activités plus intellectuelles, d’un peu d’émulation à la maison. C’est difficile quand on a une femme qui cherche juste à faire des choses faciles parce qu’elles sont faciles justement. Je n’ai pas les mêmes aspirations. Je pense qu’avant j’avais le sentiment d’avoir plus le temps pour faire des choses de mon côté. Et avec le temps, j’ai commencé à regretter que ce ne soit pas quelque chose qu’on partage. J’ai eu envie d’avoir une femme avec qui débattre pendant des heures, débriefer les livres qu’on lit ou les films qu’on regarde. C’est difficile quand il n’y a rien à en dire. Mais je m’en veux d’avoir commencé à nourrir du ressentiment d’avoir commencé à l’agresser. C’était petit et nul. Françoise ne méritait pas ça. Je ne la jugeais pas vraiment au fond et ça donnait l’impression que je ne faisais que ça.»

La thérapie a fait du bien à Vincent : « Je ne pensais pas que ça me ferait autant de bien. On avait besoin de parler ensemble avec Françoise et on ne trouvait soit pas le temps de le faire soit il y avait trop d’agressivité. Dans le cabinet du psychothérapeute, on pouvait vraiment parler à coeurs ouverts. Je me souviens m’être vraiment mis à nu. J’ai même pleuré. Je me souviens aussi avoir vraiment dit, très sincèrement, en le ressentant physiquement, que je l’aimais. C’est des choses qu’on ne fait pas souvent. On se fait un petit bisou le matin avant d’aller au travail. On se dit « j’t’aime » un peu comme un réflexe, comme une ponctuation de phrase. Et puis on oublie qu’on peut faire mieux. La thérapie, ça a débloqué tout ça. Je pense que tous les couples qui sont longtemps ensemble devraient en faire une. Je le conseille à nos amis, même les hommes. Ce n’est pas que quelque chose qu’on fait quand il y a un problème. Il y a toujours des discussions qu’on a jamais eu le temps d’avoir ou qu’on a oublié d’avoir. La thérapie permet de prendre ce temps-là. On n’a pas parlé que de notre problème au final. Une fois que Françoise a pu partager ce qu’elle ressentait et que je réalise que je faisais n’importe quoi, on a parlé de plein d’autres choses. De micro-trucs qui s’étaient accumulés avec les années. De ce qu’on pensait de la façon dont on éduquait les enfants, du rapport avec nos parents, de nos envies pour la suite. Ça a été très constructif. Je me souviens qu’au sortir de la dernière séance, on avait l’impression d’être prêts à repartir pour 20 ans. Peut-être qu’on se refera un nouveau point d’étape à ce moment-là. Moi, je suis d’accord d’avance. »

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