Santé

La question psy des parents : « Mon ex donne des consignes différentes des miennes à notre enfant, comment réagir ? »

Deux maisons, deux éducations. Après une séparation, les tensions liées à l’éducation des enfants ont tendance à repartir de plus belle. « Quand les parents divorcent, c’est qu’ils ne sont pas d’accord. Malheureusement, ces désaccords concernent souvent l’éducation », indique Catherine Verdier, psychologue clinicienne, psychothérapeute et analyste, spécialiste des enfants et adolescent·es. Le temps d’écran, les moments consacrés aux devoirs, les sorties avec les copains… Les sujets de crispation ne manquent pas, et les conséquences dépendent aussi du mode de garde. « Si l’un des deux parents autorise son enfant à se coucher tard le samedi soir, cela peut engendrer des difficultés à se lever le lundi matin. Évidemment, le parent ne sera pas dans la même logique s’il garde ses enfants toute la semaine, avec toutes les contraintes que ça implique. Le week-end, il y a des contraintes, mais moins d’obligations », souligne Catherine Verdier.  

En garde alternée, les enfants savent généralement « jongler » entre deux modes d’éducation, tout en restant « diplomates », pour ne pas énerver maman ou blesser papa. Mais que se passe-t-il lorsque ce qu’il se passe chez l’un·e arrive aux oreilles de l’autre parent ? « C’est arrivé à l’une de mes patientes, qui avait la garde principale de sa fille, rapporte Catherine Verdier. Elle avait demandé au père de privilégier les activités en intérieur, pour que leur enfant se repose, car elle ne se sentait pas très bien à ce moment-là. Finalement, le père l’a emmenée faire 25 kilomètres de vélo le week-end. » Dans bien des familles, ces injonctions contradictoires provoquent de la colère, de l’agacement, un sentiment d’impuissance chez la mère ou le père. Alors, comment lâcher prise ?  

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PRENDRE DU TEMPS POUR SOI

Les enfants, qui se retrouvent « coupés en deux », peuvent ressentir de l’insécurité, de la peur, de l’anxiété, de la culpabilité, de la tristesse. « En grandissant, ils arrivent à prendre position et à exprimer ce dont ils ont envie, mais c’est assez rare car il faut qu’on leur laisse la place pour le faire », précise Catherine Verdier.  

Dans la mesure du possible, en tant que parents, il faudrait éviter de montrer ses émotions aux enfants. « Ce n’est pas forcément évident, reconnaît la psychologue. D’autant plus que tout ne passe pas forcément par les émotions. Dans de telles situations, l’intuition des enfants est décuplée. Ils sentent bien les tensions, les regards, tous ces signes non verbaux qui ne trompent pas. »  

Par conséquent, l’experte recommande de se faire accompagner par un·e médecin, un·e psychologue ou encore un·e ami·e, et de prendre du temps pour soi. « Il est important de ne pas rester seul·e avec tout ça dans la tête », insiste l’experte.  

CONSOLIDER LES VALEURS ET LES RELATIONS FAMILIALES 

« Chaque parent récoltera ce qu’il a semé avec son enfant, souligne-t-elle encore. Il faut donc entretenir la relation qu’on a instaurée avec son enfant, avec ses propres valeurs. Je recommande aussi de maintenir le contact avec la famille élargie, c’est-à-dire les grands-parents, les cousin·es, et tout faire pour que ces valeurs qui sont véhiculées de ce côté-ci de la famille continuent d’être transmises. Je pense qu’il est encore plus fondamental de conserver et renforcer ces liens familiaux, dans le cadre d’un divorce. »  

FAVORISER LE DIALOGUE 

Éventuellement, il peut être une bonne idée d’envoyer un petit mot à son ex-conjoint·e, par mail, par SMS ou même par lettre manuscrite. « Sans agressivité, bien sûr, car cela ne fera qu’envenimer les choses », souligne Catherine Verdier.

« Il faut savoir perdre le contrôle de ce qu’il se passe chez l’autre »

« Il faut savoir perdre le contrôle de ce qu’il se passe chez l’autre, ajoute-t-elle. Parfois, il suffit de laisser passer quelques mois avant que tout se mette en place et s’harmonise un peu. Et très souvent, les choses commencent à s’apaiser lorsqu’on se remarie ou que l’on partage sa vie avec une nouvelle personne, qui peut faire tampon ou office de médiateur. D’autant plus si ce nouveau partenaire amène d’autres enfants. À ce moment-là, ces questions ont tendance à disparaître. Ça permet d’apaiser les émotions et les tensions, ou d’apporter un soutien dans des épreuves compliquées. » 

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