Les hommes plus jeunes sont-ils l’avenir de la femme ? Décryptage
Les livres d’Annie Ernaux sont toujours un cadeau, mais le dernier encore plus. Dans « Le Jeune Homme », elle écrit sur les vertiges du temps qui passe en confiant sa relation avec un étudiant de 25 ans. Celui-ci la vénère et vient à elle au début des années 1990, pourquoi se refuser ? « Il me vouait une ferveur dont, à 54 ans, je n’avais jamais été l’objet de la part d’un amant », précise la Prix Nobel avec délice. Dans le podcast d’Ovidie, « La Dialectique du calbute sale », Maïa Mazaurette, 44 ans, avoue de son côté être « très Tinder » et cibler des partenaires entre « 21 et 27 ans ». Ce qu’elle y trouve ? « L’impression de vieillir moins vite. » Fut un temps où l’on affublait les femmes aux partenaires plus jeunes d’un nom d’animal : la cougar. Ou d’un acronyme qui faisait d’elles des objets de désir plus que des sujets : la milf (en gros, des mères qu’on voudrait bien culbuter).
Insupportable différence d’âge quand elle opère dans ce sens ? En effet, le sujet est à la croisée de deux terrains politiques : la sexualité et le « double standard », le fait que femmes et hommes sont loin d’être égaux face aux années qui défilent. Selon Mélissa Petit, sociologue spécialiste de l’âge, « le vieillissement féminin reste encore raconté dans le registre de la perte et de la décrépitude, jamais en termes d’expérience ni de valeur. Alors que les femmes acquièrent du pouvoir avec l’âge, comme celui de savoir mieux qui elles sont et de s’affirmer. Mais on les invisibilise dans toutes les sphères. Au cinéma, par exemple, plus les hommes vieillissent, plus on leur adjoint des partenaires jeunes. Il faut changer toutes les représentations ».
Si le sugar daddy a encore de beaux jours devant lui ( De Niro vient d’avoir un septième enfant à 80 ans et Al Pacino un quatrième avec sa petite amie de cinquante-quatre ans de moins !), de plus en plus de femmes inventent de nouveaux modèles et s’autorisent à choisir des amants ou des amoureux plus jeunes qu’elles : Priyanka Chopra, 40 ans, ostensiblement adulée par Nick Jonas, dix ans de moins, Olivia Wilde, 39 ans, ex-compagne de Harry Styles, 29 ans, Anne-Élisabeth Lemoine, 52 ans, embrassant en couverture de « Voici » Bertrand Chameroy, son chroniqueur de 34 ans, Sam Taylor-Johnson, 56 ans, mariée depuis treize ans au sexy Aaron Taylor-Johnson, 33 ans. Récemment, il célébrait l’anniversaire de sa femme en affichant sur Instagram une photo d’eux en train de faire la roue, hilares, et en confiant : « Quand tu as la chance de trouver quelqu’un d’aussi fou que toi. » Il a aussi adopté son patronyme en l’épousant et s’avère un soutien sans faille. « Il est content de s’occuper de la maison et des enfants pendant que je travaille », ronronne-t-elle. « L’homme de 30 ans est l’avenir de la femme de 45 », théorise Stéphanie, l’une de nos témoins, dont l’amant a quinze ans de moins qu’elle.
Moins abîmé par la vie que les quadras, plus fougueux, plus égalitaire aussi, le 20-30 ans aurait tout bon. Un constat enchanté partagé par Pauline, 45 ans : « Les garçons plus jeunes sont souvent au taquet sur # metoo, et en plus, ils ont des fesses plus rebondies. Il est temps d’être lucide avec soi-même : nous aussi on regarde les fils plutôt que les pères, parce que ce sont eux les bombasses. » D’autant que cet âge dans la vie d’une femme est souvent celui d’une certaine libération : avec moins d’injonctions de faire des enfants, de conjugalité, place à l’amusement, à l’expérimentation, à la légèreté. Et pour ce faire, certaines ont choisi leur camp : le jeune homme.
