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« Faire un test de personnalité MBTI m’a réconciliée avec moi-même »

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« J’étais dans un quasi dégoût général de qui j’étais. » Asma a 22 ans et ne va pas très bien quand elle passe le test Myers Briggs Type Indicator (MBTI) sur un site. Un indicateur de personnalité utilisé en psychologie et dans le coaching dont elle fait confirmer le résultat par des personnes certifiées. C’est le premier jour du reste de sa vie. Elle se découvre INTP – ou Logicien – un des types les plus rares du MBTI. Non seulement Asma s’y reconnaît, mais elle s’autorise enfin à être elle-même.

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Le questionnaire qui a changé sa vie

Durant toutes ces années, Asma s’est senti à part, en marge. Pour cause, selon la fondation Myers Briggs, seulement 3% de la population serait de type Logicien, dont une minorité de femmes. Leur portrait robot ? Un rationalisme et un introvertisme qui l’emporte sur la spontanéité et les émotions, une âme curieuse en quête d’apprentissage perpétuel, de déconstruction et d’innovation… des qualités que notre société valorise principalement chez les hommes. Les femmes étant généralement plus enjointes à exprimer leurs émotions et utiliser leur empathie qu’à énoncer et décortiquer les faits de manière rigoureuse et scientifique. 

Asma a vécu ce décalage de plein fouet. Trop différente de ce qu’on attendait d’elle en tant que fille, puis femme. « Parmi mes proches, on n’a pas beaucoup de profils comme moi, observe la jeune femme, âgée de 26 ans aujourd’hui. Sauf des solitaires et des profils d’hommes. » Elle appréhendait régulièrement ses réactions comme anormales. « Quand j’ai vécu un deuil, je me sentais bizarre de ne pas être assez émotive. La situation était nouvelle pour moi et quand ça arrive, j’observe, j’analyse. » Les émotions sont venues ensuite. Typique du fonctionnement des INTP, sait-elle aujourd’hui, et rien à voir avec un bug dans la matrice. 

Pourtant, lorsqu’elle a lu pour la première fois la description de son profil MBTI, la jeune femme était sceptique. « J’ai vu ça comme un profil de génie et je ne m’y suis pas reconnue », admet-elle. En bonne logicienne, Asma a d’abord voulu démonter la machine et observer les rouages. « Avec une amie, on s’est intéressées aux fonctions cognitives. C’est là qu’on a compris comment ça marchait. » Lorsque des personnes certifiées ont confirmé son profil, elle a compris que c’était le premier jour du reste de sa vie. Sa personnalité n’était pas « bizarre », elle faisait partie d’un large éventail humain. 

Une estime de soi toute neuve

Et bizarrement, c’est en acceptant sa rationalité qu’Asma a libéré ses émotions. « Je pleure plus souvent, sans culpabiliser, s’émerveille-t-elle. Avant, je pouvais ne pas pleurer pendant des mois : c’était une réaction que je trouvais trop vive et irrationnelle. Je me demandais tout le temps : “Est-ce que mes émotions sont logiques ?” Maintenant, j’ai appris à vivre une situation et à l’analyser ensuite. » Cette spontanéité, elle la doit à une bien meilleure estime d’elle-même, elle en est sûre. « À partir du moment où je m’accepte, j’arrête d’avoir peur du jugement et du rejet. Je peux être moi-même. »

Il y a eu un effet inattendu : ses maux de tête répétés ont cessé. Lorsqu’elle parle de cette période, le mot « épuisement » revient souvent. « Je m’auto-analysais en permanence, se souvient-elle. Je pensais qu’il fallait que je fasse toujours plus d’efforts pour être ‘normale’. » Cette sensation d’avoir sa place sans avoir à ressembler à quelqu’un d’autre a eu l’effet d’une petite révolution dans son amour propre : « Je me suis rendue compte que j’avais droit de penser comme ça et que ça ne changeait rien à ma valeur en tant qu’humain. »

Se sentir enfin à sa place

Sa manière d’envisager ses relations aux autres a évolué en même temps : « Plutôt que de me cacher, je me dis que j’apporte quelque chose de différent et que c’est bien. » À commencer par sa relation avec sa mère, qui avait toujours été très conflictuelle. Lorsque celle-ci a à son tour passé le test du MBTI, elle s’est découvert un profil ESFP, soit l’Amuseur, très loin du Logicien. « L’être humain a du mal à accepter quand il ne comprend pas, analyse Asma. J’ai compris que nos visions du monde sont diamétralement opposées. » Et d’ajouter un « eureka » d’INTP : «  C’était tellement logique ! »

Ces nouvelles lunettes de compréhension qu’Asma a enfilées lui servent aussi professionnellement. Elle avait obtenu un bac S, puis entamé des études d’histoire tout en hésitant à se lancer dans la psychologie. Désormais, la jeune femme a trouvé sa voie : elle prépare les concours pour devenir enseignante, elle qui se définit comme « une enfant du pourquoi ». Sa singularité exprime toute sa force dans le soutien scolaire qu’elle donne. « J’ai des élèves qui sont en grande difficulté : parfois on les pense bêtes alors qu’ils sont mal encadrés, déplore-t-elle. Mon besoin constant de comprendre m’aide à décortiquer et leur amener les choses de manière simple. » Défaire le puzzle pour reconstruire l’image, en somme.

L’entretien touche à sa fin, et Asma s’inquiète. S’est-elle « trop éparpillée » ? Il faudrait que tout cela reste clair. Mais lorsqu’on cherche à assembler son puzzle intérieur, ça vaut toujours le coup de s’éparpiller un peu en chemin.

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