Santé

Pose d’un anneau gastrique : indications, déroulé, suivi, complications

La gastroplastie par anneau gastrique modulable, plus simplement connue sous le nom d’anneau gastrique, est une technique de chirurgie bariatrique qui vise à limiter la quantité d’aliments qu’une personne peut consommer en réduisant la taille de son estomac. Objectif ? Réduire la sensation de faim et obtenir une satiété plus rapide chez les patient(e)s en situation d’obésité. Qui est éligible à cette intervention ? Comment se déroule-t-elle ? Et quelles sont les complications possibles ? Réponses des Dr Olivier Foulatier et Antoine Cracco, chirurgiens spécialisés dans la prise en charge de l’obésité.

Définition : c’est quoi un anneau gastrique ?

La pose d’un anneau gastrique est considérée comme une technique restrictive qui diminue le volume de l’estomac et ralentit le passage des aliments pour favoriser la perte de poids chez les patient(e)s en obésité sévère ou massive. En revanche, elle ne perturbe pas la digestion des aliments.

« Concrètement, un anneau en silicone souple et au diamètre modifiable est placé autour de la partie supérieure de l’estomac pour délimiter une petite poche qui se remplit rapidement et induit une sensation de satiété », explique le Dr Foulatier. Résultat : les patient(e)s opéré(e)s mangent beaucoup moins et les aliments qu’ils ingurgitent s’écoulent beaucoup plus lentement à travers l’estomac, selon le principe du sablier, indique la Haute Autorité de Santé (source 1).

Cela peut entraîner une perte de poids progressive et une amélioration de la santé globale, notamment en réduisant les risques associés à l’obésité, tels que les maladies cardiovasculaires, le diabète de type 2 et les problèmes articulaires, indique le Dr Foulatier.

Et son confrère, le Dr Cracco, de préciser : « L’anneau gastrique est la seule technique ajustable. Il est relié à un boîtier de contrôle placé sous la peau et peut être serré ou desserré à tout moment en ajoutant ou en retirant du liquide dans ledit boîtier pour ajuster la pression exercée par l’anneau sur l’estomac ». Cette manipulation peut se faire à l’occasion de consultations médicales de suivi postopératoire, pour ajuster la restriction alimentaire ou, au contraire, redonner du confort alimentaire aux patient(e)s.

Par ailleurs, l’anneau est aussi la seule technique réversible : l’anneau peut être retiré sans encombre en cas de complication, d’inefficacité, ou sur demande des patient(e)s. « Dans certains cas, la pose d’un anneau gastrique permet de temporiser, car elle est plus sûre qu’une sleeve gastrectomie ou qu’un bypass. On commence par équiper certain(e)s patient(e)s d’anneaux, avant d’éventuellement envisager une autre opération en cas d’échec », explique le Dr Foulatier.

Quels sont les inconvénients de cette opération ?

Comme l’indique le chirurgien ci-dessus, l’anneau gastrique est considéré comme la technique la plus sûre, car elle n’implique pas de sutures. Mais, de l’avis de nos experts, elle est aussi considérée comme la technique la plus lente et la moins performante en termes de perte de poids. « Je considère que c’est une bonne technique, mais pour très peu de patient(e)s. Il faut être très assidu(e) dans le suivi postopératoire et supporter l’inconfort alimentaire », estime le Dr Foulatier.

Pour obtenir les meilleurs résultats, il faut notamment ajuster régulièrement l’anneau gastrique à l’occasion de consultations prévues dans le cadre du suivi postopératoire. Cela implique donc de subir des procédures mineures mais inconfortables pour ajouter ou retirer du liquide de l’anneau et ajuster la pression exercée sur l’estomac. Sans compter les risques chirurgicaux, les complications et les effets secondaires possibles à long terme, que nous abordons en fin d’article.

© Haute Autorité de Santé, juillet 2009

Quelles conditions pour se faire poser un anneau gastrique (quel âge, quel poids, quelles comorbidités, etc.) ?

« Les indications de chirurgie bariatrique sont très codifiées », prévient le Dr Olivier Foulatier. La pose d’un anneau gastrique est, en effet, soumise à la décision d’une équipe pluridisciplinaire et à une demande d’entente préalable auprès de l’Assurance maladie. Un médecin-conseil est chargé d’apprécier le bénéfice-risque de l’intervention et de donner, ou non, son accord dans un délai de 15 jours à compter de la date de réception de la demande. En cas de refus, il est possible de faire appel. Un délai de six mois est nécessaire entre chaque demande (source 2).

Selon les dernières recommandations émises par la Haute Autorité de santé (sources 3 et 4), seul(e)s les patient(e)s répondant aux critères suivants peuvent être éligibles à la pose d’un anneau gastrique :

  • être âgé(e) de 18 à 60 ans ;
  • avoir bénéficié d’une prise en charge pluridisciplinaire pendant six à douze mois dans le but de perdre du poids ;
  • présenter un IMC (indice de masse corporelle) supérieur ou égal à 40 kg/m² ou présenter un IMC supérieur ou égal à 35 kg/m², associé à au moins une comorbidité susceptible d’être améliorée par la chirurgie. Lesdites comorbidités devraient bientôt être revues, prévient le Dr Foulatier. Actuellement, elles comprennent :
    – les comorbidités d’ordre cardiovasculaire : hypertension artérielle, insuffisance cardiaque, etc. ;
    – les comorbidités d’ordre respiratoire : insuffisance respiratoire, apnées hypopnées obstructives du sommeil, etc. ;
    – les comorbidités d’ordre ostéo-articulaire : lombalgie, arthrose, cervicalgie, etc. ;
    – et / ou les comorbidités d’ordre métabolique : syndrome métabolique (associé à un diabète ou à des troubles hépatiques), hyperuricémie (trop grande concentration d’acide urique dans le sang), dyslipidémies (excès de cholestérol, excès de triglycérides), maladie du foie gras, qui peut conduire à des cirrhoses et à la survenue de cancer du foie, etc.

Certain(e)s patient(e)s accèdent aussi à cette chirurgie dans un contexte de prise en charge en PMA pour hypofertilité masculine et féminine (diminution partielle de la fertilité), note le Dr Foulatier.

À noter : le tour de taille n’est pas un critère d’éligibilité à la sleeve gastrectomie, même si l’on sait que l’accumulation de graisse au niveau de l’abdomen (obésité androïde ou obésité abdominale) augmente le risque cardiovasculaire.

Quelles contre-indications à la pose d’un anneau ?

Les contre-indications à la pose d’un anneau gastrique sont nombreuses, mais permettent de réduire les risques pour la santé des patient(e)s et de limiter les échecs thérapeutiques. Elles sont généralement décelées dans le cadre de la prise en charge préalable et peuvent justifier un avis défavorable de l’équipe pluridisciplinaire ou de l’Assurance maladie :

  • une contre-indication à l’anesthésie générale ;
  • une maladie mettant en jeu le pronostic vital à court et moyen terme ;
  • des troubles cognitifs sévères ou des troubles psychiques et mentaux non-stabilisés ;
  • des troubles du comportement alimentaire non-stabilisés ;
  • une incapacité prévisible à participer à un suivi médical prolongé ;
  • l’absence de prise en charge médicale, nutritionnelle, diététique et psychothérapeutique bien suivie pendant six à douze mois ;
  • une grossesse (« Il faut attendre au moins un an après la naissance d’un enfant – autrement dit la stabilisation du poids – avant d’envisager la pose d’un anneau gastrique, explique le Dr Foulatier »). Pour ce qui est de l’allaitement, il n’y a pas de contre-indication formelle, mais mieux prévenir votre pédiatre pour qu’il apprécie singulièrement la courbe de croissance de votre bébé (source 5).
  • une dépendance à l’alcool ou au tabac ;
  • un indice de masse corporelle inférieur à 35 kg/m2, en cas de première intervention.
  • un indice de masse corporelle inférieur à 40 kg/m2 sans comorbidité susceptible d’être améliorée avec la chirurgie, en cas de première intervention.

Comment se déroule cette opération bariatrique ?

Duran la phase préparatoire, vous rencontrerez obligatoirement plusieurs spécialistes : chirurgien(ne), nutritionniste, diététicien(ne), psychiatre ou psychologue, anesthésiste, etc. Vous devrez aussi passer un bilan de santé complet comprenant des analyses de sang, une évaluation cardiaque, des tests de la fonction hépatique, une échographie abdominale, un bilan ostéo-articulaire, etc.

L’objectif de ce suivi pré-opératoire ? Commencer à induire une perte de poids « naturelle » et à déceler d’éventuelles pathologies à prendre en charge avant la pose de l’anneau gastrique (une carence, un diabète, une hypertension artérielle, une hypercholestérolémie, des troubles cardiaques, respiratoires ou articulaires, etc.). À l’issue de cette période préparatoire, l’équipe médicale devra faire un choix :

  • valider l’intervention et décider d’une date ;
  • reporter l’intervention à plus tard, le temps de régler les éventuels problèmes qui subsistent ;
  • ou décider que l’intervention est finalement inenvisageable.

Le jour J

Une fois que l’anesthésie générale fait effet, le / la chirurgien(ne) effectue de petites incisions au niveau de votre abdomen pour accéder à votre estomac. La chirurgie est généralement réalisée par laparoscopie, une méthode moins invasive qui nécessite des instruments et une caméra introduits par les petites incisions, ou par laparotomie (dans ce cas, une incision plus large est réalisée).

L’anneau gastrique est ensuite inséré autour de la partie supérieure de l’estomac. Une fois en place, l’anneau crée une petite poche au-dessus de lui, limitant ainsi la quantité de nourriture que l’estomac peut contenir. Un test de fuite est effectué enfin pour vérifier qu’il n’y a pas de fuite de liquide gastrique. Une fois la procédure terminée, les incisions sont fermées à l’aide de sutures ou d’agrafes. Puis vous êtes transféré(e) en salle de réveil, sous surveillance.

L’hospitalisation dure généralement deux à trois jours, puis un arrêt de travail est prescrit pour deux semaines minimum (source 6).

Combien de temps peut-on garder un anneau gastrique ?

La durée de vie d’un anneau dépend évidemment de chaque patient(e). « Théoriquement, l’anneau est une solution à long terme qui peut être maintenue un certain temps si les patient(e)s bénéficient d’un suivi médical et radiologique régulier », estime le Dr Foulatier.

Toutefois, il est important de noter que l’anneau peut être retiré en raison d’une intolérance, de complications ou d’une perte de poids insuffisante. Dans certains cas, le retrait de l’anneau peut même être prévu dès le départ, par exemple s’il est utilisé comme étape préliminaire avant une autre procédure de chirurgie bariatrique, comme un bypass.

La chirurgie de l’obésité impose quoi qu’il arrive un suivi à vie, au moins sur le plan nutritionnel, car l’obésité est une maladie qui récidive, insiste le Dr Cracco. 

Quelle perte de poids espérer ?

La perte de poids attendue après la pose d’un anneau gastrique est de l’ordre de 40 à 60 % de l’excès de poids, selon la Haute Autorité de Santé, qui précise que le recul sur ces résultats est de 10 ans (source 1).

« Il est tout à fait normal de reprendre du poids au bout d’un ou deux ans – d’autant plus lorsque l’on a fait retirer son anneau », prévient le Dr Foulatier. Si tel est votre cas, n’hésitez pas à recontacter l’équipe qui vous a pris en charge !

Quels sont les risques et les complications possibles ?

Au-delà des risques liés à la chirurgie en elle-même, plusieurs types de complications peuvent survenir sur le moyen-long terme :

  • des complications liées au boîtier : déplacement du boîtier sous la peau, infections, douleurs au niveau de l’emplacement du boîtier, rupture du tube reliant le boîtier et l’anneau ;
  • un glissement de l’anneau et dilatation de la poche au-dessus de l’anneau pouvant entraîner des vomissements importants voire l’impossibilité de s’alimenter ;
  • des troubles de l’œsophage (RGO, œsophagite, etc.) ;
  • des lésions de l’estomac provoquées par l’anneau (érosion de l’estomac, migration de l’anneau, etc.).

Une nouvelle intervention peut s’avérer nécessaire pour retirer l’anneau en cas de complications, ou pour réaliser une autre technique de chirurgie de l’obésité.

Quel est le prix d’un anneau gastrique ? Quel remboursement ?

Le prix d’un anneau gastrique peut varier en fonction de plusieurs facteurs tels que l’établissement, le / la chirurgien(ne), le lieu et les services inclus dans le forfait chirurgical. Aussi, le coût moyen de la pose d’un anneau gastrique en France est généralement compris entre 8 000 et 15 000 euros. Toutefois, l’Assurance maladie rembourse les frais liés à l’intervention et à l’hospitalisation à condition qu’elle ait donné son accord à la demande d’entente préalable. 

Malheureusement, elle ne prend pas en compte les dépassements d’honoraires et de nombreuses dépenses restent à la charge du patient, notamment les consultations para-médicales (consultations de psychiatrie ou de diététique, par exemple), la prise de suppléments vitaminiques et / ou certains actes de chirurgie réparatrice. N’hésitez pas à vous rapprocher de votre mutuelle pour obtenir plus d’informations sur la prise en charge de ces dépenses !

En vidéo : « Le témoignage de Cristina, ancienne obèse »

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