Adrien, 38 ans : « Ma compagne ne supporte plus l’idée que mon fils soit le fruit de mes amours avec mon ex »
« Ce qui me met le plus en colère, c’est de me dire que Johanna savait, lorsque nous nous sommes rencontrés, il y a bientôt quatre ans, que j’étais en couple, même s’il commençait sérieusement à battre de l’aile, et surtout que j’avais un petit garçon, alors âgé de vingt-deux mois, lâche d’emblée Adrien*, un poil agacé. Je ne lui ai jamais rien caché. À 33 ans et des poussières, elle, de son côté, n’avait pas encore d’enfant, mais le fait que je sois, moi, déjà père ne lui posait apparemment aucun problème. C’est du moins ce qu’elle n’arrêtait pas d’affirmer. Elle me jurait qu’elle avait assez d’amour pour trois, voire pour plus, car elle ne cachait pas son envie ferme de faire rapidement un bébé avec moi. Je crois que ça l’angoissait profondément de voir son horloge biologique tourner. On allait, m’avait-elle dit, former une adorable nouvelle famille ».
Cet analyste financier dans un établissement bancaire de la région lyonnaise se souvient que les premières rencontres entre Emile et Johanna avaient quelque chose d’idyllique. « Elle lui préparait des gâteaux au chocolat, le prenait dans ses bras, jouait avec lui, confirme le trentenaire. Bref, elle faisait franchement tout pour que ça se passe bien avec lui et s’inquiétait même parfois de savoir si je la trouvais suffisamment à la hauteur. Emile l’aimait d’ailleurs tellement – quand nous étions seuls tous les deux, il n’arrêtait pas de me demander où elle était et, surtout, quand il allait la voir – que j’avais peur que ça rende la séparation avec sa mère encore plus compliquée ».
Un passé pesant
C’est lorsque Johanna et Adrien s’installent ensemble que les choses commencent sérieusement à se gâter. « Depuis un peu plus d’un an que nous vivons sous le même toit, Johanna a changé du tout au tout, glisse le père de famille, visiblement meurtri par cette mésentente. Je vois bien que dès que je prononce le prénom d’Emile ou que je parle de lui, pour une raison ou pour une autre, elle s’arrange toujours pour changer illico de sujet. Et lorsque je lui dis qu’Emile va venir passer le dimanche, voire tout le week-end avec nous, c’est encore pire. Elle se braque et se met à bouder pendant plusieurs jours ». Autant dire qu’Adrien appréhende désormais les retrouvailles avec son fils. Une situation qui, selon ses mots, « lui pourrit la vie ». D’autant qu’Emile, même s’il est encore tout petit, a, lui aussi, perçu le changement. « Il voit bien que Johanna n’est plus du tout comme avant – elle n’est pas méchante avec lui (il ne manquerait plus que ça !), mais elle l’ignore en ne lui adressant quasiment pas la parole, quand elle ne cherche pas carrément à fuir de la maison, sous prétexte d’une course urgente à faire ou, à défaut, à se réfugier dans notre chambre avec son ordinateur pour ne pas être avec lui – et il ne sent plus le bienvenu chez nous, détaille-t-il. Il refuse même souvent d’embrasser Johanna et, quand il est avec nous, il passe le plus clair de son temps à se cacher sous le canapé du salon ou derrière mes jambes ».
Elle ne supporte pas l’idée de savoir que j’aie un passé amoureux
Cette situation rend évidemment Adrien très malheureux, et crée d’énormes tensions dans le couple. « Lorsque je mets le sujet sur la table, Johanna nie toujours en bloc, poursuit le trentenaire. Elle me dit que je me fait des idées. Ou alors, à la limite, elle concède qu’elle est parfois mal à l’aise avec Emile, mais que c’est de sa faute. Il lui jetterait, paraît-il, constamment des petits regards noirs qui lui donneraient l’impression de se retrouver face à un Gremlin prêt à lui bondir dessus. Ce qui, bien entendu, est totalement faux… et de surcroît ridicule. Ça me met hors de moi qu’elle soit capable d’inventer des histoires aussi rocambolesques, par pure jalousie ». Car Adrien n’est pas dupe. « Si Johanna ne supporte pas la présence d’Emile, c’est uniquement parce qu’il est le fruit de mes amours avec Valentine, sa maman, lâche-t-il. Inconsciemment (ou pas), elle ne supporte pas l’idée de savoir que j’aie un passé amoureux, que j’aie pu étreindre d’autres femmes qu’elle, et même jouir dans d’autres bras que les siens. Son attitude est tellement puérile qu’elle relève, à mon sens, de l’analyse. En attendant, je suis tellement dégoûté qu’elle nous fasse vivre ça, aussi bien à mon fils qu’à moi, que, depuis quelques mois, j’en arrive à ne plus avoir envie d’elle. Et, même, à refuser les rapports sexuels, lorsqu’elle en prend l’initiative. Ce qui, bien sûr, n’arrange rien entre nous, puisque son désir de maternité est, malgré nos fréquentes bisbilles, toujours là. À moins qu’elle prenne rapidement conscience qu’elle est en train de me perdre et qu’elle décide de se conduire en adulte responsable, je doute sérieusement de l’avenir de notre relation ».
* Les noms sont modifiés.
