Santé

Tout ce qu’il faut savoir sur la pratique sexuelle du Kunyasa

Le Kunyaza : Qu’est-ce que cette pratique sexuelle africaine ?

Cette méthode ancestrale rwandaise replace le plaisir féminin au centre de l’échange. « C’est comme l’eau de la rivière », « Si l’homme trouve cette eau, c’est un grand bonheur » relate le documentaire qui explore la question de la sexualité du Rwanda : L’Eau Sacrée d’Olivier Jourdain (source 1).

« Cette pratique ancestrale qui fait partie intégrante du patrimoine culturel rwandais consiste à laisser la pénétration de côté pour se concentrer sur la stimulation clitoridienne » explique Milène Leroy, sexologue. Le partenaire tapote avec son pénis le clitoris de sa partenaire afin de contribuer à son éjaculation. Cela peut aussi impliquer l’utilisation de mouvements, de massages et/ou de rituels spécifiques.

Étymologie

Le mot « kunyasa » est dérivé du verbe kunyaàra, signifiant « uriner » en langue rwanda-rundi, faisant aussi référence à l’éjaculation féminine dans le contexte sexuel.

Le Kunyasa selon la légende…

« Il était une fois, une reine terriblement frustrée par les guerres qui retenaient son époux loin de la chambre à coucher. Au point qu’elle dut se résoudre à faire appel à un serviteur pour la contenter. Mais ce dernier, craignant des représailles du monarque, approcha son pénis tremblant du clitoris de la reine, provoquant aussitôt un royal jaillissement. Le Kunyasa était alors né et n’allait pas tarder à se répandre au pays des Mille Collines » détaille le site spécialisé Jeune Afrique (source 2). Selon l’une des nombreuses variantes de cette légende, cet épisode aurait même donné naissance à l’immense lac Kivu.

Les avantages de cette technique traditionnelle du Rwanda : le Kunyasa

  • Sensation démultipliée : « La stimulation clitoridienne permet généralement et plus facilement l’orgasme féminin du fait que cette zone, en haut de la vulve, est pourvue de milliers de corpuscules de volupté, dits de Krause, spécialisés dans l’élaboration du plaisir » détaille la sexologue. 
  • Pouvoir féminin : « Tu peux en être fière. Vraiment. Tu te sens vraiment une femme. J’ai découvert ça avant notre mariage. J’ai eu peur, je croyais être percée ! » confie une femme ayant fait l’expérience de la Kunysa, dans le documentaire de L’Eau Sacrée (source 1).
  • Bonheur conjugal : cette pratique incluant la stimulation clitoridienne peut contribuer à renforcer l’intimité et la connexion entre les partenaires, favorisant ainsi une expérience sexuelle positive. Certaines femmes vont même jusqu’à dire : « Ça peut renforcer ton couple » voire même « sauver ton couple », témoignages toujours extraits de L’Eau Sacrée (source 1).
  • Motif de fierté : chez l’homme, il y a comme une satisfaction à faire jouir sa partenaire mais qui va bien plus loin qu’une « simple » stimulation clitoridienne. « Il y a tout un côté mystique autour de ce rituel, les partenaires vivent au rythme d’une musicalité et des sens : l’ouïe (bruit du tapotement et cris de jouissance de la femme), vue (plaisir)… » illustre la sexologue. « 

Comment réaliser un Kunyasa ?

L’homme est généralement en position assise face à sa compagne ; il utilise son sexe pour lui tapoter le clitoris jusqu’à ce qu’elle atteigne ce fameux jaillissement. Milène Leroy, sexologue.

« Certaines femmes s’épanouissent au point de pousser des cris qui font sourire tout le voisinage » rapporte un article du magazine Jeune Afrique (source 2).

Bien que la nature spécifique de cette technique ancestrale puisse varier, voici quelques éléments généraux à prendre en compte :

  • Avoir une communication ouverte : « Assurez-vous que vous et votre partenaire êtes à l’aise et disposés à explorer cette pratique ensemble » indique la sexologue. « Chacun a des préférences et des limites individuelles, cette pratique devra donc être réalisée dans le respect et avec le consentement mutuel. »
  • Garder une écoute active : le Kunyasa mettant l’accent sur la sensibilité et la réceptivité aux réactions de la partenaire, il est important que le partenaire reste à l’écoute de ses signaux afin de pouvoir s’ajuster en conséquence.

Existe-t-il des aliments qui favorisent ce jaillissement ?

Sans preuve scientifique à l’appui, les plats en sauce, les bananes vertes, les haricots tout comme le fait de boire beaucoup d’eau seraient favorables au jaillissement lié à la pratique du Kunyasa.

Les limites et contre-indications liées à cette pratique

  • Manque de consentement : tout type de pratique sexuelle doit être consensuel. Si l’un des deux partenaires n’est pas à l’aise avec le Kunyasa, mieux vaudra éviter de s’y prêter.
  • Des problèmes de santé spécifiques tels que des infections génitales, des troubles médicaux (problèmes de circulation sanguine…) ou des conditions douloureuses peuvent aussi constituer des contre-indications à la pratique du Kunyasa. « Dans le cas où la femme ne puisse éjaculer « suffisamment », la pratique pourrait en effet se révéler douloureuse » avertit Milène Leroy. « Assurez-vous toujours que la zone soit suffisamment lubrifiée pour lui garantir un confort optimal. Au besoin, utiliser un lubrifiant à base d’eau ». 

Le Kunysasa : un plaisir féministe ou antiféministe ?

Selon la Fédération Nationale GAMS (Groupe pour l’Abolition des Mutilations Sexuelles, des Mariages Forcés et autres pratiques traditionnelles néfastes à la santé des femmes et des enfants), « derrière cette pratique se cacherait une autre : le Gukuna ; consistant à étirer aux jeunes filles les petites lèvres vaginales vers le bas (comme on trairait une vache) pour qu’elles produisent). Nul doute que ce culte de l’éjaculation féminine divise et que, déplacé hors de ses frontières rwandaises, il pourrait être mal vécu par ses pratiquants. « Au cabinet, je n’ai jamais entendu parler de cette pratique. Ce qui ne veut pas dire qu’en France, elle n’est pas utilisée au sein des couples mais qu’elle est certes, beaucoup plus rare » relève la sexologue de Clermont-Ferrand. Elle précise : « Rappelons aussi qu’au Rwanda, le Kunyasa est également signe de fertilité, d’épanouissement et de bonheur conjugal. Et que celles qui n’arrivent pas à faire « jaillir cette eau » peuvent être considérées comme infertiles. Donc si on ramène cette croyance chez nous en Occident, elle pourrait être source de blocage à la fois chez l’homme qui peut se sentir frustré de ne pas réussir à donner du plaisir à sa compagne ou si cette dernière, n’arrive tout simplement pas à lubrifier naturellement en abondance. »

Pratique sexuelle ou culturelle à part entière ? Le Kunyasa fait débat en dehors des ébats !

Continuer la lecture

close

Recevez toute la presse marocaine.

Inscrivez-vous pour recevoir les dernières actualités dans votre boîte de réception.

Conformément à la loi 09-08 promulguée par le Dahir 1-09-15 du 18 février 2009 relative à la protection des personnes physiques à l'égard du traitement des données à caractère personnel, vous disposez d'un droit d'accès, de rectification, et d'opposition des données relatives aux informations vous concernant.

Afficher plus
Bouton retour en haut de la page