Témoignages: comme Miss France, elles ont vécu du bodyshaming car jugées « trop maigres »
Être complexé par sa minceur répond en grande partie à des injonctions physiques, des normes de beauté qui évoluent selon les âges et les époques. « Le complexe se fixe toujours par rapport à une norme », note Isabelle Siac, psychologue spécialisée dans les troubles alimentaires. « Qu’elle soit collective, donc sociale et familiale, ou individuelle, que l’on a intériorisée et que l’on s’est fixée. » Les personnes très minces ou maigres ne correspondent pas à un idéal de féminité difficilement atteignable, à la fois mince et pulpeux sans être en surpoids, ou d’une virilité qui s’exprimerait par une musculature exacerbée. En témoigne Eve Gilles, élue Miss France 2024, dont le physique a suscité de nombreuses critiques. « Androgyne », « filiforme », « pas de seins », « anorexique », la reine de beauté a subi un body-shaming décomplexé sur les réseaux sociaux. « On m’a trouvée trop mince, avec trop peu de formes. On a dit que j’avais l’air anorexique », rappelait la jeune femme de 20 ans dans les colonnes du « Parisien », rappelant au passage qu’elle n’a « pas choisi son corps ».
Que ce soit à l’adolescence ou à l’âge adulte, le fait d’avoir moins de formes peut être marginalisant pour des jeunes femmes dont la valeur est, à cet âge-là, souvent dictée par le regard masculin. Pour beaucoup de personnes, lorsqu’elles ne souffrent pas de TCA, la difficulté à prendre du poids est simplement due à un métabolisme rapide. Mais « le complexe de la maigreur concerne également les personnes touchées par l’anorexie mentale », rappelle Isabelle Siac. « Si les anorexiques trouvent satisfaction dans leur minceur et le contrôle de leur poids, elles peuvent être complexées par un corps trop maigre qui parait moins désirable. » Ce complexe n’épargne pas les hommes, qui y voient pour leur part un manquement aux codes de la virilité que la société leur impose et qui développent en conséquent une dysmorphophobie musculaire.