Santé

Morgane (42 ans) et Erwan (44 ans) : « Ma femme a tenté des expériences mystiques »

Morgane a 42 ans et Erwan, son compagnon depuis 11 ans, en a 44. Ils partagent une passion pour les randonnées dans les grands espaces, la van life et la découverte de nouvelles cultures. Malgré ces passions communes, Morgane et Erwan ont connu, ces dernières années, une crise majeure qui a mis à mal leur couple. 

Erwan estime que c’est la pandémie qui a tout déclenché : « Il a été question de rester à la maison alors qu’on a l’habitude de sortir tous les week-ends pour aller marcher et profiter de la nature. Pendant au moins 9 mois, on n’a pas organisé de voyage, ce qui est assez inhabituel chez nous et ça a généré des tensions. Mais le pire ça n’a pas été ça. Le pire, ça a été que Morgane se mette à croire à des tonnes de trucs ésotériques. Elle a commencé par essayer d’assainir notre maison des mauvaises ondes et puis elle a acheté des pierres qu’elle a commencé à mettre partout, elle s’est mise à faire des rituels de sorcière, à parler de son féminin sacré. Au bout d’un moment, j’ai complété arrêter d’écouter quand elle parlait de ça. Mais quand c’est devenu son seul sujet de conversation, j’ai décidé de faire quelque chose. Je ne reconnaissais plus la femme dont j’étais tombé amoureux. »

Une ambiance naturelle… avec des limites

C’est Erwan qui propose une thérapie de couple : « Je ne me voyais pas continuer avec elle dans ces conditions. On a un mode de vie très nature, mais pour moi, c’est plus lié à l’écologie et à notre goût pour les beaux paysages qu’on trouve un peu partout. On partage un émerveillement pour ce que la terre a à nous offrir. Pour moi, c’est l’inverse des expériences mystiques. Il n’y a pas plus concret, les pieds sur terre. Vouloir mettre de l’ésotérique dans sa vie, je n’ai pas compris. Et je ne peux pas respecter ça. C’est ça qui m’a dérangé. Je commençais à ne plus respecter ma femme. La thérapie de couple, c’était autant pour moi que pour elle. Je sentais que je croyais plus en notre couple et je voulais changer ça. C’est un peu sexiste, je sais, mais j’ai choisi un homme comme thérapeute parce que je me suis dit qu’il y avait quand même peu de chance qu’il soit du genre à croire à ces trucs. Au final, j’avais raison. Il nous a aidé à avancer chacun de notre côté. Moi, à être plus tolérant. Morgane à voir en face les raisons pour lesquelles elle avait eu besoin de croire à quelque chose. » 

Pour elle, la pandémie, c’était un peu la fin du monde

Leur thérapie de couple dure 6 mois : « On a pas eu besoin de plus, mais on voyait le thérapeute toutes les deux semaines. J’ai trouvé que c’était un bon compromis. Je ne voulais pas que ce soit la seule chose qu’on fasse ensemble mais quelque chose en plus de nos sorties habituelles. Quand il a été possible de vraiment sortir à nouveau, je me suis mis à organiser des nouvelles randos, des sorties plus ou moins longues, un voyage en Europe avec notre van. Je voulais qu’on ait des objectifs avec des dates, un truc tourné vers un avenir proche ou moyennement proche. Je voulais réellement qu’on puisse se reconnecter. Parce que très vite, en thérapie, je me suis rendu compte que, si elle s’était tournée vers tout ça, c’est parce qu’elle avait peur pour nous, pour notre avenir, pas en tant que couple mais en tant que personne. Pour elle, la pandémie, c’était un peu la fin du monde et elle a fait ce qu’elle a pu pour se donner un peu d’espoir. »

Besoin de réconfort 

Morgane n’a pas eu conscience de la multiplication de ses croyances ésotériques : « Tout découlait du reste. Quand on commence à croire au pouvoir des pierres, on finit par croire aux énergies, au pouvoir de la terre et on commence à faire des rituels. Ça me paraissait très logique et même un peu rassurant. Attention, je ne dis pas que tout ça est faux et que les gens qui croient à tout ça ont tort. Je dis juste que ce n’était pas ce que je suis et que ça ne correspond à ma vie. Je comprends qu’Erwan ait été démuni et qu’il a tout fait pour m’empêcher de partir pour loin là-dedans. J’aurais pu finir anti-vax et chercher à échapper au covid avec des moyens naturels. J’en étais presque là. Ce n’était pas tant les croyances le problème que la raison pour laquelle j’en suis venue à ces croyances. J’avais juste peur et mon monde était bouleversé. Je ne nous voyais pas reprendre notre vie comme avant et c’est pourtant une vie que j’aime à la folie. Je pense que le fait de limiter nos déplacements a été un coup de massue. C’est ce qui m’a fait vriller. Là, je me suis raccrochée à tout ce que j’ai pu. Et ça a commencé par le pouvoir des pierres, mais ça aurait pu être n’importe quoi d’autre. »

Au fond de moi, j’étais terrorisée

En parlant avec le thérapeute et Erwan, Morgane réalise qu’elle a surtout peur : « Avec ces nouvelles croyances, je me trouvais plus zen, plus en confiance. Alors qu’en réalité, c’était l’inverse. Au fond de moi, j’étais terrorisée. J’ai pu mettre des mots sur ma peur. Je me souviens que ça a été un rendez-vous particulièrement intense. J’ai éclaté en sanglots devant les deux. J’avais surtout besoin que ça sorte. Après ça, il a surtout été question de me rassurer. Erwan a été super pour ça. Il a pris en main la suite pour nous donner un avenir et me prouver qu’on allait pouvoir reprendre notre vie presque comme avant. Ce sont ces projets qui m’ont permis de ne pas couler. »

Morgane avoue cependant qu’elle n’a pas laissé totalement tomber ses nouvelles croyances : « C’est à la marge. J’ai encore quelques pierres à la maison, en partie parce que je les trouve jolies et en partie parce que ça me rassure. J’allume une bougie de temps en temps et je me fais une petite prière dans ma tête. Le thérapeute a bien été clair sur le fait que ça ne faisait pas de mal en soi, si ça me faisait du bien. Et c’est le cas. Ça prend la place que ça doit prendre dans ma vie, c’est tout. Ce sont des petites gestes qui m’aident quand je suis stressée. Et je compte bien sur Erwan pour tirer la sonnette d’alarme s’il se rend compte que c’est de nouveau ingérable. »

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