Urticaire au froid : comment la reconnaître et la traiter ?
On le sait peu, mais l’une des causes fréquentes d’une urticaire est un élément physique, comme le froid, la chaleur, le soleil, des frottements répétés… Le froid spécifiquement serait à l’origine d’environ 15 % de ces urticaires physiques. Un chiffre probablement inférieur à la réalité : les formes légères ne font pas l’objet de consultation médicale et passent donc à la trappe des statistiques.
Définition : qu’est-ce ce que l’urticaire de contact au froid ?
L’urticaire au froid est une forme d’urticaire physique qui survient sur des zones cutanées exposées au contact du froid via des substances froides (objets, etc.), des courants d’air froid ou de l’eau froide. Elle touche le plus souvent les mains et le visage.
Contrairement à ce que l’on pense, il ne s’agit pas d’une allergie au froid. Aucun allergène (pollen, métal, aliment…) n’est en effet responsable dans le déclenchement de cette urticaire particulière.
La maladie peut survenir à tout âge, mais il y a un pic de fréquence chez l’enfant (avant l’âge de 10 ans) et chez l’adulte jeune.
Ne pas la confondre avec l’eczéma au contact du froid
Le froid peut aussi provoquer de l’eczéma. « Cela s’explique en partie par les changements environnementaux : en hiver, l’air est froid et sec à l’extérieur, et à l’intérieur le chauffage assèche l’air ambiant. Cette diminution de l’humidité affecte toutes les peaux, qui deviennent plus sèches », explique l’Association française de l’eczéma (source 1).
Symptômes : comment se manifeste une allergie au froid ?
Les symptômes de l’urticaire sont souvent les mêmes, mais ils peuvent varier en intensité en fonction de la personne.
Des plaques sur la peau
En cas d’urticaire au froid, sur les zones exposées au froid vont apparaître, quelques minutes après le contact, des plaques rouges gonflées (des papules), accompagnées de fortes démangeaisons. « Elles peuvent disparaître en quelques minutes ou en quelques heures », explique la Dre Elisabeth Berrissoul, dermatologue.
Chez certaines personnes, une difficulté à respirer voire un asthme peuvent apparaître, ou encore de la fièvre, des maux de tête ou des douleurs articulaires. L’intensité des symptômes est très variable, allant des plaques superficielles jusqu’au choc anaphylactique.
Quelle situation peut déclencher cette réaction ?
Ces réactions restent généralement localisées aux zones ayant été en contact avec le froid. Elles se reproduisent dès que la personne se retrouve confrontée à la même situation :
- marcher pieds nus sur un sol froid,
- passer ses mains sous l’eau froide,
- se baigner en eau froide ;
- exposer son visage dehors en hiver,
- consommer une boisson ou des aliments froids…
Les conditions dans lesquelles se déclenche l’urticaire varient d’une personne à l’autre. Là encore, il est impossible de généraliser.
C’est souvent (75 % des cas) lors d’une baignade dans l’eau froide que la maladie est diagnostiquée : l’exposition au froid concerne alors une grande partie du corps et déclenche des réactions étendues.
Causes : qu’est-ce qui peut provoquer de l’urticaire de froid ?
« L’urticaire reste une maladie mystérieuse. L’urticaire au froid idiopathique, c’est-à-dire sans cause connue, peut apparaître spontanément au cours de la vie, et disparaîtra au bout de quelques années tout aussi subitement qu’elle est apparue », note la dermatologue.
On ne peut pas non plus définir de profil à risque pour l’allergie au froid : « aucune personne n’est à proprement parler à risque d’urticaire au froid », précise le Dr Berrissoul. « Ce que l’on constate, c’est qu’elle touche majoritairement de jeunes adultes, surtout des femmes ».
L’urticaire familiale au froid
Seule exception : la forme héréditaire ou familiale d’urticaire, qui apparaît dès l’enfance et dure toute la vie, mais elle est très rare. Cette dernière est due à une mutation génétique à laquelle s’est intéressée une équipe de chercheurs de l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale). Leurs travaux menés sur la souris et chez l’homme ont montré des points communs avec la maladie de Crohn, une maladie auto-immune inflammatoire qui touche l’intestin.
Dans l’urticaire familiale au froid, l’organisme des patients ne tolère pas ses propres bactéries intestinales. Le froid pourrait augmenter la perméabilité de la paroi intestinale laissant ainsi passer dans le sang « de nombreuses molécules pro-inflammatoires ainsi que des débris bactériens », selon un communiqué de l’Inserm en date du 26 février 2019 (Source 2).
Ce phénomène provoquerait localement une inflammation, ce qui expliquerait la fièvre, les maux de tête et les douleurs articulaires. En explorant davantage la mutation génétique et ses conséquences, les chercheurs espèrent ouvrir la voie à de nouvelles pistes thérapeutiques (Source 3).
Diagnostic : comment confirmer une urticaire au froid ?
Quand on souffre d’urticaire au froid, il est nécessaire de consulter un médecin, afin de confirmer le diagnostic et de rechercher une éventuelle cause.
Le test du glaçon
C’est le test au glaçon qui permet de confirmer le diagnostic : après avoir posé un glaçon sur la peau, le médecin observe au bout de combien de temps apparaissent les papules urticariennes.
Même si l’urticaire est le plus souvent idiopathique, le médecin va rechercher une cause éventuelle (prise de certains médicaments, contexte infectieux, maladies auto-immunes, cryopathies) par un interrogatoire, un examen clinique et un bilan sanguin.
L’urticaire au froid est-elle une réaction dangereuse ?
« Dans la majorité des cas, non », souligne le Dr Berrissoul. « Mais il existe une forme d’urticaire rare, l’urticaire avec angio-œdème, qui peut être grave : il y a un risque de malaise général, voire de choc, en cas de consommation de boisson ou d’aliment glacé ou surtout en cas de baignade dans de l’eau froide avec un risque de noyade ». Dans ce cas, les sports nautiques sont contre-indiqués et il faut éviter de consommer des glaces, boissons glacées…
Traitement : comment calmer et soigner une allergie au froid ?
Le plus important est la prévention, en portant des vêtements contre le froid, mais aussi en évitant les bains froids et la consommation de boissons ou d’aliments glacés.
De plus, en cas d’intervention chirurgicale, il est important de prévenir le chirurgien car les blocs opératoires sont généralement froids.
- Le traitement de la crise d’urticaire au froid est la prise d’un antihistaminique de seconde génération par voie orale. La prise de corticoïdes est déconseillée ;
- Pour les formes graves avec risque de choc, le patient se voit prescrire de l’adrénaline auto-injectable qu’il doit garder sur lui.
- En traitement de fond, la prise d’antihistaminiques peut se poursuivre durant plusieurs mois, voire plusieurs années ;
- Dans certains cas, une désensibilisation est possible, par une exposition progressive et localisée au froid, en milieu hospitalier.
