Santé

Edith et Alain (52 ans), « Nous avons vécu une rupture amicale qui a impacté notre couple »

Edith et Alain ont tous les deux 52 ans et sont en couple depuis 25 ans : « On a tout construit ensemble. On est très fusionnels et l’on a même fini par travailler ensemble. Je n’imagine pas une seconde ma vie sans Edith. C’est la femme de ma vie. »

Un départ sensible

Quand Edith et Alain se rencontrent, une troisième personne fait partie de l’équation : « Edith avait une meilleure amie qui faisait vraiment partie de notre vie. Elles se voyaient plusieurs fois par semaine, on se faisait des repas ensemble, on prenait parfois nos vacances ensemble. Je me suis habituée à ce que cette femme soit toujours un peu là. Et l’on s’entendait très bien. C’était comme une sœur, dans ma tête. En tout cas, quelqu’un qui faisait partie de la famille. »

Alors quand cette meilleure amie disparait de leurs vies, Edith est bouleversée : « Edith a vécu une vraie rupture amicale comme on dit maintenant. Sa meilleure amie l’a lâchée du jour au lendemain en lui disant des horreurs. Cette femme a disparu de notre vie mais avant ça, elle a bien abîmé tous les souvenirs heureux que l’on avait avec elle. Edith a eu du mal à s’en remettre. Elle a perdu beaucoup de poids, pleurait beaucoup. On peut dire que ça l’a fait tomber en dépression. Moi, j’étais démuni. Notre médecin généraliste a essayé de l’aider, moi, je faisais ce que je pouvais au quotidien, mais finalement, c’est le médecin qui a eu la bonne idée : la  thérapie de couple. J’ai pris un rendez-vous le plus rapidement possible et l’on s’est retrouvés, ensemble, devant une dame très sympathique qui nous a aidés à démêler ce que l’on avait vécu et Edith à faire son deuil. J’avais aussi besoin de parler de tout ça, ce que je ne faisais pas parce que la souffrance d’Edith prenait toute la place, ça m’a fait du bien aussi. »

Je pense que je suis devenu une meilleure personne après ça

Pour Alain, la thérapie de couple a tout changé : « Je ne viens pas d’une famille où ce genre de chose se fait. Surtout pas quand on est un homme. Il faut accepter ce qui arrive et tourner la page. On ne parle pas de ce qui nous fait du mal et d’ailleurs, on n’est pas censé avoir mal. Je pense que je suis devenu une meilleure personne après ça. J’ai appris à reconnaître mes sentiments et à accepter que j’avais besoin de parler. J’étais très démuni quand Edith a commencé à dépérir de tristesse. Les enfants ne comprenaient pas que leur mère réagisse comme ça non plus. Parfois, c’est nécessaire d’aller chercher de l’aide chez des personnes dont c’est le métier. Il n’y a pas de honte à avoir. »

Quand l’amitié est aussi forte que l’amour

Edith a été très marquée par la rupture avec sa meilleure amie : « C’était une histoire de 40 ans, plus longue que mon mariage. Je n’ai quasiment aucun souvenir sans ma meilleure amie. Elle a toujours été là. Plusieurs sentiments se sont mêlés en même temps, mais en majorité, j’étais désespérée de vivre sans elle, sans pouvoir commenter le quotidien avec elle, sans créer de nouveaux souvenirs avec elle. Je pense que ça a été comme un chagrin d’amour pour moi. J’ai perdu 10 kg, je ne mangeais plus, je ne faisais que pleurer. Ça n’a pas été facile pour mes proches. J’allais voir mon médecin généraliste qui me prescrivait des médicaments pour dormir et tenir le coup la journée au travail, mais il me répétait aussi que ce n’était que du provisoire. Moi, je n’en voyais pas la fin. Heureusement qu’Alain a proposé la thérapie de couple. En fait, il ne m’a pas proposé. Il l’a imposé. Il avait pris rendez-vous pour nous deux. Je pense que je n’aurais pas été capable de faire ça toute seule et j’ai réalisé aussi, pendant le premier rendez-vous, que lui aussi souffrait. Ça nous a rapproché, on avait un deuil à faire ensemble. »

La thérapie m’a permis de réaliser que je n’avais pas tout perdu

Edith a encore du mal à parler de son ancienne meilleure amie : « Ça m’arrive d’ aller voir sur Instagram ce qu’elle devient. Je ne peux pas m’en empêcher. La psy m’a dit que ce n’était pas grave tant que c’était mesuré. J’essaye d’en parler avec Alain quand je le fais. Il m’a déjà avoué que lui aussi l’avait fait. Ça fait du bien de se dire que l’on partage les mêmes phases. Ça fait six mois depuis qu’elle a quitté nos vies et quatre mois depuis que l’on a commencé la thérapie et je me sens déjà mieux. Je pense que le temps joue aussi. On a besoin de se construire d’autres souvenirs. C’est ce que l’on a commencé à faire. Alain nous a réservé des vacances dans un endroit où l’on n’est jamais allé. Il m’a annoncé que l’on allait voyager plus et plus loin. Il veut que l’on profite. On parle plus au quotidien aussi. Maintenant, c’est avec lui que je commente les choses, que je partage ce que je ressens. Je ne sais pas si je vais être capable d’avoir une autre meilleure amie, mais je sais que je ne suis pas seule. Alain est là et il est vraiment là pour moi. Les enfants sont là aussi même si je ne partage pas les mêmes choses avec eux. La thérapie m’a permis de comprendre que je n’avais pas tout perdu. Je crois même que, quelque part, j’y ai gagné. Au moins il n’y a plus de mensonge dans ma vie. »

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