Santé

Immunothérapie : tout savoir sur ce traitement contre le cancer

L’immunothérapie est une stratégie thérapeutique contre le cancer. Au lieu de s’attaquer directement aux cellules tumorales, elle cible et mobilise le système immunitaire du patient afin qu’il reconnaisse et détruise les cellules cancéreuses. En effet, avec le temps les cellules cancéreuses finissent par échapper à la surveillance de l’immunité car les antigènes tumoraux immunogènes situés à leur surface cessent d’être exprimés. On comprend donc que l’environnement tumoral est immunosuppresseur. 

Il existe différents types d’immunothérapie qui emploient divers procédés afin de mobiliser l’immunité. Ces techniques sont adjuvantes à d’autres stratégies thérapeutiques telles que la chimiothérapie, les thérapies ciblées, la chirurgie ou la radiothérapie

 » Aujourd’hui l’immunothérapie la plus courante est la prise de médicaments immunomodulateurs comme les inhibiteurs de check point qui sont notamment utilisés en cas de mélanome ou encore pour traiter certains cancers du poumon. L’immunothérapie est une stratégie qui ne se montre pas toujours efficace. Néanmoins, elle offre parfois la rémission de façon rapide à certains patients », explique la docteure Véronique Jestin Le-Tallec, oncologue médical à l’institut au CHP Brest Pasteur .

Immunothérapie ou chimiothérapie : quelles différences ? 

La chimiothérapie ou les thérapies ciblées affectent directement la croissance et la prolifération des cellules cancéreuses tandis que l’immunothérapie est un traitement qui vise à stimuler les défenses immunitaires de l’organisme contre les cellules cancéreuses. Ajoutons que l’immunothérapie a pour avantage de générer bien moins d’effets secondaires que la chimiothérapie. Ces traitements peuvent être complémentaires. 

Quels sont différents types d’immunothérapie ?

Il existe différents types d’immunothérapie qui mobilisent différemment l’immunité. 

Les médicaments d’immunothérapie non spécifiques

Ces médicaments stimulent l’activité globale du système immunitaire par l’intermédiaires des cytokines (protéines qui jouent un rôle de médiateur dans l’inflammation), sans cibler spécifiquement la tumeur.  Parmi ces médicaments, nous retrouvons :

  • L’interleukine 2 utilisée contre le cancer du rein avancé ; 
  • L’interféron alpha 2b employés dans certaines formes de leucémies, de myélomes et pour les mélanomes ; 
  • Le vaccin du BCG (contre la tuberculose) utilisé contre les cancers de la vessie. 

Les immunomodulateurs

Ces médicaments réactivent le système immunitaire de façon globale (par l’utilisation d’interférons ou d’interleukines) ou plus spécifiquement avec les inhibiteurs de check point (ou inhibiteurs de point de contrôle). Plusieurs inhibiteurs de check point aux mécanismes d’action différents (anti-PD-1, anti-PD-L1, anti-CTLA-4) sont d’ores et déjà utilisés dans un nombre important de cancers. 

Les vaccins thérapeutiques

Ils permettent de stimuler et de diriger le système immunitaire spécifiquement contre les cellules cancéreuses, en lui présentant un antigène tumoral âpte à déclencher une réaction immunitaire efficace. La vaccination permet de déclencher une réponse immunitaire « mémoire » qui devrait protéger le patient contre une rechute. Plusieurs vaccins thérapeutiques sont à l’essai (notamment dans le traitement de certains cancers du poumon et de cancer digestifs). Un seul vaccin thérapeutique est aujourd’hui commercialisé : le Sipuleucel‑T, contre le cancer de la prostate.

La thérapie cellulaire

Cette technique consiste à prélever des lymphocytes T dans le sang du patient et de les modifier in vitro afin qu’ils expriment à leur surface des récepteurs spécifiques, qui reconnaissent un antigène tumoral. Une fois modifiées, ces cellules appelées CAR‑T (pour Chimeric Antigen Receptor‑T Cells), sont multipliées en laboratoire et réinjectées en grande quantité dans l’organisme du patient afin qu’elles détruisent les cellules cancéreuses. Cette stratégie est notamment utilisée dans les leucémies de l’enfant et du jeune adulte  ainsi que dans des lymphomes de l’adulte. 

La virothérapie

Cette technique consiste à employer des virus modifiés pour attaquer de façon ciblée les cellules tumorales. Un virus modifié de l’herpès est déjà autorisé aux États-Unis pour traiter le mélanome.

Quels cancers soigne-t-on avec les immunomodulateurs ?

Voici les différents immunomodulateurs et leurs indications : 

  • Nivolumab (anti-PD-1) : mélanome ; cancer du poumon non à petites cellules ; cancer du rein à cellules claires ; lymphome de Hodgkin ; cancer épidermoïde de la tête et du cou ; cancer urothélial (vessie et voies urinaires.
  • Pembrolizumab (anti-PD-1) : mélanome ; cancer du poumon non à petites cellules ; lymphome de Hodgkin ; cancer urothélial ; cancer épidermoïde de la tête et du cou ; cancer du rein à cellules claires.
  • Atezolizumab (anti-PD-L1) : cancer urothélial ; cancer du poumon non à petites cellules.
  • Durvalumab (anti-PD-L1) : cancer du poumon non à petites cellules.
  • Avelumab (anti-PD-L1) : carcinome de Merkel ; cancer du rein.

Ces molécules sont pour l’instant indiquées dans des cancers avancés ou métastatiques, à l’exception des mélanomes, pour lesquels un anti- PD-1 et un anti-PD-L1 sont aussi autorisés après l’opération des tumeurs localisées.

Des nouveaux immunomodulateurs sont à l’essai 

  • L’utilisation du relatlimab, un anticorps anti-LAG‑3, est évalué chez des patients atteints de leucémie lymphoïde chronique.
  • Un anticorps anti-TIGIT est évalué, seul ou en association avec un anti PD‑1 (pembrolizumab), dans le traitement de tumeurs solides, comme des cancers du poumon non à petites cellules.
  • un anticorps anti-NKG2A, le monalizumab, est en cours de développement dans les tumeurs solides.

Est-ce que l’immunothérapie guérit le cancer ?

L’immunothérapie serait efficace chez 25 à 40 % des malades atteints d’un cancer. Les résultats dépendraient : 

  • du type de tumeur : l’immunothérapie serait efficace chez moins de 10 % des cancers de la prostate ou de la thyroïde, chez 40 à 50 % des mélanomes et jusqu’à 80 % des patients atteints de maladie de Hodgkin.
  • des caractéristiques biologiques et génétiques de la tumeur : l’immunothérapie serait moins efficace sur les tumeurs peu infiltrées par les cellules immunitaires et celles qui présentent peu de mutations ou d’ instabilité génétiques. 

Immunothérapie : Quel est le risque d’effets secondaires ? Comment éviter les effets indésirables ?

L’immunothérapie active le système immunitaire. « Elle est donc susceptible de provoquer des effets indésirables. Néanmoins ces derniers restent généralement légers à modérés comparés aux effets secondaires de la chimiothérapie habituellement sévères. En outre, ils sont généralement réversibles et soulagés grâce à une bonne prise en charge » rassure la docteure Véronique Jestin Le-Tallec, oncologue médical. 

II s’agit le plus souvent de symptômes auto-immuns voire de pathologies inflammatoires. Ces effets indésirables peuvent affecter la peau, le côlon, le foie, les poumons et les organes endocriniens (hypophyse ou thyroïde). Les patients ont notamment rapporté : 

  • une fatigue extrême ;
  • des variations de poids ;
  • des maux de tête ; 
  •  des troubles visuels ;
  • des vertiges ; 
  • une inflammation oculaire ; 
  • des saignements ;
  • des changements de comportement, une irritabilité ;
  • des pertes de mémoire ; 
  • une baisse de la libido,
  • des troubles métaboliques : développement d’un diabète …; 
  • des troubles thyroïdiens : hyperthyroidie, hypothyroidie, hypophisite… ; 
  • des troubles hépatiques : hépatite, jaunisse… ; 
  • des troubles cutanés : rougeurs, dépigmentation (vitiligo)…;  
  • des troubles pulmonaires : pneumonie, difficultés à respirer, toux …; 
  • des troubles rénaux et urinaires : mictions moins fréquentes, urines sombres… ; 
  • des troubles nerveux : faiblesse musculaire, engourdissements ou fourmillements dans les mains, les pieds ou au visage, pertes de conscience ou difficultés à se réveiller ; 
  • des troubles digestifs : colite, diarrhées, sang dans les selles, nausées, vomissements

Les effets indésirables doivent être identifier le plus précocement possible afin qu’ils soient traités. Il est donc primordial de toujours signaler aux médecins ces manifestations ainsi que leurs éventuelles aggravations. Lorsque les symptômes sont d’intensité sévère ou que la santé d’un organe est compromise, le traitement peut être interrompu. 

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