Santé

Gaëlle, 36 ans : « Avoir un amant m’a permis de ne pas être qu’une infirmière »

« Mon mari et moi, on formait un couple heureux et solide, avec une vie affective et sexuelle épanouissante, jusqu’à ce la maladie s’invite dans notre quotidien, raconte Gaëlle, un poil ému. Jean-Christophe avait tout juste 32 ans (et moi 31) quand on lui a diagnostiqué une tumeur maligne au cerveau. Une boule énorme qui lui déclenchait de violents maux de tête et même des crises d’épilepsie. Du jour au lendemain, notre vie a basculé et tous nos projets – acheter un appartement, construire une famille, découvrir l’Amérique latine… – ont été stoppés net. Pas d’autre choix quand les médecins te disent que ton conjoint va passer l’essentiel des douze mois qui suivent à l’hôpital pour se faire charcuter, puis shooter à la chimiothérapie ». Il n’empêche : cette jeune chargée de production audiovisuelle parisienne n’entend pas (du moins à l’époque) se laisser abattre. « J’étais amoureuse, glisse-t-elle. Je n’avais qu’une idée en tête : sauver mon homme et continuer ma vie avec lui ».

À force de m’occuper de mon époux comme d’un patient, je ne le voyais plus comme un amoureux

La première année de la maladie, la jeune femme joue les gardes-malades à plein-temps (en plus d’un boulot, à mi-temps, mais quand même…), sans aucune vie à côté. « Je l’aidais à se laver, à s’habiller et il m’arrivait même de l’aider à manger, se souvient-elle. Ce n’était pas comme ça que j’avais envisagé notre vie à deux (lui non plus, d’ailleurs). J’étais épuisée, K.O. Heureusement que nous n’avions pas d’enfants. Je n’aurais pas tenu le coup avec une charge mentale supplémentaire ». La vie du couple est alors mise à rude épreuve. « À force de m’occuper de mon époux comme d’un patient, je ne le voyais plus comme un amoureux, et encore moins comme un amant, explique la trentenaire. Sans compter que ses traitements lui avaient provoqué des troubles du caractère et de la libido qui n’arrangeaient rien à la situation ».

Des courses, une rencontre, un avenir

Gaëlle est à bout de force, mais elle veut rester positive quant à l’évolution de la maladie de Jean-Christophe. C’est sans compter sur sa rechute. Lorsqu’elle apprend, quelques mois seulement après la fin du premier parcours de soins, que les cellules cancéreuses ont n’ont seulement réapparu, mais se sont propagées dans d’autres organes, elle s’effondre. « Je me suis dit que j’avais fait tout ce qui était en mon possible pour mon mari, mais il fallait maintenant que je sauve ma peau, et que je rencontre quelqu’un, dit-elle. C’était juste une question de survie. Je savais que Jean-Christophe ne s’en sortirait pas. Les médecins me l’avaient clairement laisser entendre. Il allait peut-être encore vivre quelques années (dans quel état, je ne savais pas, et je ne voulais pas savoir), mais j’ai compris qu’il fallait que j’admette que ma vie, à moi, n’était pas, pour autant. J’aimais encore Jean-Christophe, mais les circonstances me poussaient à lui être infidèle ».

C’est à ce moment-là que la jeune femme fait la connaissance de Romain. « Je le croisais souvent à la supérette de notre quartier où j’avais l’habitude de faire mes courses, confie-t-elle. Je voyais bien à la façon dont il me regardait que je lui plaisais. J’ai donc pris soin de repérer ses créneaux horaires et je me suis arrangée pour me trouver là à chaque fois que je pensais qu’il allait, lui aussi, y être. Un jour, alors qu’il se tenait à deux pas de moi dans un rayon, j’ai fait mine de vouloir attraper un article placé beaucoup trop haut pour moi. Ça n’a pas loupé, il s’est précipité pour m’aider à le mettre dans mon caddie. J’ai tout fait ensuite pour qu’il comprenne que j’étais d’accord pour aller plus loin. Trente minutes plus tard, nous échangions nos numéros de portable ».

Cette relation extra-conjugale m’a permis de tenir le coup

Gaëlle et Romain se revoient deux jours plus tard, après avoir brièvement échangé par SMS. « J’ai été cash avec lui, confie la trentenaire. Je lui ai dit que je voulais juste m’envoyer en l’air (il n’était pas question pour moi de mêler les sentiments à tout ça). Je lui ai parlé de mon mari, gravement malade. Il a tout de suite compris que je ne serais pas très disponible pour lui. Comme il était marié, ça lui allait très bien ». Pendant près d’une année, Gaëlle entretient une relation adultérine avec ce cadre commercial, à l’emploi du temps très souple. « On se retrouvait à l’hôtel, une ou deux fois par semaine, confie-t-elle. C’était parfait pour moi. On n’échangeait peu. Je n’en ressentais pas le besoin. Il me permettait simplement de souffler dans ce quotidien qui devenait de plus en plus lourd. C’était tout ce que j’attendais de lui ». Gaëlle a accompagné son premier amour jusqu’au bout. « C’était essentiel pour moi, lâche-t-elle. Je ne me serais pas pardonnée de l’abandonner ». Voilà maintenant deux ans que Jean-Christophe est parti. Et presque autant de temps que Gaëlle n’a pas revu Romain. « Il était clair, dans ma tête, que notre relation n’irait pas plus loin, explique-t-elle. J’avais besoin de faire mon deuil seule, avant de songer à aller de l’avant et à refaire ma vie. Je sais que certains voudront me juger, mais je ne regrette pas ce que j’ai fait. Cette relation extra-conjugale m’a permis de tenir le coup. C’était tout ce qu’il me restait à l’époque pour me sentir encore vivante ».

Continuer la lecture

close

Recevez toute la presse marocaine.

Inscrivez-vous pour recevoir les dernières actualités dans votre boîte de réception.

Conformément à la loi 09-08 promulguée par le Dahir 1-09-15 du 18 février 2009 relative à la protection des personnes physiques à l'égard du traitement des données à caractère personnel, vous disposez d'un droit d'accès, de rectification, et d'opposition des données relatives aux informations vous concernant.

Afficher plus
Bouton retour en haut de la page