Santé

Troubles musculo-squelettiques : maladies, personnes à risque, prévention, solutions

Les troubles musculo-squelettiques regroupent un grand nombre d’affections péri-articulaires qui peuvent toucher des tissus mous (muscles, tendons, nerfs, vaisseaux, articulations) des membres et du dos. Ils peuvent se manifester par crise (par exemple, une tendinite aiguë) ou s’installer progressivement et devenir chroniques.

Parmi les plus fréquents ? Le syndrome du canal carpien, les tendinopathies aux épaules et les lombalgies (douleurs dans le bas du dos). Sur le long terme, en l’absence de prise en charge, ils peuvent entraîner un handicap durable et affecter la vie quotidienne et l’employabilité des personnes concernées. Pour empêcher cela, il convient d’identifier précocement les facteurs de risque, notamment professionnels !

Définition : qu’est-ce qu’un trouble musculo-squelettique (TMS) ?

Les troubles musculo-squelettiques (TMS) désignent des affections qui peuvent concerner les muscles, les tendons, les nerfs, le système vasculaire et / ou les articulations. Ils peuvent donc concerner différentes parties du corps, notamment les épaules, les coudes, les poignets, les mains, le cou, le dos, les hanches, les genoux et les pieds.

À terme, ils peuvent être responsables de douleurs, de raideurs, d’une fatigue musculaire voire d’une perte musculaire, d’engourdissements, de fourmillements, etc. En cause ? Des mouvements répétitifs, des positions inconfortables, des gestes brusques, des efforts physiques intenses et prolongés, ou des vibrations. D’où leur seconde appellation : « pathologies d’hyper-sollicitation ».

Souvent bénins au départ, les troubles musculo-squelettiques peuvent s’aggraver progressivement. C’est pourquoi on distingue généralement trois stades d’évolution :

  • Le stade 1 : les douleurs et la fatigue apparaissent à l’effort et disparaissent au repos ;
  • Le stade 2 : les douleurs, la fatigue et la faiblesse musculaire apparaissent plus rapidement à l’effort et mettent plus longtemps à disparaître au repos ;
  • Le stade 3 : les douleurs, la fatigue et la faiblesse musculaire deviennent chroniques et persistent même au repos.

Quels sont les TMS les plus fréquents ?

Les TMS les plus répandus concernent généralement le dos et les membres supérieurs :

  • le syndrome du canal carpien au poignet ;
  • les tendinites au niveau de la main ou de l’épaule ;
  • le syndrome de la coiffe des rotateurs à l’épaule ;
  • l’épicondylite et l’épitrochléite au niveau du coude ;
  • les lombalgies (douleurs au niveau du bas du dos) ;
  • le syndrome tensionnel de la nuque ;
  • le syndrome de Raynaud ;
  • etc.

Moins fréquemment, on peut aussi relever des TMS des membres inférieurs, comme l’hygroma du genou, la bursite ou l’atteinte du tendon d’Achille. Ils surviennent le plus souvent chez les personnes qui travaillent à genoux ou accroupis.

Les troubles musculo-squelettiques peuvent-ils être reconnus comme des maladies professionnelles ?

La grande majorité des TMS sont d’origine professionnelle et peuvent, à ce titre, faire l’objet d’une reconnaissance en tant que maladie professionnelle. En France, les TMS sont d’ailleurs de loin la première cause de maladies professionnelles indemnisées.

Ils sont donc l’une des questions les plus préoccupantes en santé au travail. En cause ? Leur augmentation constante, leurs conséquences individuelles en termes de souffrance, de réduction d’aptitude, de risque de rupture de la vie professionnelle, mais aussi leurs conséquences sur le fonctionnement des entreprises et leur coût.

La reconnaissance en tant que maladie professionnelle a plusieurs avantages, tels que l’accès à des soins médicaux gratuits ou à des indemnités de compensation pour les pertes de salaire et les incapacités permanentes. Toutefois, elle peut être difficile à obtenir, car il faut être en mesure de prouver le lien de cause à effet entre le TMS et le poste. Pour cela, les personnes doivent faire appel à leur médecin traitant pour établir un certificat médical et constituer un dossier solide à transmettre à la caisse d’assurance maladie.

Les TMS, des troubles sous-déclarés…

Le plus souvent liés à l’activité professionnelle, les TMS peuvent aussi en signer la fin. Certain(e) s salarié(e) s choisissent donc taire leurs maux par peur de perdre leur emploi et de rester au chômage ensuite. De fait, les salariés licenciés pour inaptitude peuvent être pénalisés, par la suite, pour retrouver un travail.

Par ailleurs, la menace du licenciement peut être brandie par certains employeurs comme moyen de pression pour lutter contre l’absentéisme et réduire le nombre de plaintes. Une raison de plus pour les salarié(e)s de taire leurs griefs.

Symptômes : comment se manifestent les troubles musculo-squelettiques ?

Les symptômes des troubles musculo-squelettiques peuvent varier en fonction de la partie du corps concernée et de la gravité de l’affection. La douleur est souvent le premier signe d’alerte, mais elle peut aussi s’accompagner :

  • d’une enflure ;
  • d’une raideur articulaire ;
  • de fourmillements ;
  • d’engourdissements ;
  • d’une perte de force ;
  • d’une fatigue musculaire ;
  • et une diminution de la mobilité.

Ces symptômes ne sont pas forcément violents, ils peuvent occasionner un inconfort modéré mais très récurrent qui doit faire l’objet d’une consultation médicale.

Quel spécialiste consulter ?

Plusieurs professionnels peuvent diagnostiquer et prendre en charge les troubles musculo-squelettiques (TMS). Dans un premier temps, consultez votre médecin traitant ou un médecin généraliste, qui réalisera un examen clinique complet et prescrira, si besoin, des examens complémentaires. N’hésitez pas à lui donner le maximum de détails sur vos loisirs, vos conditions de travail, etc. De nombreux diagnostics peuvent être posés après un simple interrogatoire détaillé.

Selon les cas, ce professionnel pourra vous diriger vers un médecin spécialiste plus à même de prendre en charge votre pathologie :

  • un(e) kinésithérapeute, spécialiste de la rééducation physique, qui peut prendre en charge les TMS grâce à des exercices de renforcement musculaire, des étirements et des massages.
  • un(e) rhumatologue, spécialisé(e) dans les maladies et les troubles des articulations, des os et des tissus conjonctifs ;
  • un(e) orthopédiste, spécialisé(e) dans les troubles du système musculo-squelettique ;
  • un(e) ostéopathe, spécialisé(e) dans les manipulations musculo-squelettique permettant de soulager les tensions et les douleurs ;
  • un(e) ergonome, spécialiste de la conception des postes de travail pour limiter justement les TMS.

Quoi qu’il en soit, pensez à respecter le parcours de soins coordonnés pour bénéficier d’un meilleur remboursement !

Quelles sont les causes les plus fréquentes des troubles musculo-squelettiques ? Sont-ils toujours liés au travail ?

Vous l’aurez compris, les troubles musculo-squelettiques (TMS) peuvent avoir de nombreuses causes. Ils se développent progressivement suite à un surmenage qui survient le plus souvent au travail, mais peut aussi être lié à une activité de loisir régulière (jardinage, bricolage, pratique sportive, etc.). Les causes plus courantes sont :

  • les mouvements répétitifs, comme ceux effectués sur une chaîne de montage ;
  • les mauvaises postures, qui peuvent être causées par des sièges de travail mal conçus, des écrans d’ordinateur mal placés ou des outils de travail mal adaptés ;
  • les efforts physiques intenses, comme le fait de soulever des objets lourds régulièrement ;
  • les vibrations, comme celles des outils électriques ou des machines diverses ;
  • l’environnement, notamment les températures extrêmes que l’on retrouve en utilisant des congélateurs ou des fours, mais aussi les problèmes de bruit ou d’éclairage qui peuvent pousser les employés à adopter de mauvaises postures ;
  • une exposition intense au stress et à l’anxiété qui peuvent causer des tensions musculaires ;
  • etc.

Sans oublier les facteurs individuels, comme la fragilité physique ou psychique, l’âge, le sexe et les antécédents médicaux, qui peuvent aussi augmenter le risque de développer un TMS.

Quels sont les principaux facteurs de risque ?

Les troubles musculo-squelettiques résultent souvent d’une combinaison de plusieurs facteurs de risques : les facteurs biomécaniques (la posture, l’intensité de la force, la répétition et la durée de l’activité), les facteurs environnementaux (froid, chaleur, éclairage, vibrations, etc.), les facteurs organisationnels (contrainte de temps ou d’espace, relations interpersonnelles, etc.) et les facteurs psychosociaux (le manque de reconnaissance, des relations sociales dégradées, une insécurité de l’emploi, etc.).

Risques : quelles sont les personnes les plus touchées par les TMS ?

Aucun secteur professionnel n’est épargné par les TMS. Les troubles musculo-squelettiques sont fréquents chez les personnes qui effectuent des tâches répétitives ou qui doivent travailler dans des positions inconfortables pendant de longues périodes.

On distingue toutefois des secteurs d’activité particulièrement concernés par les troubles musculo-squelettiques :

  • le transport et la logistique ;
  • le commerce ;
  • l’agroalimentaire ;
  • l’industrie ;
  • le bâtiment et les travaux publics ;
  • la propreté et l’entretien ;
  • l’industrie métallurgique ;
  • les personnels d’aide à la personne et de soins ;
  • etc.

Quelles conséquences pour les employés et les employeurs ?

Les troubles musculo-squelettiques (TMS) peuvent avoir des conséquences importantes sur la santé des personnes qui en souffrent, mais aussi sur la santé économique des entreprises et de la France.

Les conséquences les plus courantes des TMS sont :

  • une dégradation de la qualité de vie et du parcours professionnel des patient(e)s ;
  • une dégradation de la santé mentale des patient(e)s (perte de motivation, stress, anxiété, dépression) ;
  • un absentéisme au travail, qui peut avoir un impact financier important sur la personne concernée ;
  • une perte de productivité pour l’entreprise, car les personnes concernées peuvent avoir du mal à effectuer leurs tâches de manière efficace ou à travailler à leur plein potentiel ;
  • une augmentation des incidents par manque d’attention et de capacités de réaction due à la fatigue, la douleur ou l’inconfort ;
  • une augmentation des frais de formation du fait de la rotation du personnel ;
  • une atteinte de l’image de marque d’une entreprise ;
  • etc.

Comment prévenir les troubles musculo-squelettiques ?

Plusieurs solutions permettent de prévenir les troubles musculo-squelettiques :

  • ajustez votre posture : maintenez une bonne posture en position assise ou debout pour éviter les tensions musculaires et les douleurs. Utilisez, par exemple, des sièges de travail ergonomiques, des coussins et des repose-pieds pour ajuster votre posture si nécessaire ;
  • prenez des pauses régulières pour éviter la fatigue musculaire et le stress ;
  • faites de l’exercice régulièrement pour renforcer vos muscles et vos articulations. Des muscles forts et souples sont en effet moins susceptibles de subir des blessures ;
  • échauffez-vous avant de commencer une tâche physique ;
  • utilisez les bons outils et les équipements appropriés pour éviter les mouvements répétitifs ou les efforts physiques excessifs ;
  • respectez les normes de sécurité au travail pour éviter les accidents pouvant entraîner des TMS ;
  • surveillez votre état de santé et signalez tout symptôme suspect à votre médecin traitant ou au médecin du travail.

Il est aussi important de rappeler que les employeurs jouent un rôle primordial dans la prévention des TMS en fournissant des outils ergonomiques, en offrant des formations à la sécurité au travail et en prenant des mesures pour minimiser les risques pour la santé physique et mentale des employé(e)s.

L’article L. 4121-2 du Code du travail énonce neuf principes généraux de prévention sur lesquels l’employeur doit s’appuyer pour mettre en place une stratégie adaptée :

  • éviter les risques ;
  • évaluer les risques qui ne peuvent pas être évités ;
  • combattre les risques à la source ;
  • adapter le travail à l’homme, en particulier en ce qui concerne la conception des postes de travail ainsi que le choix des équipements de travail et des méthodes de travail et de production, en vue notamment de limiter le travail monotone et le travail cadencé et de réduire les effets de ceux-ci sur la santé ;
  • tenir compte de l’état d’évolution de la technique ;
  • remplacer ce qui est dangereux par ce qui n’est pas dangereux ou par ce qui est moins dangereux ;
  • planifier la prévention en y intégrant, dans un ensemble cohérent, la technique, l’organisation du travail, les conditions de travail, les relations sociales et l’influence des facteurs ambiants, notamment les risques liés au harcèlement moral et au harcèlement sexuel ;
  • prendre des mesures de protection collective en leur donnant la priorité sur les mesures de protection individuelle ;
  • donner les instructions appropriées aux travailleurs.

Traitement : comment soigner les troubles musculo-squelettiques ?

La prise en charge des TMS dépend évidemment de leur nature, de leurs causes, mais aussi de l’intensité des symptômes, de l’âge des patient(e)s, des activités à l’origine du trouble, etc. Elle démarre systématiquement par l’identification et la suppression des déclencheurs et des facteurs de risque. Si besoin, le / la médecin du travail pourra vous accompagner et proposer des aménagements de poste. Puis vient le temps du traitement.

En cas de douleurs, mieux vaut éviter l’automédication. Consultez un médecin qui pourra vous prescrire les médicaments suivants :

Parallèlement, plusieurs options peuvent être envisagées :

  • une période de repos complet ou partiel, rendu possible grâce à un arrêt de travail ou à l’aménagement des missions ;
  • des séances de physiothérapie alliant massages, étirements et traitements par la chaleur ou le froid ;
  • des séances de thérapies manuelles comme la kinésithérapie, l’ostéopathie ou la chiropratique ;
  • desinfiltrations de corticoïdes ;
  • une immobilisation des articulations douloureuses ;
  • voire une intervention chirurgicale, par exemple en cas de syndrome du canal carpien ;
  • etc.

Par ailleurs, il est indispensable de surveiller l’évolution des symptômes qui s’aggravent généralement avec le temps. Suivez les conseils de votre médecin pour limiter les dégâts !

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