Santé

Mélissa, 44 ans : « Je passais mon temps à attendre des SMS qui n’arrivaient parfois jamais »

« J’ai définitivement rompu avec Gérald il y a trois ans, confie Mélissa, un poil amère. Notre histoire a duré en tout et pour tout huit ans. Huit années d’espoir, de sacrifices, de dépendance… et de rêves brisés. Du moins, en ce qui me concerne ». À l’époque, Mélissa et Gérald travaillent tous les deux dans le même centre hospitalier de la région parisienne. Lui, comme kinésithérapeute et, elle, en tant qu’infirmière. « À ce moment-là, je sortais d’une histoire compliquée, glisse la quadragénaire. Je savais pertinemment que cet homme avait dix ans de plus que moi et, surtout, qu’il était marié (il portait une alliance à l’annulaire), mais je le trouvais gentil et attentionné et, ça s’est fait naturellement, je me suis très vite confiée à lui. Il savait toujours trouver les mots justes pour me réconforter et arrivait même souvent à me faire rire. Son côté paternant me faisait un bien fou ».

Quand on se retrouvait chez moi, le soir, notre désir n’en était que décuplé

Au fil des semaines, les conversations de ces deux professionnels de santé prennent pourtant un tour plus intime. « Il m’a clairement fait comprendre que son couple battait de l’aile, se souvient la quadragénaire. Aussi, lorsque, un soir, il m’a proposé d’aller boire un verre, à deux pas de l’hôpital, j’ai accepté ». Le petit rosé au bar est suivi d’un autre, chez elle. À la fin de la soirée, Mélissa tombe dans les bras de Gérald. « Je n’avais rien calculé, se justifie la jeune femme. Mais je ne ressentais aucune culpabilité à passer un bon moment avec lui, puisque j’étais persuadée que son mariage était foutu. Et puis il me plaisait ». Les débuts de l’idylle sont euphoriques. « La transgression a toujours quelque chose de terriblement excitant, lâche l’infirmière. Gérald et moi, on se croisait régulièrement dans la journée et, à chaque fois, on mourrait d’envie de se toucher, de s’embrasser, mais on était obligés de se retenir, car il ne fallait surtout pas que ça se voie, que ça se sache. On échafaudait même parfois des plans pour se voir ou se parler en cachette. Quand on se retrouvait chez moi, le soir, notre désir n’en était que décuplé ».

Une double vie pas facile

Cette exaltation dure environ six mois. « Mon esprit était en permanence troublé par lui, confirme Mélissa. J’avais l’impression d’être celle qui allait l’aider à surmonter tous les blocages qui l’empêchaient d’être heureux, celle qui allait grosso modo le sauver ». Mais l’amour finit par s’en mêler et tout devient alors plus compliqué. « J’étais constamment droguée à sa présence, confie la jeune femme. Je passais mon temps à attendre ses SMS, qui n’arrivaient pas toujours. Et quand je savais qu’il allait venir me voir, je guettais, l’oreille contre ma porte, le bruit de l’ascenseur et les pas dans le couloir, en espérant que ce soit lui. Les moments passés ensemble étaient toujours magiques, mais il lui arrivait aussi souvent d’annuler à la dernière minute, en raison d’un « empêchement familial ». Comme je détestais ces deux mots ! ».

Il n’a rien fait pour que les choses bougent et que je devienne sa femme officielle

Arrêter ? Mélissa a bien essayé. À plusieurs reprises. « À chaque fois que je l’ai quitté, j’ai cru mourir, dit-elle. Je n’arrivais même plus à sortir de mon lit. Je l’avais trop dans la peau. Il suffisait alors que je voie son nom s’afficher sur mon écran de smartphone pour que j’oublie toutes mes résolutions… et pour que je replonge aussi sec ». Gérald n’a jamais rien promis à Mélissa (il ne voulait pas briser le cœur de ses deux garçons, répétait-il en boucle dès le début), même s’il lui arrivait parfois d’imaginer la vie, et les enfants, qu’ils auraient pu avoir tous les deux. « Il n’a rien fait pour que les choses bougent et que je devienne sa femme officielle, concède la quadra. Il m’aimait, mais il n’était pas assez courageux pour sauter le pas. Je pense que cette double vie lui convenait finalement assez bien. Quant à moi, j’avais évidemment de grands moments de doute, mais en mon for intérieur, j’ai toujours cru qu’il quitterait un jour sa femme et qu’on allait vivre notre histoire au grand jour ».

Il m’imposait ses règles et, moi je m’adaptais toujours

Durant de longues années, Mélissa reste pourtant la femme de l’ombre. « Je n’ai passé aucun dimanche, aucun week-end, aucun Noël avec lui, détaille-t-elle. Dans mon entourage, personne, hormis ma meilleure amie, n’était au courant de son existence. C’était un secret absolu. Je crois que c’est ce qui était le plus dur pour moi : ne jamais parler de lui. Faire comme s’il n’existait pas. Aux réunions de famille, j’étais toujours la vieille fille seule. Je ne pouvais pas non plus l’appeler le soir, si j’avais un coup de cafard. Il me l’avait formellement interdit. En fin de compte, il m’imposait ses règles et, moi je m’adaptais toujours. Ça me rendait intérieurement dingue, et pourtant je n’arrivais pas à lui dire définitivement stop. Pire, je pensais constamment à lui. Je voulais toujours savoir où il était, ce qu’il faisait et s’il ne me mentait pas. J’espionnais son compte Facebook, et celui de sa femme au passage. Il m’est même arrivé plusieurs fois de prendre ma voiture et de le pister après sa journée de travail. Du gros n’importe quoi ».

Le déclic, Mélissa l’a eu, après s’être fait aider. « J’ai enfin compris que cette relation me tirait dangereusement vers le bas et que ce que j’attendais n’arriverait jamais, dit-elle. J’étais perpétuellement tendue vers lui. Il fallait que je revienne à moi, sous peine de me perdre ». La rupture a été douloureuse. Mélissa a immédiatement bloqué le numéro de son ex-amant. Elle a même changé de boulot et de quartier, pour ne plus avoir à le croiser. Et, surtout, elle s’est interdit de flancher et de reprendre contact. La quadragénaire a beau encore avoir les larmes au bord du cœur quand elle évoque cette histoire, elle se félicite d’avoir eu le courage d’y mettre fin. « Je ne sais pas ce que je serais devenue si j’avais continué, dit-elle. Avec le recul, je m’en veux de m’être empêchée de vivre pour cette relation. Je n’aurai jamais d’enfants, mais je commence doucement à me dire que je pourrais, un jour, rencontrer un homme qui me fera vraiment du bien ».

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