Santé

Léona (31 ans) et Audran (34 ans) : « À la mort de son père, ma conjointe n’était plus la même »

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Léona et Audran ont 31 et 34 ans. Ils sont en couple depuis cinq ans. Pour beaucoup de couples, cette période des débuts est appelée «  lune de miel » mais le jeune couple a traversé une épreuve qui a changé leur relation.

Pendant le confinement, le père de Léona décède du covid : « Léona était dévastée. C’était plus dur encore parce que son père est mort plutôt jeune et qu’on sait que la fin a été très dure. Comme on était confinés, elle n’a pas pu lui rendre visite à l’hôpital et ce qui a suivi a été très bizarre. Il n’y a pas eu de vraie cérémonie, ni d’hommage avec ses amis et leur famille étendue. C’était juste elle, sa mère, sa soeur. Ça a été quelque chose de très traumatisant pour Léona. Ça, je le comprends bien. Mais je n’ai jamais compris la façon dont elle a réagi ensuite. D’autant plus que c’était la première crise qu’on traversait en tant que couple. »

Audran a des difficultés à comprendre les sentiments de sa partenaire : « Son deuil ne semblait jamais vouloir finir. Pendant plus d’un d’an, elle pleurait n’importe quand sans pouvoir s’arrêter. Elle ne supportait plus de voir de familles à la télévision ou autour de nous. Dès qu’il était question de père, elle se liquéfiait. Elle était bloquée dans son deuil. Plusieurs fois, elle a avoué qu’elle m’en voulait d’avoir encore mon père. L’année qui a suivi le décès du sien, on n’a pas fait Noël dans ma famille parce que c’était trop dur pour elle. Pendant cette période, j’ai eu l’impression de marcher constamment sur des œufs. Quand elle ne pleurait pas, elle était en colère. Et c’est moi qui prenais tout dans la tête. »

Audran propose une thérapie de couple parce qu’il sent que leur couple est en danger : « Je me suis dit qu’il fallait qu’on le fasse à deux. Pour moi c’était logique parce qu’on traversait tout ça depuis le départ à deux. Je ne l’ai pas lâchée alors que j’aurais pu. Je voulais continuer à me battre pour nous. Au final, cette thérapie de couple lui a permis d’en commencer une toute seule pour mieux vivre son deuil. Je ne regrette rien. Je pense que c’était la bonne manière de faire pour qu’on s’en sorte ensemble. »

Le déni

Léona n’a pas conscience de son changement de comportement : « Je savais bien que j’étais malheureuse mais pour moi ça ne changeait pas grand-chose pour Audran. Je faisais tout pour pleurer dans ma chambre, je m’arrangeais pour ne pas aller là où je savais que j’allais souffrir. J’avais l’impression de faire un effort et que c’était assez gérable pour lui. Mais je n’avais pas conscience du tout de lui parler mal, par exemple. Ou de chercher à le culpabiliser parce que lui avait encore toute sa famille. Ça, je ne le voyais pas. C’est pour ça que j’ai été étonnée qu’il propose une thérapie à deux. Pour moi on traversait une période difficile mais uniquement parce que j’avais perdu mon père. Ça me paraissait normal que ce soit dur. Je ne voyais pas les mois passer. Quand Audran a pris le premier rendez-vous pour notre thérapie ensemble, ça faisait plus d’un an que je pleurais tous les jours et qu’on avait quasiment plus de vie. »

Je m’énervais toute seule et j’en voulais à tout le monde

La jeune trentenaire réalise dans le cabinet du psychothérapeute que son deuil doit finir : « Pour moi, tant que j’étais triste, mon père était encore un peu là avec nous. Je ne voulais pas tourner la page. C’était trop dur de me dire qu’il fallait que je passe à autre chose. D’ailleurs j’en ai voulu à ma mère de sortir de chez elle et à ma soeur d’avoir des projets personnels. C’était comme des trahisons, pour moi. Et c’est Audran qui prenait à la maison. Je m’énervais toute seule et j’en voulais à tout le monde, lui en premier. Parler à un psy m’a permis de sortir toute cette colère sans me faire juger. J’avais surtout besoin de ça. Je sais qu’une personne extérieure, non professionnelle, aurait pu trouver que je n’étais pas raisonnable, voire que je me comportais comme une folle. Mais le psy qu’Audran avait choisi a été très bien. Je me sentais libre de tout dire avec lui. J’ai donc vidé mon sac pendant des semaines. Ensuite ça a été le tour d’Audran et ça nous a fait beaucoup de bien à tous les deux. J’avais besoin d’entendre ce qu’il vivait. Parce que je ne le savais pas du tout. »

J’aurais pu tout détruire, à commencer par moi-même

Au bout de quelques semaines, Léona décide de suivre sa propre thérapie : « Il y avait des choses qui ne regardaient juste pas Audran. Non pas que je voulais lui faire des secrets mais ça n’avait rien à voir avec notre thérapie à deux. J’avais besoin de parler de mon père, de ma famille, de pourquoi j’avais cette colère en moi. Avec Audran, on s’est concentrés sur notre couple, sur nos projets, sur ce qu’il y avait à améliorer au quotidien. On a eu pas mal d’exercices très concrets à faire sur nous. Des listes de projets à réaliser seuls ou à deux, des listes de ce qu’on aime chez l’autre et ce qui nous énerve. J’ai aimé que ce soit aussi concret parce que ça m’a remise dans l’action. Et ça nous a permis de réaliser qu’on avait encore très envie de rester ensemble. Je ne dis pas que j’en doutais mais j’avais besoin de le voir en vrai. Je me suis sentie soutenue et quand je l’ai réalisé, on peut dire que j’ai été guérie. Mon deuil a eu besoin d’encore un peu de temps et je ne peux pas dire que j’en suis encore tout à fait sortie mais ça va beaucoup mieux aussi. Je ne pourrais jamais remercier assez Audran d’avoir voulu aussi fort que je m’en sorte. J’aurais pu tout détruire, à commencer par moi-même, sans ça. »

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