Santé

Le boom des love rooms, ces hôtels pour pimenter sa vie de couple

Depuis la naissance de notre deuxième enfant, notre couple battait de l’aile, raconte Éva, 34 ans. Impossible, à l’époque, d’imaginer retrouver la sensualité de nos premiers ébats. Un jour, une amie m’a demandé si je connaissais les love rooms. Au début, je pensais qu’elle parlait de lieux un peu crados pour couples échangistes, très peu pour moi. Mais non, pas du tout. Celle où l’on est allés, avec mon mec, possédait un sofa tantrique [un meuble conçu pour rendre les positions sexuelles plus confor- tables, ndlr] et un Jacuzzi de compétition qui m’ont détendue comme jamais. J’avais l’impression d’être à une super thalasso, mais coquine. » L’amour serait-il dans le spa ? Plaisir des Sens, Secret d’Amour, Rêves de Cocon, Elle & Île, La Maison des Plaisirs, Amour & Tentation, Atelier des Charmes, Symphonie Amoureuse… De Lille à Nantes, de Rouen à Perpignan, en passant par Paris, la liste des love rooms aux noms évocateurs ne fait que s’allonger. « En France, on est sur un marché de niche depuis quelques années, mais qui est en plein boom, explique Samuel Deleu, fondateur de Love’nSpa, une plateforme de location spécialisée. On compte environ 800 spots sur le territoire. » Concept né au Japon et au Brésil, la love room vend du rêve, du doux, de la galipette.

Détente, nouveauté, plaisir 

Mais en quoi consiste exactement cette promesse ? « Une expérience enchanteresse, propice à la relaxation, au romantisme et à l’amour », vante avec délice un site pour une « love room d’exception à deux pas de Saint-Étienne ». Dans les faits, cette antichambre du septième ciel conjugal consiste, en général, en une suite romantique décorée avec plus ou moins de goût – pour peu que l’on soit adepte des love rooms « jungle », « Dubai » ou « escale à Tahiti ». Les couples les louent à la nuit pour redonner un coup de fouet (sans mauvais jeu de mots) à leur vie sexuelle ou pimenter leurs ébats. « Sur l’échelle de l’érotisme, ça va de 1 à 10 », commente sobrement Samuel Deleu. Autant être prévenus, certains équipements de love rooms olé olé peuvent surprendre : cage, croix de Saint-André, balançoire érotique, barre de pole dance, miroirs au plafond, menottes, pièce secrète avec huiles de massage et objets destinés au plaisir… « Tout cela donne au week-end entre amoureux un petit côté “ Cinquante nuances de Grey” qui n’est pas désagréable », affirme Chloé, 37 ans, cliente épisodique d’une love room « baroque » située en Pays de la Loire. Et un vrai moment de détente, pour peu que l’on ait retrouvé les clés des menottes à temps pour éviter les embouteillages du retour.

« Si mon mari m’offrait ça, je lui ferais la gueule, avoue Coralie Hulmann, gérante des Secrets d’Honfleur. Je ne me sentirais pas à l’aise côté hygiène, sachant que des couples viennent s’ébattre. » Passionnée d’immobilier, elle a pourtant renoncé à son job dans la grande distribution pour créer trois love rooms dans le Calvados, à Honfleur et ses alentours. Mais plutôt que de parler de logements dédiés aux extases charnelles, elle préfère évoquer le côté bien-être de ses hébergements insolites. Sa grande suite avec spa et sauna, son chalet en pleine nature avec Jacuzzi ou sa cabane en bord de mer (« sans pièce secrète ni objets sexuels, tout y est plus subtil », dit-elle) enchantent des couples qui viennent parfois s’y ressourcer en famille. « Je crois que le Covid a accéléré les choses. On a appris à prendre du temps pour soi différemment, à moins voyager, on a compris qu’on n’était pas obligés de partir quinze jours pour se sentir mieux. » Même constat chez Samuel Deleu, qui précise qu’aujourd’hui les logements purement orientés vers l’érotisme ne représentent que 5 % du marché. « Les love rooms sont destinées au grand public, pas aux libertins, dit-il. On n’y vient pas pour se faire fouetter. Elles promettent des moments de déconnexion totale où l’on peut enfin poser son portable, couper Netflix et se reconnecter à sa ou son partenaire. Et ça ravive la flamme. »

Un univers complet 

« J’aime le côté ludique de ces lieux privatifs où l’on peut vraiment se retrouver, c’est comme une petite bulle de plaisir, un cocon pour amoureux, avoue Élise, 33 ans. La dernière fois que j’y suis allée avec mon mec, on a passé notre soirée à jouer à Super Mario et à rire comme des gamins. On a eu l’impression de se redécouvrir après des semaines de charge mentale. » Car si l’aménagement ordinaire des love rooms ressemble à un cliché de Saint-Valentin à l’américaine (lumière tamisée, feu crépitant dans la cheminée, musique d’ambiance, chemin de pétales de rose, demi-bouteille de champagne avec ses amuse-bouche, bougies et jeux coquins), certains logements s’agrémentent désormais d’un flipper, de jeux d’arcade, d’un billard, de jeux de société pour adulescents en goguette… « Il y a même des jeux style escape game, ajoute Samuel Deleu, ou alors une pièce fermée à clé qu’une série d’énigmes permet d’ouvrir. Tout est fait pour passer un bon moment avec son ou sa partenaire. » Le tout pour des sommes allant de 150 à 600 euros, voire plus selon les suppléments sélectionnés.

« Il arrive que des couples louent ma suite pour des anniversaires ou des demandes en mariage », explique Céline, gérante de Calinsia, une love room romantique avec spa, à Nantes, « à 300 mètres d’un arrêt de tram, donc plutôt bien desservie ». Elle ajoute : « J’organise alors une chasse au trésor pour que la fiancée trouve la bague, je m’adapte à toutes les demandes. Les gens adorent et reviennent régulièrement. » Une clientèle de couples légitimes, selon elle, qui contraste avec l’image plus ou moins sulfureuse généralement associée à ce type de lieux. « Même si on imagine effectivement plutôt des relations illégitimes, rappelle Samuel Deleu, les love rooms attirent à 90 % des couples, pour une clientèle qui va de 18 à 78 ans.

On a parfois des jeunes de 20 ans qui déposent une caution avec la carte bancaire de leurs parents, ou des personnes plus âgées qui oublient leur canne… » Avec des taux de remplissage satisfaisants et un concept alléchant, les love rooms attirent aussi la convoitise des investisseurs, qui voient dans ce marché un nouvel eldorado. Mais le fondateur de Love’nSpa met en garde ceux qui seraient tentés de se lancer trop hâtivement. « C’est un vrai métier. Étant donné le taux d’usure et de passage, on est obligés de mettre du matériel haut de gamme. Il n’y a pas beaucoup de love rooms avec un carrelage cheap et un spa chinois. Et c’est mieux d’être bricoleur. Si le spa est en panne, il faut savoir le réparer. » Car attention aux commentaires assassins qui pourraient précipiter votre perte, comme celui glané au hasard d’un site : « Pas de véritable fenêtre, une odeur d’humidité et d’égouts dans la chambre, le lit peu confortable, les finitions laissant à désirer. » Pour fêter l’amour et la saint-Valentin toute l’année, mieux vaut avoir une bonne plomberie.

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